• Le sel au temps des Gaulois.

    Le sel est une denrée indispensable à la conservation de nombreux aliments.
    La principale source d’approvisionnement est le sel d’origine marine. En faisant évaporer l’eau salée, on récupère de grandes quantités de sel sous forme de blocs. Les traces archéologiques sont nombreuses le long du littoral de la Charente-Maritime, au nord des Landes ainsi que sur les rives de l’estuaire de la Gironde.
    La seconde origine, beaucoup plus restreinte, provient des sources salées dont le plus bel exemple est Salies-de-Béarn dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle est exploitée depuis l’âge du Bronze et jusqu’à aujourd’hui. Quant aux mines de sel gemme comme celle de Dax dans les Landes, elles ne sont exploitées avec certitude qu’à partir de la fin du Ier siècle de notre ère.
    La technique de fabrication des blocs de sel est simple.
    A partir d’argile on fabrique des moules appelés augets. Ces moules  sont ensuite calés avec des boudins d’argile, ou pilettes, au-dessus d’un foyer. Ils sont régulièrement réalimentés en eau salée. Quand l’auget est plein de sel et que toute l’humidité a disparu, on le brise pour récupérer ce sel. Leur forme diffère selon les zones géographiques : barquette au nord de l’estuaire de la Charente, petit gobelet cylindrique au sud ; cette limite semble correspondre à la frontière entre les peuples picton au nord et santon au sud.
    Les sites de production de sel se caractérisent par un très grand nombre de fragments d’augets associés à des fragments de pilettes, à des zones de terre brûlées et de charbons de bois.
    Ce sel est ensuite exporté dans toute l’Aquitaine. Les indices archéologiques sont les petits fragments d’augets en terre cuite qui ont voyagé par accident, collés au sel.
    On en retrouve sur de nombreux sites comme Lacoste à Mouliets-et-Villemartin, ou l’Isle-Saint-Georges en Gironde, mais aussi à l’oppidum de l’Ermitage près d’Agen ou à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).


