• Alors, à propos des femmes, en voici quelques unes.

     

    Herchenfreda.

    Mère de Didier de Cahors. Le biographe de Didier a eu la bonne idée de nous transmettre trois lettres de cette mère à son fils « monté » à la cour de Clotaire II.

    Bien qu’elle porte un nom germanique, cette femme est d’origine gallo-romaine. Elle conseille l’adolescent sur sa conduite envers le roi, les femmes, sur sa vie morale et religieuse et même lui promet un envoi si il lui manque quelque chose au palais. Ce sont les seules lettres maternelles que nous possédons pour cette époque (début du VIIe siècle).

     

    Khadîdja. Morte à La Mecque en 619.

    Première femme de Mahomet. Deux fois veuve, riche directrice d’une maison de commerce, elle prit à son service le jeune Mahomet, qui conduisit pour elle des caravanes vers la Syrie, et elle finit par l’épouser. A leur mariage, il avait environ vingt-cinq ans et elle avait environ quarante ans. Elle ne cessa jamais de le soutenir fidèlement de sa tendresse, et aussi de sa fortune, au cours de ses premières luttes. Ils eurent deux fils et quatre filles. Un seul de ces enfants survécut, Fâtima.

    Fâtima fut la seule qui devait laisser une descendance au Prophète.

    Après la mort de Khadîdja Mahomet inaugura une véritable politique matrimoniale en n’épousant pas moins de neuf femmes.

     

    Dhuoda.

    Cette aristocrate, morte après 843, n’est connue que par le Manuel qu’elle a laissé pour son fils. Mariée le 29 juin 824 à Bernard de Septimanie, elle eut deux garçons, Guillaume et Bernard. Installée à Uzès, elle écrivit entre le 30 novembre 841 et le 2 février 843 un manuel d’éducation pour Guillaume qui venait d’être admis à la cour du roi Charles le Chauve. Elle rappelle à son fils ses devoirs envers Dieu, le roi, son père, les Grands et lui-même. Dhuoda est nourrie de la Bible, des Pères de l’Eglise, même des ouvrages classiques ; son livre a un aspect autobiographique, ce qui est original à l’époque.

     

    J’aurais pu vous parler aussi de la reine Brunehaut… la première "reine de France".


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  • Mehun-sur-Yèvre.


    Mehun est situé à 15 kilomètres au nord-ouest de Bourges.
    Connu dans les textes depuis le premier quart du IXe siècle, le château de Mehun est un site majeur pour la castellologie française.
    Le premier château fortifié, de bois et de pierre, a été une fondation d’un archevêque de Bourges, et confié à la garde d’une famille qui en prit le nom. La première famille de Mehun est attestée depuis le tout début du XIe siècle. En effet une charte du vicomte de Bourges Geoffroy, en 1012, cite Tedon de Mehun (Tedonem Magdunensem).
     Béatrix, la dernière héritière fille d’Etienne de Mehun, épousa Geoffroy Ier de Vierzon (990 – 1044). Leur fils Humbaud de Vierzon est la souche de la deuxième famille de Mehun. Du XIe siècle au début du XIIIe les seigneurs de Mehun prêtaient l’hommage féodal à l’archevêque de Bourges et devaient porter l’anneau de l’archevêque lors de l’entrée solennelle du prélat dans sa ville. En 1060 Gimon de Mehun est cité dans un acte de donation, avec son fils Raoul.

