• LA TREMBLADE.
    EXTRAITS d’un procès-verbal de visite effectuée en 1727, par François Le Masson du Parc.
    Le ressort de l’amirauté de Marennes commence du costé exclusivement à Saint-Bonest à la rive du nord du ruisseau du Chiron et finit du costé du nord au passage du Marterou. Elle comprend le département de Marennes que forment les quartiers de Royan, de Marennes, d’Oléron et partie du quartier de Rochefort.
    Par département, il faut entendre le département de la marine à la tête duquel se trouvait un commissaire ressortant de l’intendant de la marine à Rochefort, François de Beauharnais de la Boëche ou de la Boische (1668-1746), intendant du 24 mars 1710 au 1er avril 1739.

    « Nous sommes venus à Saint-Bonest au passage du ruisseau du Chiron à l’extrémité du Vitrezay au commencement de la Saintonge… De là, passant à La Trigade parroisse de Conac, à Saint-Disant-Dugua, nous sommes arrivés dans la parroisse de Saint-Fort…Le pied de la coste [depuis le port de Blaye jusqu’à Saint-Georges-sur-Didonne] est bordée de marais comme est celle du Médoc qui luy est exposée. Il ne s’y trouve aucun abry pour y retirer les bateaux si ce n’est dans les petits havres de Chassilat, Maubue, Saint-Romain, la Rive de Mortagne, Saint-Surin, les Monarts et le petit port de Tallemont. »
    « Nous sommes venus à Saint-Surin d’Uzès où nous n’avons pareillement trouvé que de petites tréolles sans aucun bateau pour la pesche qui n’y est d’aucune considération. »
    « De Saint-Surin ou Saint-Séverin, remontant toujours la Gironde vers son embouchure nous sommes venus au lieu nommé les Monarts de la paroisse de Barsan… Après laquelle visite finie dans les maisons des pescheurs des Monarts… sommes venus à La-Roche-de-Tallemont. »
    Les riverains qui sont le long de ces costes font de grosses plaintes contre les pescheurs de créac qui descendent pour faire la pesche de l’esturgeon, à cause des havaneaux à chevrettes ou esquires dont ils se servent pendant qu’ils sont sur leurs tramaux ou créadières et avec lesquels instrumens ils arrestent tout le fray et les poissons du premier âge qui a coutume d’entrer avec la marée dans les eaux salées de la Gironde. Cette pesche de l’esturgeon ou créac commence depuis la Saint-Jean jusqu’à la Saint-Michel. Elle se fait seulement durant les mortes-eaux.
    De la Roche de Tallemont nous sommes venus à Mechets. Il y a à Mechets une chalouppe avec laquelle les pescheurs font quelquefois la pesche.
    Après… nous sommes venus dans la paroisse de Saint-Georges-de-Didonne. Nous y avons trouvé des rets à rayes, des grosses et moiennes lignes, des seines à sardines et des trulles à sauterelles ou esquilles. Il y a à Saint-Georges huit chalouppes servant à la pesche du port d’environ deux à trois tonneaux et de quatre hommes d’équippage qui la vont faire en esté au large et bien au-delà de la tour de Cordouan en hiver.
    Depuis environ vingt années seulement, le seigneur de Pons [S.A.M. Charles Louis de Lorraine, prince de Pons et de Mortagne, comte de Marsan, marquis de Mirambeau] fait payer par le ministère de son séneschal à Saintes trois livres par an par chaque chalouppe faisant la pesche à la mer, ce qui ne doit pas estre toléré…
    Après la visite finie, passant le long des sables qui sont à la coste, sommes venus à Royan en remontant toujours la Gironde vers son embouchure depuis le lieu nommé Meschets jusques au-delà du pont de Saujon. Toute cette coste se nomme l’Isle d’Arvert.


    A Royan nous n’avons trouvé aucun bateau pescheur. Les chalouppes passagères qui servent journellement pour aller à Bordeaux font par accident la pesche de la ligne aux hameçons pour les congres, maigres et maigrots.
    Après laquelle visite finie à Royan nous sommes venus en passant par Vaux dans la paroisse de Saint-Palais. Il y a dans le petit port de Saint-Palais sept chalouppes avec lesquelles les pescheurs font la pesche des sardines à la coste, et celle des maigres et maigrots à l’embouchure de la Gironde. Ces chalouppes sont du port de deux à trois tonneaux de sept hommes d’équipage. Les sardines ne commencent à paroistre que vers le commencement du mois de juin et y restent jusqu’à la fin d’aoust.
    De Saint-Palais, laissant à l’ouest la forest de Royan et les dunes de sable qui bordent la coste de l’isle d’Arvert où il ne se trouve aucun pescheur, nous sommes venus à Tampignac, ensuite à Etole et laissant à l’est le bourg d’Arvert, nous sommes descendus à La Tramblade.