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  • Les débuts de l’Aquitaine romaine.
    Vaincue en 51 avant J.-C., la Gaule ne devient pas instantanément romaine. Il faudra plusieurs dizaines d’années pour que la province romaine d’Aquitaine, qui va désormais de la Loire aux Pyrénées, soit organisée et prenne des caractères strictement romains.
    Dans les premiers temps de la conquête, le pouvoir est remis à des chefs locaux qui ont aidé César. C’est le cas du Sotiate Adietanus (de Sos dans le Lot-et-Garonne) ou du Santon Contoutos (région de Saintes) qui peuvent même frapper monnaie. Quand Auguste crée et organise la province d’Aquitaine en 27 av. J.-C., ces monnaies disparaissent progressivement, ceci indique l’arrivée d’administrateurs romains qui vont organiser les agglomérations gauloises à l’image des villes romaines.
    Burdigala devient la capitale des Bituriges Vivisques peu après la Conquête. Ce peuple est issu de celui des Bituriges Cubes provenant de la région de Bourges. Ils sont installés par Auguste sur le territoire que convoitaient les Helvètes avant la guerre des Gaules.
    C’est à la fin du Ier siècle avant J.-C. qu’apparaissent les premiers monuments publics en pierre. Très rapidement ces monuments seront détruits et remplacés par des nouveaux, plus grands. Des éléments architecturaux sont retrouvés en réemploi dans des niveaux archéologiques datés du règne d’Auguste, comme sur le Cours du Chapeau-Rouge à Bordeaux. Les grandes artères, decumanus et cardo sont mis en place au début du Ier siècle après J.-C.
    Le même schéma d’aménagement se retrouve dans toute la province d’Aquitaine, à Iluro (Oloron-Sainte-Marie), Mediolanum santonum (Saintes), Vesuna (Périgueux), Aginum (Agen) ou Aquae Tarbellicae (Dax), etc.
    A partir des années 20-30 de notre ère, toutes les agglomérations d’Aquitaine présentent les caractéristiques de villes « à la romaine », avec des bâtiments publics, des thermes, des temples, etc.
    Les campagnes sont aussi organisées, avec la création de vastes domaines agricoles : les villas. Plusieurs grandes exploitations agricoles sont datées des premières décennies de notre ère comme Plassac (Gironde) ou Lalonquette (Pyrénées-Atlantiques).
    Le mode de vie évolue avec l’usage de l’écriture, les inscriptions dans la pierre ou les graffitis gravés sur des céramiques se multiplient. La vaisselle de verre apparaît en plus grand nombre, tout comme les céramiques dites sigillées, importées d’Italie avant la création de grands centres potiers en Gaule : Montans dans le Tarn, La Graufesenque en Aveyron ou Lezoux dans le Puy-de-Dôme.
    De nouveaux produits alimentaires apparaissent et les goûts évoluent. Les huîtres sont désormais consommées dans la région, les amphores d’huile d’olive arrivent en plus grand nombre, le vin de Tarraconaise (Espagne) remplace le vin d’Italie mais surtout, les Aquitains apprennent à produire du vin.
    Même si quelques très rares indices de culture de la vigne existent avant le Ier siècle, notamment près d’Agen et de Lectoure, il faut attendre le tournant de notre ère pour voir la vigne apparaître en Aquitaine. Sur le site de Saint-Christoly, au centre de Bordeaux, des ceps de vignes ont été découverts. Datés de la première moitié du Ier siècle après J.-C., ils témoignent, avec les très nombreux pépins de raisins découverts sur le site du Chapeau-Rouge, que Bordeaux a déjà une place prépondérante dans l’économie du vin. A partir de l’an 50 le vin aquitain est bien connu à Rome où il inonde le marché. Une nouvelle forme d’amphore particulière à l’Aquitaine apparaît vers 60-70 pour l’exportation du vin, définitivement remplacée par le tonneau de bois autour de 140.
    L’importation de la biturica ou biturigiaca, un cépage résistant dont l’origine reste discutée, est à l’origine de la vocation viticole de Bordeaux.
    En 71, quand Pline l’Ancien visite la région, les vignes sont là.


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  • La dernière bataille de la guerre des Gaules.

    UXELLODUNUM

    La dernière grande bataille de la guerre des Gaules.

    La bataille d’Uxellodunum est communément admise comme la dernière grande confrontation entre légions romaines et leurs auxiliaires  et les dernières armées gauloises. La principale source historique en est les Commentarii de bello gallico appelée couramment « La guerre des Gaules », de Jules César. Le livre VIII  (VIII-XXXII à VIII-XLIV), attribué à Aulus Hirtius, rend compte de la bataille d’Uxellodunum en 51 avant Jésus-Christ. Alésia est tombée l’année précédente et, si César a porté un coup très dur à la résistance des Gaulois, plusieurs chefs continuent le combat. C’est le cas du Sénon Drapès (région de Sens) et du Cadurque Lucterios (région de Cahors) qui décident de porter la guerre directement dans la province romaine de Narbonnaise.

    Poursuivis par Caninius, un des lieutenants de César, les Gaulois se retranchent sur l’oppidum d’Uxellodunum. Comme à Alésia, les Romains entourent la place forte de camps retranchés et assiègent l’oppidum. Caninius partagea ses cohortes en trois camps. Drappès et Luctère furent faits prisonniers. Puis le Romain Fabius arriva avec ses troupes et se chargea d’assiéger l’un des côtés de la place avec un quatrième camp. Un cinquième camp d’assiégeants, celui de Calenus, vint compléter le dispositif romain. Face à la résistance acharnée des Gaulois, César en personne vient conduire le siège et décide de priver d’eau les assiégés. Le ravitaillement ne pouvait se faire que de deux manières : soit à la rivière, soit à la source jaillissant au pied du rempart. César empêche l’accès à la rivière grâce aux balistes, sorte de grandes arbalètes. Devant la source, il fait construire une grande esplanade surmontée d’une tour de 27 mètres d’où tirent des archers et des frondeurs. Cela lui permet de creuser des galeries pour assécher la source hors de la vue des défenseurs. Les Gaulois essaient, sans succès, de détruire la tour mais les Romains parviennent à priver les défenseurs d’eau. Se croyant abandonnés des dieux, les Gaulois finissent par se rendre.