    Leur descendante, Mahaut de Mehun-sur-Yèvre (Mahaut était la fille de Philippe de Mehun), épousa en 1216 Robert de Courtenay, un prince capétien. La châtellenie passe à leur fils Philippe de Courtenay, seigneur de Mehun et Selles. La maison de Courtenay est issue de l'un des fils du roi Louis VI le Gros (1108-1137).
    Ce sont probablement les membres de cette grande famille, très impliqués dans les affaires d'Orient, qui reconstruisent la forteresse en suivant les standards philippiens. La place échoit par un nouveau mariage à Robert II d'Artois (mort en 1302) et reste à ses héritiers jusqu'au bannissement et à la confiscation des biens de son petit-fils, Robert III d'Artois, en 1332.
    Mehun est alors donné au roi de Bohême Jean de Luxembourg, ami du roi Philippe VI de Valois (1328-1350). Jean trouvera la mort au désastre de Crécy en 1346. L'union de sa fille Bonne de Luxembourg avec le futur roi Jean II le Bon en 1332, fait cependant très vite rentrer le château et les terres qui y sont rattachées dans le domaine royal. Rarement place forte aura autant changé de mains par mariage et si peu par faits d'armes.
    En 1360, Jean le Bon donne le Berry en apanage à son fils Jean. Passionné d'art et de culture, mécène patenté mais prodigue invétéré, le nouveau duc de Berry va s'employer à transformer le vieux château de Mehun en un véritable palais à compter de 1367, dans le goût et l'esprit de la fin du XIVe siècle. Il suit en cela l'exemple donné par ses frères aînés, le roi Charles V au Louvre et le duc Louis d'Anjou à Saumur. Il est intéressant de constater que ces trois chantiers reprennent les structures préexistantes de châteaux purement philippiens. A propos de Mehun, le chroniqueur Jean Froissart déclarait sans ambages qu'il s'agissait de " l'une des plus belles demeures du monde. " Froissart visita en effet le lieu en 1387 et fit remarquer que le duc y fait « œuvrer tous les jours » et trouve la construction « un moult bel chastel ». On y travaillait en effet depuis dix-sept ans car Mehun avait été commencé en 1370 par le maître d’œuvre Guy de Dammartin (ou Daumartin). Par la grâce de ses tourelles légères Mehun annonçait déjà les châteaux de la Loire.
    Cette résidence fastueuse est représentée dans les Très riches heures du duc de Berry.
    A la mort de Jean de Berry en 1416, le palais revient derechef à la couronne. Il devient alors l'une des résidences préférées de Charles VII.  Le « roi de Bourges » y séjourne souvent. C’est là que, le 30 octobre 1422, il apprend la mort de son père et qu’il est proclamé roi de France. Les états de Languedoc s’y réunissent en novembre 1425. Jeanne d’Arc y réside avec le roi à la fin du mois de septembre 1429, après la dissolution de l’armée du sacre, et de nouveau en décembre, après l’échec contre La Charité. C’est de Mehun, en décembre, que l’anoblissement de la famille de Jeanne est daté.  Le roi Charles VII, malade, y passe les trois derniers mois de sa vie et y meurt le 22 juillet 1461.
    La suite est l'histoire d'une longue et triste agonie. Incendié en 1550, endommagé par les Guerres de Religions et démantelé au XVIIe siècle, il reçoit le coup de grâce à la Révolution. Du joyau de Jean de Berry ne restent plus aujourd'hui que le grand donjon cylindrique, où un musée Charles VII a été aménagé, une tour éventrée et le plan au sol.


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  • Un roi mal connu de l’Histoire de France : Raoul de Bourgogne.
    Dans la suite des « rois de France occidentale » on égrène les dynasties mérovingienne (jusqu’en 751), carolingienne (jusqu’à Louis V mort en 987) et, enfin, capétienne.
    Mais sont venus s’insérer, durant l’ère carolingienne, deux membres d’une dynastie appelée les Robertides ou Robertiens, ancêtres d’Hugues Capet. Il y eut d’abord Eudes, sacré roi à Sens le 29 février 888, mais qui dut reconnaître le Carolingien Charles le Simple (mort à Péronne le 7 octobre 929) comme son successeur. Eudes mourut le 1er janvier 898.
    Puis il y eut Robert Ier, frère d’Eudes, qui se fit sacrer roi à Reims le 29 juin 922. Il fut tué un an plus tard en livrant bataille à Charles le Simple près de Soissons le 15 juin 923, dont la défaite fut assurée par le fils de Robert, Hugues le Grand. Hugues le Grand n’avait pas de frère  et il ne formula aucune prétention au titre royal, se contentant des titres de duc de France et comte de Paris. Il mourut en juin 956.
    Et c’est le 13 juillet 923 que l’on voit Raoul être sacré roi de France occidentale. Il sera le seul roi de France de l’illustre famille des « Bosonides ».