    Il y a à La Tramblade des bâtiments terre-neuviers qui hivernent dans la Seudre. Il y a aussy huit chalouppes servant à la pesche du port de deux à trois tonneaux aiant ordinairement pour tout équipage un homme et deux femmes qui font la pesche de la drague aux huîtres, celle des traversiers ou grandes chausses et des gros ains ou hameçons. Ils font encore à pied la pesche de la seine à la grande coste, celle de la petite seine ou traîneau. Ils tendent aussy des espèces de rets en hauts parcs et se servent des instrumens des havaneaux tant pour les mulets que pour les chevrettes. On recueille aussy outre les huîtres, beaucoup de sourdons et de plusieurs autres espèces de coquillages. La pluspart de toutes ces sortes de pesches se font à la grande coste et dans l’embouchure des pertuis de la baye de Seudre. La drague dont ils se servent pour faire la pesche des huîtres n’est armée que d’un seul couteau. Les pescheurs la font depuis la fin de septembre jusqu’à celle du mois d’avril. Il faudra deffendre cette pesche durant les mois de may, juin, juillet et aoust, ceux-cy devant estre encore du moins autant conservés pour servir à garnir les parcs ou fosses d’huîtres que l’on fait verdir de bord et d’autre de la baye de Seudre, jusques au haut, vers le pont de Riberou. Outre les huîtres qui proviennent de la pesche à la drague, il s’en ramasse encore un grand nombre à la basse-eau toutes les marées, surtout durant celles des vives-eaux. Les pescheurs et les sauniers qui sont au bout de cette baye font à cet effet des fosses au bord du rivage, environ de la profondeur de dix-huit pouces à deux pieds au plus. Ces fosses, qu’ils nomment claires, sont contigues et même souvent confondues avec les livres ou parcs des sallines. Les pescheurs y jettent leurs huîtres pesle-mesle sans aucun autre arrangement. Elles se couvrent de vase noire pendant le séjour qu’elles y font, s’y engraissent et deviennent vertes après y avoir demeuré environ une ou deux années au moins. L’eau salée qui monte toutes les marées dans la baye n’entre point dans ces fosses ou réservoirs que lorsque le pescheur le juge à propos, ainsy que font les sauniers pour les eaux qu’ils amassent pour leurs salines. Les pluyes des eaux douces avancent fort la préparation de ces huîtres qui sont excellentes et fort délicates et qu’on transporte souvent à la Cour et dans la capitale, ce qui ne se peut guère faire que depuis le commencement d’octobre jusqu’à la fin de mars. Il faut ordinairement deux à trois ans pour que les huîtres soient d’excellentes qualité et parfaites.


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  • Guillaume IX d’Aquitaine.


    Fils de Guillaume VIII d’Aquitaine et d’Audéarde de Bourgogne, né le 22 octobre 1071 et mort le 10 février 1127.
    Duc d’Aquitaine et de Gascogne de 1086 à 1127. Sceptique, aimant le plaisir et les femmes, il eut de nombreux démêlés avec l’Eglise et fut deux fois excommunié ; il conduisit cependant une armée à la croisade en 1101. Pour la Pâques 1102, Guillaume est à Jérusalem avec les survivants de son expédition. Après dix-huit mois d’absence il est de retour à Poitiers le 29 octobre 1102.


    Il fut un des plus anciens et l’un des meilleurs poètes de langue d’oc et l’on a conservé de lui onze chansons, tantôt facétieuses tantôt courtoises, qui nous sont parvenues. Il est donc surtout connu comme « Guillaume le Troubadour ».


    Il épousa d’abord Ermengarde d’Anjou puis Philippa de Toulouse (en 1094), dont il eut deux garçons (Guillaume et Raymond) et cinq filles. Son mariage avec Philippa, fille unique du comte Guillaume IV de Toulouse, lui fournit la raison de ses interventions dans le grand comté voisin, dont il s’empara à plusieurs reprises, en particulier au printemps 1098 où il occupa Toulouse. Il fit élever la tour Maubergeon dans le palais des comtes, à Poitiers, dont le nom viendrait de sa maîtresse Amalberge, la vicomtesse de Châtellerault, rencontrée en 1115 pour la première fois. Philippa de Toulouse décède le 28 novembre 1117.