    César décida de faire un exemple : au lieu d’emmener les survivants en esclavage, il fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes et les renvoya chez eux pour inspirer la crainte à ceux qui voulaient encore s’opposer à ses conquêtes. Drappès se laissa mourir de faim. Luctère, qui avait réussi à s’échapper, tomba entre les mains de l’Arverne Epasnact qui n’hésita pas à le livrer enchaîné à César.

    Voilà, résumé succinctement, le siège d’Uxellodunum tel que décrit par le Livre VIII de « la Guerre des Gaules ».

    Les Celtes et les Aquitains organiseront d’autres soulèvements de moindre importance, notamment en 38 avant J.-C., en 28 avant J.-C. (le légat Valerius Messala Corvinus mène une campagne contre les Aquitains et les Carnutes), ou en 21 (révolte de l'aristocratie gauloise sous la conduite du Trévire Julius Florus et de l'Éduen Julius Sacrovir), mais la romanisation des Gaules ne sera plus réellement remise en question. Cette bataille marque donc bien la fin de la résistance des peuples de la Gaule.

    Le site d’Uxellodunum, comme Alésia, fit couler beaucoup d’encre. Son emplacement a fait l’objet de nombreux débats  depuis le XVIIIe siècle. Les savants se disputaient sur l’identification du site à Capdenac, Luzech ou Vayrac, tous dans le département du Lot, et à Uzerche en Corrèze. En 1865, des fouilles menées au Puy d’Issolud à Vayrac permettent de retrouver plusieurs pièces d’armement et une galerie artificielle au lieu dit « La fontaine de Loulié ». Ces fouilles se sont poursuivies épisodiquement jusqu’en 1941.

    Afin de mettre un terme aux polémiques et pour étudier ce qui reste du site, soumis aux fouilles clandestines, de nouvelles recherches se sont déroulées de 1993 à 2004. Seuls quelques mètres carrés avaient survécu aux bouleversements des fouilles anciennes. Les nouvelles découvertes concorderaient  avec l’identification d’Uxellodunum au Puy d’Issolud : la présence d’un grand nombre de soldats romains y est attestée par les nombreux traits de balistes et pointes de flèches. Les galeries souterraines, les traces d’incendie et la forme du terrain correspondent aux descriptions du livre VIII de La Guerre des Gaules de César.  La fontaine de Loulié a bien été le théâtre d’un violent affrontement militaire au milieu du Ier siècle avant Jésus-Christ.
    Effectivement une bataille se déroula bien  au Puy d’Issolud.

    Les responsables de la Drac de Midi-Pyrénées, en compagnie de Mr Christian Goudineau, titulaire de la chaire des Antiquités nationales, ont,  le 26 avril 2001, "définitivement officialisé" le Puy d’Issolud comme étant le site d’Uxellodunum qui fut le théâtre de la dernière grande bataille des Gaulois contre César, après la défaite d’Alésia (Journal Le Point du 4 mai 2001).

    L’emplacement de « Uxellodunum », bien que ce ne soit pas important historiquement, fait toujours débat. En effet l’empereur Napoléon Ier le situe à Cahors.

    Mais aussi, et c’est d’importance, Usercodunum était, sur le manuscrit original des Commentaires, le véritable nom de l’oppidum gaulois assiégé en dernier lieu par César, et non pas Uxellodunum.
    Ce qui correspond beaucoup plus sérieusement à Uzerche, en Bas Limousin.
    Uzerche est construit sur une hauteur que contourne une boucle de la Vézère. La topographie de cette ville, chef-lieu de canton, correspond en tous points au récit d’Aulus Hirtius. Seule la localisation dans le territoire des «Cadurques », mentionnée dans les Commentaires, pouvait sembler étrange. Mais l’explication vient de ce que Jules César ayant attribué à son fidèle allié, le chef des Lémovices Duratius, cette place après la prise d’Usercodunum, l’oppidum n’est plus en Quercy mais en Bas-Limousin.