    RAOUL (ou Rodolphe) de Bourgogne.
    Mort à Auxerre le 14 janvier 936, roi de France de 923 à 936.
    La date de sa naissance est inconnue, entre 888 et 891. Sans doute était-il venu au monde quand son père Richard n’était que comte d’Autun.
    Fils de Richard le Justicier, duc de Bourgogne, et d’Adélaïde, fille du Welf Conrad II, roi de Bourgogne transjurane. Il était le gendre de Robert Ier, duc de France, qui avait été reconnu roi après la déposition de Charles le Simple.
    En effet Raoul avait épousé en 914 Emma, fille de Robert Ier et sœur d’Hugues le Grand.
    Il succéda à son père comme duc de Bourgogne en septembre 921.
    Elu et sacré roi dans l'abbaye Saint-Médard de Soissons par les « grands », menés par Hugues le Grand, le 13 juillet 923, à la mort de Robert, il eut longtemps à combattre ces grands vassaux, en particulier Herbert de Vermandois, son beau-frère, puis repoussa les incursions hongroises (926/927) et normandes (930).
    Raoul est par son oncle Boson allié indirectement à la famille carolingienne tout en défendant les intérêts de ses domaines bourguignons, il ne peut que poursuivre la politique de son prédécesseur. Mais être roi de France et en même temps marquis de Bourgogne, restaurer l’autorité monarchique et parallèlement jouer son rôle de prince bourguignon, risquent de mettre le roi bien souvent en contradiction avec lui-même. Pourtant, ce prince courageux, énergique qui, plus d’une fois, paya de sa personne, n’hésita pas à agir sur tous les fronts : il devait lutter contre Herbert de Vermandois, repousser les Normands et les Hongrois, se faire reconnaître par les princes méridionaux.
    Il serait fastidieux de raconter tous les épisodes de la lutte entre Raoul et Herbert de Vermandois (descendant en ligne directe par les mâles de Charlemagne), mais il faut indiquer les principales étapes du conflit.
    Herbert cherche par tous les moyens à agrandir sa principauté et veut mettre la main sur les deux bastions royaux que sont Reims et Laon. En 925, il profite de la mort de Séulf, l’archevêque de Reims, pour faire élire à sa place son fils Hugues âgé de cinq ans ! 
    Trois ans après, il s’empare de Laon défendu énergiquement par La reine Emma. Mais Raoul contre-attaque en se faisant aider du jeune duc Hugues, le fils de l’ancien roi Robert, qui ne peut accepter la politique ambitieuse d’Herbert et laisse le roi diriger les comtés entre Loire et Seine. En 931, Raoul reprend Reims, installe le moine Artaud  comme archevêque et sur sa lancée s’empare de Laon et de l’abbaye de Saint-Médard de Soissons. Grâce à l’arbitrage d’Henri Ier de Germanie, Raoul se réconcilie en 935 avec Herbert et lui reconnaît une grande partie de ses possessions. Si le roi n’a pu détruire la principauté de Vermandois, il a du moins sauvé les deux places les plus importantes de la France du Nord, Reims et Laon.
    Raoul lutta aussi énergiquement contre les Normands : Rogmwald fut battu en 925. Quant aux Normands de la Seine, battus eux aussi, ils acceptèrent de cesser leurs pillages contre le versement d’un tribut.
    Les princes méridionaux, fidèles aux Carolingiens, reconnaissent peu à peu le nouveau roi. Guillaume II le Jeune, héritier de son oncle Guillaume le Pieux, fait hommage dès 924.
    En 932, Raymond Pons comte de Toulouse et le prince gascon Loup Aznar se rallient au roi Raoul. Seuls les comtes catalans refusent de le reconnaître et continuent à dater leurs actes du règne de Charles le Simple.
    Fort des ralliements des principaux princes méridionaux, Raoul peut se faire appeler dans quelques-uns de ses diplômes Rex Francorum Aquitanorum et Burgondionum.
    Dans son « royaume » de Bourgogne, Raoul dispose de biens patrimoniaux importants et réussit avec plus ou moins de bonheur à neutraliser les petits seigneurs locaux. En 924, il tint plusieurs assemblées à Autun, Chalon et finit par soumettre le turbulent Gilbert de Dijon, le plus puissant des féodaux. En 928, Raoul se rend à trois reprises à Vienne et reçoit l’hommage de son cousin Charles-Constantin. Ainsi le Viennois, le Lyonnais, le Vivarais entraient dans la mouvance du roi Raoul.
    Du côté de la Lotharingie, Raoul eut moins de succès en raison de la politique d’Henri Ier, roi de Germanie.
    En 935, lors d’une entrevue entre Henri et Raoul, le comte Boson se soumit au roi de Germanie. La Lorraine échappait une nouvelle fois au roi de France occidentale.
    Un an après, en 936, mouraient et le roi de France et le roi de Germanie.
    Cette année 936 voit la restauration des rois carolingiens et l’avènement d’Otton Ier, celui qui apparut comme un « nouveau Charlemagne ». Pendant un demi-siècle, les Carolingiens vont tenir la royauté en France tandis que Otton, après avoir annexé l’Italie, rétablit l’empire en 962.
    Le roi Raoul est mort sans héritier direct. Son frère Hugues le Noir ne revendique pas la succession et se contente de gouverner sa « principauté » de Bourgogne. Une de ses sœurs, Willa, a épousé vers 926 Hugues, comte de Vienne en 936.
    Le Robertien Hugues le Grand, beau-frère du roi défunt, fait accepter par les princes le principe de la restauration carolingienne : Louis IV d’Outre-mer, fils de Charles III le Simple, devient roi de France.
    Le fils de Hugues le Grand deviendra le premier roi capétien en 987.

