• À propos des Hohenstaufen et de la Sicile.

    La Maison de Staufen, famille allemande de Souabe, appelée aussi Hohenstaufen, a donné plusieurs souverains au Saint Empire romain.
    Le premier fut Conrad III, empereur de 1138 à 1152. La dynastie régna sur le Saint Empire jusqu’en 1254, avec une interruption entre 1208 et 1212 au profit d’Othon de Brunswick. Le dernier empereur Hohenstaufen fut Conrad IV, le fils de Frédéric II, de 1250 à 1254. Cette famille devint la championne des Gibelins qui s’opposaient aux Guelfes. À leurs possessions de Souabe, de Franconie, d’Alsace, les Hohenstaufen ajoutèrent le royaume normand de Sicile, où ils régnèrent de 1194 à 1266.
    - Frédéric II, empereur de 1212 à 1250, était le fils d’Henri VI de Hohenstaufen et de Constance de Sicile, et le petit-fils de Frédéric Ier Barberousse. Il hérita encore tout enfant, en 1197, du royaume de Sicile, et fut élevé par les soins du pape Innocent III. Élu roi par les princes allemands à Mayence en 1212, il fut couronné empereur à Rome en 1220. Il songeait surtout à affirmer sa puissance en Italie et ses intérêts s’opposaient directement à ceux du Saint-Siège, soucieux avant tout d’éviter l’encerclement par le Nord et le Sud.
    Comme l’empereur trouvait tous les prétextes pour ne pas accomplir son vœu de croisade, le pape, après une longue attente, dut recourir à l’excommunication, qui fut lancée en 1227 par Grégoire IX.
    Frédéric partit donc en croisade en 1228-129. Une étrange croisade qui se termina sans combat. Frédéric traita à prix d’or avec le sultan d’Égypte, établit une sorte de condominium islamo-chrétien sur Jérusalem, Nazareth et Bethléem, et se fit proclamer roi de Jérusalem. Son attitude conciliante et presque favorable à l’égard de l’Islam suscita l’indignation du pape, et, à son retour en 1230, il trouva une partie de l’Italie soulevée contre lui, avec l’appui du Saint-Siège. Il réussit cependant à rétablir son autorité et amena Grégoire IX à reconnaître le fait accompli par la paix de San Germano en juillet 1230. Son ami Hermann von Salza, grand maître de l’Ordre Teutonique, accomplit pour Frédéric II de nombreuses missions diplomatiques auprès des papes, des princes allemands et des villes de Lombardie. Il accompagna l’Empereur en Terre Sainte en 1228-1229, et c’est lui qui négocia pour Frédéric avec Grégoire IX, la paix de San Germano.
    Il dut alors partir en Allemagne où la rébellion de son fils Henri l’obligea à faire d’importantes concessions aux princes et aux villes germaniques. Henri fut jugé, condamné, et maintenu prisonnier jusqu’à sa mort en 1242. Redescendu en Italie, Frédéric écrasa, à Cortenuova, les milices lombardes alliées du pape et envahit les États pontificaux. La polémique entre théoriciens du pouvoir impérial et théoriciens du pouvoir pontifical, entre Gibelins et Guelfes, atteignit alors une violence sans précédent. Excommunié à nouveau par Grégoire IX en 1239, Frédéric II contre-attaqua énergiquement et empêcha la réunion du concile dirigé contre lui en arrêtant les cardinaux en pleine mer (mai 1241) et en marchant sur Rome. Désormais, aucune réconciliation n’était plus possible : tandis que guelfes et gibelins se massacrent en Italie, Innocent IV fait déposer Frédéric II par le concile de Lyon en 1245. Accablé de fatigues et de soucis, l’empereur mourut cinq ans plus tard, sans avoir fait la moindre concession, et en laissant le pouvoir impérial extrêmement affaibli en Allemagne. Frédéric fut inhumé dans la cathédrale de Palerme  en février 1251. Il repose à côté de Constance d’Hauteville, sa mère, et de Constance d’Aragon, sa première épouse.
    Il fut le père des rois Conrad IV, Manfred et Enzio.
    Enzio fut un vaillant soldat : nommé par son père roi de Corse et de Sardaigne, vicaire général pour l’Italie, il sera capturé à Fossalta, le 26 mai 1249, par les Bolognais, et sera détenu en prison pendant 23 ans, jusqu’à sa mort survenue le 14 mars 1272.
    Frédéric II fut considéré dès son époque comme un personnage extraordinaire. Extrêmement cultivé, parlant plusieurs langues, il s’intéressait à tous les domaines de la connaissance, protégeait les arts et les sciences, aimait et cultivait lui-même les lettres. Palerme était sa résidence favorite. Il avait jeté en Sicile les bases d’un État laïque, dont l’organisation se reflète dans les Constitutions de Melfi (1231). C’était un chrétien mais, peut-être, pas assez respectueux de la papauté. En effet il fut excommunié deux fois et surnommé l’Antéchrist par ses ennemis.