    L’ouvrage de Bernard Marque (1866-1936), VSERCO-DVNVM,  paru en 1919 à Tulle, explique, avec conviction et fort bien, pourquoi Uzerche est le lieu de cette importante  bataille.
    L’ouvrage de Bernard Marque peut être consulté à la BFM de Limoges.

    Napoléon III avait instauré en juillet 1858 la Commission de topographie des Gaules qui fut chargée d’établir la « Carte de la Gaule depuis les temps les plus reculés jusqu’à la conquête romaine ». Quand la carte fut prête, en 1869, l’empereur jeta l’interdit sur ses résultats. Napoléon III n’acceptait pas les conclusions de la Commission qui avait refusé de placer Genabum à Gien et Uxellodunum au Puy d’Issolud.
    Où les membres éminents de la commission avaient-ils placé Uxellodunum ?
    Le musée de Saint-Germain-en-Laye  possède deux exemplaires de cette carte.

    Les « Vie de César » de Plutarque et de Suétone ne mentionnent pas cette bataille.
    Plutarque décrit  les campagnes de César en Gaule et Bretagne antérieures à Alésia ainsi que le siège d’Alésia.
    Quant à Suétone il ne mentionne la Guerre des Gaules que d’un point de vue général.

    Il indique que César fut un soldat « très intéressé » et aussi que, durant les neuf ans de campagnes militaires dans les Gaules il n’y eut jamais de rébellion  dans ses troupes.
    Suétone mentionne aussi  que «  Asinius Pollion  prétend que les Commentaires ont été composés avec trop peu de soin et trop peu de respect pour la vérité, car, dit-il, la plupart du temps, César a enregistré sur parole, sans contrôle, les actions des autres ; quant aux siennes, soit à dessein, soit même faute de mémoire, il les a présentées de façon inexacte ; à son avis, l’auteur se proposait de refaire et de corriger son ouvrage. »


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  • Thibaud d’Armagnac, dit de Termes.
    Membre d’une branche cadette de la famille d’Armagnac, il combat dès 1422 en compagnie de Denis de Chailly sur la frontière du Nivernais. Il semble faire partie à l’époque d’une bande de capitaines soldés par Georges de La Trémoille, au nombre desquels on compte également Denis de Chailly, Arnaud Guilhem de Bourguignan, Poton de Bourguignan, Galobie de Pannassac, Bertrand de Toujouze et Jean d’Aulon, tous capitaines du Sud-Ouest arrachés à la clientèle du comte d’Armagnac, probablement par les Albret, demi-frères de La Trémoille. Thibaud de Termes s’empare de Mailly-le-Châtel en octobre 1426, puis d’Entrains. En 1428, il évacue Mailly-le-Châtel trois jours après la prise de pouvoir de La Trémoille, apparemment pour prêter main-forte au nouveau chambellan contre Arthur de Richemont. Il est présent à Orléans dès le début du siège. Le 7 novembre 1428, il reçoit 600 livres pour payer ses hommes, mais en décembre il ne touche plus que 29 écus – soit 58 livres – comme capitaine de huit hommes d’armes et neuf archers : sa compagnie aurait-elle donc perdu quatre-vingt-treize hommes en un mois ? Une mention dans le compte de Hémon Raguier sous la date du 11 février 1429 atteste qu’il reçoit alors mission de participer à « certaine entreprise secrète touchant le bien et sûreté de la ville d’Orléans, qui était lors nouvellement avisée par aucuns autres capitaines » : il s’agit de l’interception du convoi de ravitaillement venu de Paris, qui se conclut par la funeste bataille des Harengs. Il est à Orléans lors de l’arrivée de Jeanne d’Arc et accompagne le Bâtard d’Orléans lorsque celui-ci se porte à sa rencontre. Il figure dans le conseil de guerre qui se tient le jour de l’Ascension (5 mai 1429) et participe à l’assaut contre les Tourelles. Il est ensuite signalé par le Journal du siège et la Chronique de la Pucelle parmi les membres de l’avant-garde qui affronte les Anglais à Patay. Il semble faire encore partie de l’avant-garde au cours de la campagne du sacre, puisqu’il est réputé avoir pris Saint-Florentin le 4 juillet. Il prend également part au siège de Troyes dont il est apparemment fait capitaine, quoiqu’il soit entré quelques jours plus tard à Reims avec le reste de l’armée. Nommé bailli de Chartres dès 1430, il s’empare de la ville le 13 avril 1432, assisté de Florent d’Illiers.
    Sa carrière militaire se poursuit jusqu’à la défaite définitive des Anglais en 1453. Il demeure bailli de Chartres jusqu’à sa mort en octobre 1457. Témoin au procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, il dit avoir environ cinquante ans : il serait donc né vers 1405.