    Raoul avait hérité de son père le récent duché de Bourgogne. A l’intérieur de celui-ci, il était titulaire des comtés d’Autun, de Sens, d’Auxerre, de Mâcon, de Chalon, de Tonnerre, de Langres, de Nevers et d’Avallon.
    Au surplus abbé laïc de Saint-Germain d’Auxerre et de Sainte-Colombe de Sens. Un très grand seigneur donc, presque l’égal d’Hugues le Grand. Lui aussi était apparenté aux Carolingiens. Une sœur de son père, Richilde, avait été l’épouse de Charles le Chauve, ce qui faisait de lui le cousin de Charles le Simple. Un frère de son père, Boson, roi de Provence, avait épousé naguère Ermengarde, fille de l’empereur Louis II ; ce qui faisait de Raoul le cousin germain de l’empereur contemporain Louis III l’Aveugle, roi de Provence.

    Raoul fut inhumé, selon son désir, dans l’abbatiale Sainte-Colombe de Sens, auprès de son père.

    Richard le Justicier, père de Raoul de Bourgogne.
    Fils de Bivin, abbé laïc de Gorze près de Metz, et de Richilde, sœur de Teutberge, épouse du roi Lothaire de Lotharingie. Comte d’Autun vers 880, premier duc de Bourgogne en 888.
    Richard « le Justicier », comte d’Autun, rencontra les Normands qui dévastaient la Bourgogne en 892. Il les arrêta et les écrasa à Argenteuil-sur-Armançon, près d’Ancy-le-Franc. Il recueillit à la même époque les comtés de Sens, d’Auxerre et de Nevers.
    Il fut élu par ses pairs duc de Bourgogne, titre qui apparaît pour la première fois. A quelle date ? Des historiens disent en 898, d’autres en 888. Peut-être fut-il d’abord marquis, car cette province était située à la frontière de l’autre Bourgogne, la transjurane.
    Richard était un frère du roi Boson de Provence, l’un et l’autre frères de la reine Richilde, épouse de Charles le Chauve.
    Par sa femme Adélaïde épousée vers 888, fille de Conrad, duc de Bourgogne transjurane, Richard entrait dans la dynastie des Welf. Il devenait neveu d’Ermengarde, épouse de l’empereur Lothaire, d’Emma, femme de Louis le Germanique, d’Hugues l’Abbé, cousin des empereurs Louis II et Charles le Gros.
    Quand il mourut, il est inhumé le 1er septembre 921, le roi Charles le Simple lui reconnut pour successeur, avec le même titre de duc, son fils aîné Raoul. Il créait ainsi une dynastie.
    Outre Raoul, Richard était le père d’Hugues le Noir, son successeur à la tête du duché, et de Boson, comte d’Arles et d’Avignon.