    - Conrad IV, second fils de Frédéric et d’Isabelle de Brienne, avait été élu roi de Germanie en 1237, il devint empereur à la mort de son père et roi de Sicile en 1251. Le pape Innocent IV combattit son élection à l’Empire, lui opposa Guillaume de Hollande (mort en 1256), et fit prêcher une croisade contre lui. La vindicte du Saint-Siège continuait de s’abattre sur le Hohenstaufen. Chassé d’Allemagne en 1251, Conrad passa en Italie pour se faire reconnaître roi de Sicile. Il prit Naples, Capoue, Aquino, mais mourut pendant ses conquêtes, le 21 mai 1254. Il avait vingt-six ans. Il s’ouvrit alors dans l’Empire allemand ce que l’on appelle le Grand Interrègne, une période qui vit des élections successives d’empereurs rivaux et l’émancipation des grandes principautés allemandes.
    - Manfred, le demi-frère de Conrad IV, fils de Frédéric II et de Bianca Lancia, qui fut fait prince de Tarente à la mort de son père, qui fut régent d’Italie pendant l’absence de son frère Conrad IV, fut forcé d’abandonner la Sicile au pape Innocent IV en 1254. Mais il se rebella et, dès 1257, se rendit maître de toute l’Italie du sud et de la Sicile. Il se fit couronner roi de Sicile le 11 août 1258. Ce qui entraîna immédiatement son excommunication par le pape Alexandre IV. Manfred, prenant la tête de tous les gibelins d’Italie, envahit les États pontificaux, chassa Alexandre IV de Rome et s’empara de la Toscane. Pendant quelques années il établit un gouvernement énergique. Le pape Urbain IV prêcha une croisade contre lui et investit du royaume de Sicile Charles d’Anjou, quitte à ce dernier de conquérir son royaume. Charles d’Anjou, frère du roi Louis IX de France, fut trop heureux de cette aubaine de ceindre une couronne royale. Manfred fut vaincu et tué près de Bénévent le 26 février 1266. Sa veuve Hélène d’Épire, leur fille Fleurdelis et leurs trois fils, durement traités par les Français, moururent en prison.
    Manfred avait eu deux autres filles de Béatrice de Savoie sa première épouse : Constance, mariée à Pierre III d’Aragon, et Béatrice, mariée à Rainier Della Gherardesca puis à Manfred de Saluces.
    - Conradin, le fils de l’empereur Conrad IV, neveu de Manfred, avait perdu son père à l’âge de deux ans et fut élevé à la cour de Bavière. À la mort de Manfred, il fut appelé par les gibelins italiens pour disputer la péninsule à Charles d’Anjou. Il entra triomphalement dans Rome mais fut vaincu par Charles d’Anjou à Tagliacozzo, le 23 août 1268 et mis à mort après un simulacre de jugement. Il avait seize ans. Avec lui finit la dynastie des Hohenstaufen.
    Un jeune arabe de seize ans, né à Lucera, fils illégitime de Conrad IV, parfois appelé le « deuxième Conradin », reprit alors le combat contre Charles d’Anjou. Lucera était une ville arabe. Charles d’Anjou et Clément IV s’étaient rendu compte que ni Conrad, ni Manfred, ni Frédéric II lui-même, n’auraient pu résister aussi longtemps aux anathèmes pontificaux s’ils n’avaient pas été assurés du concours des garnisons arabes de la Capitanate. D’ailleurs la « Légion arabe » de Frédéric II était toujours en tête lors de l’entrée de ses troupes dans les villes et régions conquises. Charles d’Anjou envoya des troupes pour encercler Lucera. C’est au cours de ce siège que Conradin II fit l’admiration de tous. Il se révéla un guerrier de premier ordre. Le siège se prolongea pendant plusieurs mois mais la ville finit par capituler et être livrée aux flammes. Conradin et sa mère furent pendus tous les deux, sur l’ordre de Charles d’Anjou, devant les remparts de Lucera, en 1269. Charles d’Anjou était enfin roi de Naples et de Sicile. Jusqu’au lundi de Pâques 31 mars 1282, jour de la révolte de la population sicilienne qui restait très attachée au souvenir des Hauteville et des Hohenstaufen. Les Siciliens donnèrent la couronne à Pierre III d’Aragon, qui était l’époux de Constance, fille de Manfred. La Sicile resta dans l’orbite aragonaise suite à ce que la croisade organisée par Charles d’Anjou et le pape Martin IV ait lamentablement échouée.
    Michel Parisse a écrit  que « la fin de la dynastie des Staufen, en Italie du sud, fut sans éclat ». Elle fut en fait tragique et ignominieuse puisque la Papauté, Charles d’Anjou, et leurs alliés, ont éliminés consciencieusement tous les descendants de Frédéric II qui auraient pu relever la tête.
    L’empereur Frédéric II, Stupor Mundi, a laissé dans l’Histoire des traces ineffaçables et un prestige sans égal.

    « À propos du sarcophage trouvé à Bourg en 1820.Guillaume le Maréchal, le "meilleur chevalier du monde". »

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