• J’ai revu récemment  « Le capitaine de Köpenick », film allemand sorti en 1956.
    Il raconte un épisode cocasse. Wilhelm Voigt (1849-1922), un apprenti cordonnier, quitte à dix-sept ans sa province natale pour Berlin où il survit difficilement. Il commet divers larcins qui le conduisent pour trente ans en prison. Il en sort à l’âge de cinquante-six ans. Il achète aussitôt un uniforme de capitaine de l’armée prussienne à un fripier. Le 16 octobre 1906, au détour d’une rue, il se heurte à une section dont il prend autoritairement le commandement. A la tête de ce détachement, il investit la mairie de Köpenick (un faubourg au sud-est de Berlin), dont il saisit les caisses et arrête le bourgmestre. Puis il disparaît dans la nature, mais il est rattrapé et condamné à un an de prison. Il devient alors une figure très populaire et se produit en spectacle dans un uniforme de capitaine. Après avoir amassé un joli magot, il se retire au Luxembourg où il finit ses jours.

    Au-delà de cette anecdote, amusante, on voit en filigrane ce qu’était la société prussienne du IIe Reich. En Prusse l’armée possédait des privilèges considérables car l’empereur lui-même la considérait comme la base de sa puissance souveraine. L’Offiziers Korps était une sorte de caste qui se recrutait par cooptation. La société était imbibée des valeurs militaires et vénérait le militarisme. Le film de Helmut Käutner, après le dramaturge Gerhart Hauptmann, dénonce l’esprit d’obéissance et le sens de l’ordre qui imbibait la société berlinoise de l'époque, rigide et formaliste.


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  • A propos de l'Hermione.

    l'Hermione à Bordeaux.

     À propos de l’Hermione.

     

    Dans la mythologie grecque Hermione est la fille de Ménélas (roi de Sparte) et d’Hélène. Elle épousa d’abord Néoptolème. Oreste tua son mari, sans doute à Delphes, et l’épousa ensuite.

     

    La frégate royale l’Hermione fut construite à Rochefort en six mois selon les plans de l’ingénieur Jean-Denis Chevillard. Elle fut prête pour sa revue d’inspection le 19 avril 1779. Elle fut mise à l’eau le 28 avril et mènera la campagne américaine jusqu’en octobre 1781, avec sa victoire contre les Anglais à Yorktown. En 1782, elle repartit pour l’Inde. Elle finit par s’échouer sur des rochers au large du Croisic en 1793.

     

    En 1993 l’association Hermione-La Fayette est créée par diverses personnalités en vue de faire revivre la double forme de radoub de Rochefort et de construire, suivant les techniques du XVIIIe siècle, une frégate identique à l’Hermione de la Marine royale de Louis XVI. 

    La première contrainte est de retrouver les plans de L’Hermione. C’est un échec et ce sont donc ceux d’une autre frégate, La Concorde, conservés au musée maritime de Greenwich qui vont permettre de les élaborer. C’est Bernard Moreau qui travaille alors sur ces archives. L’association décide qu’il n’y aura aucun emprunt et que le projet sera financé par les visites du chantier, les adhésions, la vente de produits, les subventions et le partenariat d’entreprises. Pour la construction de la frégate, il faut trouver du bois tors, utilisé pour les pièces courbes. Ce dernier provient des forêts du Poitou-Charentes et de Versailles. Les canons, fabriqués à la fonderie de l’Isle-d’Espagnac près d’Angoulême, sont soumis à des normes afin que l’Hermione ne soit pas considérée comme un navire de guerre. Le moteur à propulsion est de rigueur pour être autorisé à naviguer. Des techniques modernes doivent être choisies, le GPS et les radars sont également nécessaires. Par ailleurs, le tissu utilisé pour les voiles n’est pas celui du XVIIIe siècle. Il est synthétique car le lin et le coton se déforment aisément et peuvent moisir. En revanche, comme au XVIIIe siècle, le gréement est en chanvre. Les cordages sont fabriqués à la Corderie royale de Rochefort. On utilise principalement le chêne et le pin d’Oregon pour la mâture, car plus solide.

    Le 20août 1997 : pose de l’arcasse et de l’étambot.

    En 1998 : construction de la coque.
    Novembre 2003 : pose du tableau arrière.
    En 2006 le projet est soutenu par les Etats-Unis d’Amérique.

    Novembre 2009 : début de la mise en peinture.

    En 2011 j’ai pu voir moi-même, lors d’une visite du chantier, la dorure (réalisée à la feuille d’or) des armes de France sur le tableau arrière,  réalisée par Bénédicte Rousselot.

    Le 6 juillet 2012 : mise à l’eau. L’Hermione rejoint la forme Napoléon III.

    En 2013 : pose du grand mât et du mât d’artimon.