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  • Thibaud le Grand.

    Thibaud IV de Blois-Chartres, Thibaud II de Troyes-Meaux.
    Né en 1093, mort à Lagny en 1152. Fils aîné d’Etienne-Henry, comte de Blois et de Meaux, et de la fille de Guillaume le Conquérant, Adèle, il aurait pu, à plus juste titre que son cadet Etienne, revendiquer le trône d’Angleterre à la mort de son oncle Henri Ier Beauclerc. Il se contente de reconstituer la puissance de la maison de Blois-Champagne en rassemblant, sous le vocable Thibaud IV, les comtés de Blois et de Chartres hérités de son père (1102), et, sous le vocable Thibaud II, ceux de Troyes et de Meaux (qui commencent à être désignés comme « comté de Champagne ») que lui lègue en 1125 son oncle Hugues.


    Le patrimoine se divise à nouveau à sa mort : de son épouse Mathilde de Carinthie, il a trois fils, Henri le Libéral comte de Champagne, Thibaud V comte de Blois, et Guillaume aux Blanches Mains qui sera archevêque de Reims. Sa fille Adèle épouse Louis VII, le 13 novembre 1160, et sera la mère de Philippe Auguste.


    Thibaud le Grand a joué un rôle important dans plusieurs domaines. C’est sous son règne, et en grande partie grâce à son initiative, que les foires de Champagne ont pris leur essor et leur forme durable ; il a développé le « conduit », garantie de sécurité accordée aux marchands, en intervenant même contre les brigandages dont ils étaient victimes hors de ses terres.
    Thibaud est aussi responsable de la qualité du denier de Provins, monnaie dominante en Occident dans la seconde moitié du siècle ; c’est un autre élément décisif dans l’essor du commerce champenois. Le rassemblement entre les mains du comte d’une vaste principauté a sans doute été un facteur décisif dans le succès des foires, par la puissance qu’acquérait ainsi leur protecteur. Thibaud a enfin contribué à doter la Champagne d’une administration, en multipliant les prévôts qui représentent localement le comte, et il a fait régner partout la paix.
    A sa mort, son fils aîné, Henri, choisit la Champagne comme part d’héritage, alors que l’ensemble Blois-Chartres était traditionnellement attribué aux aînés.

    Thibaud s’est d’autre part illustré par une politique hostile au roi de France, son suzerain, et par son alliance presque permanente avec la monarchie anglo-normande. On ne le voit qu’à deux reprises répondre aux convocations de l’ost royal (en 1109-1111 et en 1124), le reste du temps il est parmi les ennemis du roi. De 1109 jusqu’à la mort de son oncle Henri Ier d’Angleterre, il ne cessera pratiquement pas de s’opposer à Louis VI, par la diplomatie et souvent par les armes. Il sera même excommunié en 1115 pour avoir capturé un fidèle du roi, le comte Guillaume de Nevers, au retour d’une expédition contre Thomas de Marle. Un des grands desseins de Suger, qui avait noué avec Thibaud des liens d’amitié, était de faire cesser cette hostilité et il y parvint en 1135. Un dernier conflit, particulièrement violent, éclate sous Louis VII, qui ravage et occupe en partie la Champagne en 1142-1144. Tout le monde a en mémoire la destruction par le feu de l’église de Vitry-en-Perthois, dans laquelle s’étaient réfugiés les habitants du village, qui y trouvèrent une mort affreuse, dans l’hiver 1142-1143 par l’armée royale. Et seule l’intervention de Bernard de Clairvaux parvient à éviter à Thibaud un désastre complet. Le comte était en effet un grand protecteur des Cisterciens et son règne coïncide avec l’expansion cistercienne, dont la Champagne est le champ d’élection. D’autres ordres religieux s’implantent aussi dans le comté, toujours avec l’appui de Thibaud, tels Fontevrault et Prémontré.