    En 1119/1120, on le voit réunir à Bordeaux ses vassaux aquitains et gascons, jusqu’à 600 chevaliers soit environ 3000 hommes d’armes, pour aller participer à l’importante campagne de Cutanda aux côtés du roi d’Aragon et Navarre Alphonse le Batailleur. La victoire éclatante de Cutanda, le 18 mai 1120, est l'oeuvre des Aquitains et Gascons commandés par Guillaume. Commencée au premier rayon du soleil la bataille durera jusqu’au soir.
    Le camp « sarrasin » sera pillé et c’est là que le duc trouve un vase en forme de goutte taillé dans un bloc de cristal de roche. Il mesure près d’un pied et  cette taille fait sa rareté. Vingt ans plus tard, sa petite fille Aliénor le trouvera dans le trésor conservé au château de Bordeaux, et l’offrira à son mari le roi Louis VII. Après leur divorce, ce dernier en fera don à l’abbaye de Saint-Denis et Suger lui ajoutera deux éléments en or : un col orné de perles et un pied avec une inscription pour en indiquer l’origine. L’objet est aujourd’hui au Louvre.
    Dans le monde musulman, pendant trois siècles, le nom de Cutanda deviendra le synonyme de catastrophe. Plus jamais les cavaliers arabes ne fouleront la vallée de l’Ebre.


    Pour finir ce court résumé je cite un témoignage d’un moine de Sainte-Croix de Talmond, abbaye favorisée par le duc. Il célèbre ses talents militaires et prétend « qu’il ne se mettait jamais en colère » ce qui est excessif quand on connaît les démêlés de Guillaume avec l’évêque Pierre II de Poitiers, par exemple.


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  • GONDOVALD (Gundovald).

    Aventurier qui se dit le fils de Clotaire Ier, et donc le petit-fils de Clovis ; ce qui pourrait sembler possible car Clotaire eut six femmes et une concubine qui pourrait bien être la mère de Gondovald. Il serait alors un bâtard, mais bien du sang mérovingien. Cependant le roi Gontran le traite de Ballomer, c’est-à-dire faux prince. Il se peut bien que l’homme croie sincèrement être le fils de Clotaire, bien qu’il ne le soit pas.


    Il est d’abord élevé à la cour royale de Childebert. Présenté par sa mère à Clotaire Ier celui-ci refuse de le reconnaître et le fait tondre.
    Recueilli successivement par les rois Caribert puis Sigebert, il s’enfuit en Italie auprès de Narsès en 561, puis s’installe à Constantinople, avec ses deux enfants, chez l’empereur Tibère vers 565. Poussé par le duc austrasien Gontran Boson, il débarque à Marseille à la fin de l’année 582 avec de grands trésors, accompagné même de chameaux pour l’anecdote. Il se laisse pousser les cheveux pour bien affirmer sa race royale mérovingienne. Puis il gagne Avignon où il est accueilli par le patrice Mummole. Il soulève une grande partie de l’Aquitaine. En décembre 584 il est proclamé roi à Brive et profite des luttes entre les rois mérovingiens. Son parti regroupe beaucoup d’aristocrates aquitains, le duc Bladaste, le comte (Garachaire) et l’évêque de Bordeaux (Bertechramn) ainsi que cinq autres évêques, dont celui de Saintes. Le roi Gontran décide de contre-attaquer et assiège Comminges où s’est réfugié Gondovald. Celui-ci est tué après la prise de la ville en mai 585. Les habitants sont tous massacrés et la ville entièrement détruite. Elle ne se relèvera qu’à la fin du XIe siècle avec saint Bertrand et deviendra Saint-Bertrand-de-Comminges.


    Des historiens ont pensé que l’aventure de Gondovald avait été suscitée par Byzance, d’autres ont vu l’influence de Brunehaut et des Austrasiens, certains même ont pensé que Gondovald avait profité du particularisme des Aquitains hostiles aux Francs.


    En fait Gondovald a tenté sa chance en profitant des longues luttes entre Neustriens et Austrasiens.


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  • Evolution du titre de « duc ».

    DUC.