    Les 18 voiles nécessaires ont été réalisées sous la houlette d’Anne Renault.
    Enfin, en novembre 2014 : essais en mer.

    Le 18 avril 2015 l’Hermione a largué les amarres pour son premier voyage vers l’Amérique, après avoir rendu visite à Bordeaux, Brest, et La Rochelle.

    Aujourd’hui l’Hermione est un « fameux trois-mâts » accosté au port de New York pour l’Independence Day 2015.

    Elle va parader autour de la Statue de la liberté.


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  • Portrait de La Touche-Tréville, par Georges Rouget, 1792.

    La Touche-Tréville

    Louis-René Levassor, comte de Latouche-Tréville.

    Il est né à Rochefort le 3 juin 1745 dans une famille de marins.

    Garde de la marine en février 1758, il combattit aux Cardinaux le 20 novembre 1759 sur le Dragon commandé par son oncle. Sur le Tonnant en Méditerranée en 1762, puis il fit campagne aux Antilles sur La Garonne et le Hardi (1763-1765). Enseigne de vaisseau en 1768, il quitta la marine pour servir dans les mousquetaires. Capitaine de cavalerie en 1769, aide de camp des gouverneurs d’Ennery à Saint-Domingue et Vallière à la Martinique en 1770-1771. Il réintégra la marine comme capitaine de brûlot en 1772 et effectua en 1776 une mission auprès des Insurgents américains sur le Courtier. Lieutenant de vaisseau en mai 1777, aide-major à Rochefort, il escorta des convois côtiers avec le Rossignol et captura cinq bâtiments anglais. Capitaine de vaisseau en 1780, il reçut le commandement de la frégate Hermione avec laquelle il effectua dans les eaux américaines une brillante campagne, illustrée par plusieurs combats heureux contre la frégate anglaise Isis le 7 juin, puis contre une division anglaise au large de Terre-Neuve le 21 juillet 1781, avec le concours de l’Astrée commandée par Lapérouse.

    Le 20 mars 1780, l’Hermione, sous le commandement de Latouche-Tréville, quitte Rochefort avec à son bord 330 âmes. Elle accueille un passager particulier, messager du roi, qui doit annoncer aux Américains l’arrivée prochaine du général Rochambeau en renfort : c’est le marquis de La Fayette !

    L’année 1782, Latouche-Tréville commanda une division comprenant l’Aigle et la Gloire, avec laquelle il transporta des officiers et des fonds aux Etats-Unis. Le 5 septembre 1782, il livra un violent combat au vaisseau anglais Hector qui coula quelques jours plus tard. Attaqué par une escadre anglaise très supérieure, il fut capturé le 12 septembre au large de la Delaware.

    Libéré, nommé en avril 1783 directeur du port de Rochefort, il fut chargé de dresser une carte de l’île d’Oléron (elle est insérée au premier volume de l’Hydrographie française). Il fut appelé à Versailles en décembre 1784 pour y devenir adjoint de Fleurieu à la direction des ports et arsenaux.

    Inspecteur général des canonniers en juillet 1786. Commandant le Languedoc en Méditerranée en 1792, il fit une démonstration devant Naples. Promu contre-amiral en janvier 1793, sa carrière de marin se poursuivit pendant toute la Première République. Vice-amiral en décembre 1803, il reçut alors le commandement en chef de l’Escadre de Méditerranée. Il mourut à Toulon, à bord du Bucentaure, le 19 août 1804. Sa disparition priva la marine impériale d’un de ses chefs les plus intelligents et les plus actifs.

    Son nom est inscrit sur l’Arc-de-Triomphe à Paris.

     

    Bibliographie :

    Biographie universelle ancienne et moderne, sous la direction de Louis-Gabriel Michaud,
    (1773-1858) ; article TOUCHE-TREVILLE, Tome 42 page 10 colonne 2 à page 12 colonne 1.


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  • URBAIN II, le pape qui prêcha la Croisade.

     

    Il naquit vers 1035 à Châtillon-sur-Marne, de son vrai nom Eudes de Châtillon (parfois appelé Odon de Lagery), et appartenait à une famille de la noblesse de Champagne.

    Il fut, à Reims, l’élève de saint Bruno, le fondateur des chartreux. Devenu chanoine puis archidiacre d’Auxerre, il se fit moine et entra, entre 1067  et 1070, à l’abbaye de Cluny.

    Il y devint grand prieur entre 1074 et 1079.