    Texte de Olivier Bouzy, docteur en histoire et directeur adjoint du Centre Jeanne d’Arc d’Orléans.


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  • Un roi mal connu de l’Histoire de France : Raoul de Bourgogne.
    Dans la suite des « rois de France occidentale » on égrène les dynasties mérovingienne (jusqu’en 751), carolingienne (jusqu’à Louis V mort en 987) et, enfin, capétienne.
    Mais sont venus s’insérer, durant l’ère carolingienne, deux membres d’une dynastie appelée les Robertides ou Robertiens, ancêtres d’Hugues Capet. Il y eut d’abord Eudes, sacré roi à Sens le 29 février 888, mais qui dut reconnaître le Carolingien Charles le Simple (mort à Péronne le 7 octobre 929) comme son successeur. Eudes mourut le 1er janvier 898.
    Puis il y eut Robert Ier, frère d’Eudes, qui se fit sacrer roi à Reims le 29 juin 922. Il fut tué un an plus tard à Soissons, le 13 juin 923, en livrant bataille à Charles le Simple, dont la défaite fut assurée par le fils de Robert, Hugues le Grand. Hugues le Grand n’avait pas de frère  et il ne formula aucune prétention au titre royal, se contentant des titres de duc de France et comte de Paris. Il mourut en juin 956.
    Et c’est le 13 juillet 923 que l’on voit Raoul être sacré roi de France occidentale. Il sera le seul roi de Francia de l’illustre famille des « Bosonides ».