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  • Etienne de Blois, roi d’Angleterre de 1135 à 1154.
    Etienne de Blois est né en 1097 à Douvres. Il est le fils d’Etienne (II)-Henri, comte de Blois et de Chartres, et petit-fils de Guillaume le Conquérant par sa mère, Adèle. Il est aussi le frère cadet de Thibaud le Grand, comte de Blois et de Meaux.
    D’abord comte de Mortain puis comte de Boulogne par son mariage avec Mathilde, fille et héritière du comte Eustache III de Boulogne.


    Sire d’Eye (en Angleterre), il se fait couronner roi d’Angleterre le 22 décembre 1135 en dépit des dernières volontés du roi Henri Ier Beauclerc, son oncle, qui avait désigné sa fille Mathilde, épouse de Geoffroi « Plantagenêt », pour lui succéder.
    Mathilde « l’impératrice » était veuve de l’empereur Henri V, dernier de la dynastie franconienne, décédé en 1125. En 1128 elle s’était remariée avec Geoffroy V d’Anjou, qui mourra le 7 septembre 1151.
    Ayant succédé à Henri Ier de manière « illégitime », Etienne est amené à faire de nombreuses concessions : non seulement il doit, en 1137, dédommager son frère aîné Thibaud II de Blois par une rente annuelle de 2000 marcs d’argent, mais il laisse les seigneurs édifier des châteaux forts sans contrainte afin de se les concilier. De même il évite tout conflit avec l’Eglise en renonçant aux régales. Enfin il laisse l’anarchie s’installer en Angleterre tandis que Geoffroy Plantagenêt soumet méthodiquement la Normandie au détriment d’Eustache (IV), le fils d’Etienne, qui avait été investi de cette conquête par le roi Louis VI de France.
    En dépit de cette politique d’abandon, une guerre civile éclate en 1137 et pendant dix ans le parti angevin, conduit par Robert de Gloucester, s’impose peu à peu.
    Robert de Caen, comte de Gloucester (né vers 1090 et mort en 1147), était le fils bâtard de Henri Ier et donc demi-frère de Mathilde « l’impératrice ».
    Geoffroy Plantagenêt meurt en 1151 et c’est son fils Henri qui reprend l’offensive jusqu’à ce que la mort d’Eustache, en 1153, conduise Etienne de Blois à accepter un compromis : il reconnaît Henri d’Anjou comme son successeur quelques mois avant sa mort survenue en décembre 1154. En effet le 6 novembre 1153, par le traité de Winchester, Etienne de Blois adopte officiellement Henri comme son héritier.  Le 19 décembre 1154 le Plantagenêt est solennellement couronné à l’abbaye de Westminster sous le nom d’Henri II. Lui et son épouse Aliénor d’Aquitaine sont la souche de la prestigieuse dynastie anglaise des Plantagenêts qui régnera sur l’Angleterre pendant près de trois siècles.
    L’impératrice Mathilde était rentrée en 1139 en Angleterre où ses partisans avaient remporté un important succès à Lincoln en février 1141. Mais elle avait du regagner la Normandie en 1148. Elle eût la satisfaction de voir son fils Henri roi d’Angleterre. Elle mourut près de Rouen le 10 septembre 1167 et fut enterrée au monastère du Bec-Hellouin.


    Le règne d’Etienne de Blois fut  bien un règne de transition entre les dynasties normande et angevine.
    Les branches « françaises » de la dynastie de Blois vont perdurer comme comtes de Blois – Chartres (jusqu’en 1230) comtes de Troyes, comtes de Meaux, puis comtes de Champagne et enfin rois de Navarre à partir de 1234 jusqu’au mariage de la dernière héritière, Jeanne, avec le roi de  France Philippe IV en 1284. Une branche a donné les comtes de Sancerre, éteinte en 1419, par le décès de Marguerite de Sancerre.


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