    Appelé à Rome par le pape Grégoire VII, il fut fait, entre 1079 et 1082, cardinal-évêque d’Ostie. Envoyé comme légat en France et en Allemagne, il réunit en 1085 le synode de Quedlinburg, où il fit condamner l’antipape Clément III (Guibert de Ravenne), qui servait la cause de l’empereur Henri IV. Élu pape à Terracine le 12 mars 1088 comme successeur de Victor III, il continua la politique de Grégoire VII. Empêché d’entrer à Rome, qui était aux mains de Clément III et du parti impérial, il travailla cependant sans attendre à la réforme de l’Église et, au concile de Melfi en  1089, fit condamner de nouveau la simonie, le mariage des prêtres et les investitures laïques. Il interdit même aux ecclésiastiques de prêter hommage de vassalité au suzerain laïque. Soutenu par la comtesse Mathilde de Toscane, qu'il maria au jeune Guelfe de Bavière, il bénéficia aussi de la trahison du fils d’Henri IV, Conrad, qu’il couronna roi d’Italie. Il put ainsi affaiblir la puissance impériale en Italie et rentra enfin à Rome en 1093. Après avoir tenu un nouveau synode réformateur à Plaisance en 1095, il se rendit en France et présida le concile de Clermont en novembre 1095, où fut prêchée la première croisade. Il passa par Toulouse en 1096 où il consacra, le 24 mai, la nouvelle église Saint-Sernin. Rentré en Italie, il tint encore le synode de Bari (1098), où fut recherchée sans résultat l’union des Églises grecque et latine.

    Fidèle à son origine noble et champenoise, Urbain imposa à la chrétienté la trêve de Dieu, aux conciles de Melfi en 1089, de Troia en 1093, et enfin de Clermont.

    Urbain II mourut à Rome le 29 juillet 1099, sans avoir pu apprendre la nouvelle de la prise de Jérusalem par les croisés.

    En une dizaine d’années Urbain II était devenu le personnage essentiel de la Chrétienté.

    L’appel de Clermont.

    C’est la fameuse journée du 27 novembre 1095 où, au cours du concile tenu à Clermont en Auvergne, parlant devant une assemblée immense, mêlée de clercs et de laïcs, il convia les « hommes de Dieu » à prendre la croix et à se diriger en foule vers la Terre sainte pour délivrer le Saint Sépulcre. Des milliers de volontaires vont répondre sans délai à l’appel de Clermont.

     


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  • Nafissa Sid Cara.

    Pourquoi un article ?
    Cette dame fut la première femme musulmane membre d’un gouvernement français.
    Née le 18 avril 1910 à Saint-Arnaud, aujourd’hui El Eulma, près de Sétif.
    Fille d’instituteur, elle fut elle-même professeur de lettres à l’école d’apprentissage des jeunes musulmans à Alger.
    Elle entre en politique dans le sillage de son frère, Chérif Sid Cara (1902-1999), docteur en médecine, sénateur puis député d’Oran entre 1946 et 1956, qui fut secrétaire d’Etat à l’Algérie dans les gouvernements de Maurice Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard, et qui coprésida le Comité de salut public en mai 1958. Nafissa Sid Cara est élue députée d’Alger-campagne le 30 novembre 1958.
    Son mandat parlementaire est de courte durée car elle est nommée secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, Michel Debré, le 8 janvier 1959.
    Elle conserve cette fonction jusqu’au 14 avril 1962.
    Nafissa est la seule femme du ministère et la seule représentante des députés algériens. C’est dans cette double intention que le Premier ministre l’a nommée, comme il l’explique dans ses Mémoires.
    Elle est consultée à plusieurs reprises par le Président de la République, Charles de Gaulle. Elle entretient cependant peu de liens directs avec le chef de l’Etat, qui ne la mentionne qu’une fois dans ses Mémoires, simple nom dans la liste des membres du gouvernement Debré. L’intervention de la secrétaire d’Etat lors du Conseil des ministres du 21 février 1962, où sont présentés les accords d’Evian, fut néanmoins remarquée par le Général. Alors qu’elle s’émeut de l’abandon des musulmans qui ont pris parti pour la France, le président lui répond aussitôt : «  Croyez-vous vraiment, mademoiselle, que, sauf exceptions, dont nous avons le devoir de nous occuper aujourd’hui, dont nous devons nous préoccuper demain, la grande majorité des musulmans ne soit pas favorable à l’indépendance, qu’elle ne leur apparaisse pas comme la solution inévitable ? »
    La carrière politique de Nafissa Sid Cara s’achève avec la démission du gouvernement Debré. Elle est ensuite inspecteur général des Affaires sociales jusqu’en 1975. En 1979, elle est membre de la commission nationale chargée de l’étude des problèmes des Français musulmans.
    Elle est titulaire de l’Ordre national du Mérite, officier de la Légion d’Honneur le 30 novembre 1994, commandeur le 2 janvier 2001.
    Elle est décédée le mardi 1er janvier 2002 à Paris.
    Pendant toute la période gaulliste il n’y eut que deux femmes secrétaires d’Etat, la seconde fut Marie-Madeleine Dienesch, de mai 1968 à mai 1974.


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