    Ce titre remonte à l’Empire romain.
    A l’origine, les gouverneurs des provinces romaines exerçaient, en même temps que les pouvoirs civils, le commandement des troupes stationnées dans leur province, mais, à partir de Constantin, le commandement militaire fut séparé et confié à un dux. D’après la Notitia dignitatum, on comptait treize ducs dans l’empire d’Occident et douze dans l’empire d’Orient. Ce titre de dux fut repris par les monarchies barbares nées des invasions germaniques.
    Il correspondait d’ailleurs à une vieille institution germanique, dont l’existence est attestée dès la fin du Ier siècle après J.-C. par Tacite. En cas de guerre, l’assemblée de tous les hommes en armes désignait un chef de l’armée (herizogo, d’où l’allemand moderne herzog, duc), qui assumait pour le temps des hostilités des pouvoirs discrétionnaires. Après la conquête de l’Occident, ces chefs militaires tentèrent souvent de se constituer en souverains pratiquement indépendants, par exemple les ducs lombards de Spolète et de Bénévent, en Italie.


    Sous la monarchie mérovingienne, le duc, qui était aussi à l’origine un chef militaire temporaire nommé par le roi, commença à recevoir vers le milieu du VIIe siècle un commandement territorial. Le duc fut alors préposé par le roi mérovingien à un ensemble de comtés, chargé de commandement militaire et de l’exercice de la justice. On peut citer par exemple les duchés de Dentelin et de Champagne, ou le patrice de Provence. Ces duchés disparurent au VIIIe siècle, quand s’affirma l’autorité de la dynastie carolingienne. Des ducs indépendants, à la tête de leur « principauté » résistèrent aux Carolingiens : ce fut le cas de l’Aquitaine jusqu’en 768.  Ce fut aussi le cas de « duchés nationaux » sur les marches de l’empire, en Bavière, en Franconie, en Souabe, en Saxe, où la faiblesse des successeurs de Charlemagne permit à ces duchés de s’émanciper. En France, se constituèrent les quatre grands duchés de Normandie (911), d’Aquitaine et de Bretagne (fin IXe siècle), de Bourgogne (1032). A noter que ces duchés, à l’exception de celui de Normandie, prenaient la suite d’anciens royaumes. Après des siècles de luttes, ils furent peu à peu réunis à la Couronne.


    D’autre part, les rois de France concédèrent des duchés en apanage aux princes du sang. On distinguait les ducs héréditaires et les ducs à brevet, dont le titre n’était que viager. Une ordonnance de Charles IX en 1566 décida que les duchés héréditaires seraient réversibles à la Couronne en l’absence d’héritiers mâles.


    On doit distinguer les ducs et pairs comme une institution à part.
    Au temps ancien, jusqu’en 1297, il n’y avait que trois duchés-pairies laïques, de Bourgogne, de Normandie et d’Aquitaine ; et trois duchés-pairies ecclésiastiques de Reims, de Laon et de Langres. Venaient s’y adjoindre six comtés-pairies de Toulouse, de Flandre, de Champagne (laïques), et ceux de Beauvais, de Châlons et de Noyon (ecclésiastiques). Ils étaient détenus par les douze « pairs de France ».
    Il fut créé ensuite, et surtout à l’époque moderne, de plus en plus de duchés-pairies.
    Jusqu’en 1519 seuls furent revêtus de la pairie les princes du sang, des représentants des grandes dynasties féodales françaises ou des princes étrangers. Il existait des duchés-pairies ecclésiastiques et des duchés-pairies laïques.
    Le 3 avril 1519, pour la première fois, un gentilhomme « ordinaire » fut créé pair laïque. Ce personnage se nommait Artus Gouffier ; il avait été pendant quatre ans le principal ministre et le plus proche conseiller du roi François Ier.
    Il fut créé des duchés-pairies jusqu’à la Révolution.
    Les ducs et pairs étaient les personnages les plus importants du Royaume après la famille royale et les princes du sang. Les ducs recevaient du roi le titre de cousin, comme les cardinaux et les maréchaux. Les duchesses avaient tabouret chez la reine.

     

    Le titre de duc, aboli à la Révolution, fut rétabli par Napoléon Ier en 1806 : trente-cinq ducs furent créés sous le premier Empire, dix-sept sous la Restauration, quatre sous la monarchie de Juillet, quatorze sous le second Empire.

    En Allemagne, la puissance des ducs nationaux (Stammherzöge) tint longtemps en échec le pouvoir impérial. Mais après la Bulle d’Or de 1356, les ducs cessèrent complètement d’être les premiers personnages de l’Empire, cette place étant désormais occupée par les sept Electeurs (ou Princes-électeurs).

    En Angleterre, le titre de duc n’apparut qu’en 1337, quand Edouard III créa pour son fils, le Prince Noir, le titre de duc de Cornouailles le 17 mars.

    Le terme romain dux est à l’origine des substantifs duc, duke, doge, duque, duca, duce.


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