    RAOUL (ou Rodolphe) de Bourgogne.
    Mort à Auxerre en janvier 936, roi de France de 923 à 936.
    Fils de Richard le Justicier, duc de Bourgogne, duc lui-même en 921, il était le gendre de Robert Ier, duc de France, qui avait été reconnu roi après la déposition de Charles le Simple. Elu roi par les « grands » menés par Hugues le Grand, à la mort de Robert en 923, il eut longtemps à combattre ces grands vassaux, en particulier Herbert de Vermandois, son beau-frère, puis repoussa les incursions hongroises (926/927) et normandes (930).
    Raoul est par son oncle Boson allié indirectement à la famille carolingienne et, tout en défendant les intérêts de ses domaines bourguignons, il ne peut que poursuivre la politique de son prédécesseur. Mais être roi de France et en même temps marquis de Bourgogne, restaurer l’autorité monarchique et parallèlement jouer son rôle de prince bourguignon, risquent de mettre le roi bien souvent en contradiction avec lui-même. Pourtant, ce prince courageux, énergique qui, plus d’une fois, paya de sa personne, n’hésita pas à agir sur tous les fronts : il devait lutter contre Herbert de Vermandois, repousser les Normands et les Hongrois, se faire reconnaître par les princes méridionaux.
    Il serait fastidieux de raconter tous les épisodes de la lutte entre Raoul et Herbert de Vermandois (descendant en ligne directe par les mâles de Charlemagne), mais il faut indiquer les principales étapes du conflit.
    Herbert cherche par tous les moyens à agrandir sa principauté et veut mettre la main sur les deux bastions royaux que sont Reims et Laon. En 925, il profite de la mort de Séulf, l’archevêque de Reims, pour faire élire à sa place son fils Hugues âgé de cinq ans ! 
    Trois ans après, il s’empare de Laon défendu énergiquement par La reine Emma. Mais Raoul contre-attaque en se faisant aider du jeune duc Hugues, le fils de l’ancien roi Robert, qui ne peut accepter la politique ambitieuse d’Herbert et laisse le roi diriger les comtés entre Loire et Seine. En 931, Raoul reprend Reims, installe le moine Artaud  comme archevêque et sur sa lancée s’empare de Laon et de l’abbaye de Saint-Médard de Soissons. Grâce à l’arbitrage d’Henri Ier de Germanie, Raoul se réconcilie en 935 avec Herbert et lui reconnaît une grande partie de ses possessions. Si le roi n’a pu détruire la principauté de Vermandois, il a du moins sauvé les deux places les plus importantes de la France du Nord, Reims et Laon.
    Raoul lutta aussi énergiquement contre les Normands : Rogmwald fut battu en 925. Quant aux Normands de la Seine, battus eux aussi, ils acceptèrent de cesser leurs pillages contre le versement d’un tribut.
    Les princes méridionaux, fidèles aux Carolingiens, reconnaissent peu à peu le nouveau roi. Guillaume II le Jeune, héritier de son oncle Guillaume le Pieux, fait hommage dès 924 pour l'Aquitaine.
    En 932, Raymond Pons comte de Toulouse et le prince gascon Loup Aznar se rallient au roi Raoul. Seuls les comtes catalans refusent de le reconnaître et continuent à dater leurs actes du règne de Charles le Simple.
    Fort des ralliements des principaux princes méridionaux, Raoul peut se faire appeler dans quelques-uns de ses diplômes Rex Francorum Aquitanorum et Burgondionum.
    Dans son « royaume » de Bourgogne, Raoul dispose de biens patrimoniaux importants et réussit avec plus ou moins de bonheur à neutraliser les petits seigneurs locaux. En 924, il tint plusieurs assemblées à Autun, Chalon et finit par soumettre le turbulent Gilbert de Dijon, le plus puissant des féodaux. En 928, Raoul se rend à trois reprises à Vienne et reçoit l’hommage de son cousin Charles-Constantin. Ainsi le Viennois, le Lyonnais, le Vivarais entraient dans la mouvance du roi Raoul.
    Du côté de la Lotharingie, Raoul eut moins de succès en raison de la politique d’Henri Ier, roi de Germanie.
    En 935, lors d’une entrevue entre Henri et Raoul, le comte Boson se soumit au roi de Germanie. La Lorraine échappait une nouvelle fois au roi de France occidentale.
    Un an après, en 936, mouraient et le roi de France et le roi de Germanie.


    Cette année 936 voit la restauration des rois carolingiens et l’avènement d’Otton Ier, celui qui apparut comme un « nouveau Charlemagne ». Pendant un demi-siècle, les Carolingiens vont tenir la royauté en France tandis que Otton, après avoir annexé l’Italie, rétablit l’empire en 962.
    Le roi Raoul est mort sans héritier direct. Son frère Hugues le Noir ne revendique pas la succession et se contente de gouverner son « royaume » de Bourgogne.
    Le Robertien Hugues le Grand, beau-frère du roi défunt, fait accepter par les princes le principe de la restauration carolingienne : Louis IV d'Outre-mer, fils de Charles III le Simple, devient roi de France.
    Le fils de Hugues le Grand deviendra le premier roi capétien en 987.


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