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À propos des Germains.
À propos des Germains.
Sans l’œuvre des auteurs classiques, nous ne connaîtrions des cultures germanique et celte que ce que les fouilles archéologiques nous en ont révélé.
L’historien romain Tacite, qui vécut au Ier siècle de notre ère, a écrit un ouvrage capital sur les Germains, et Jules César, dans ses Commentaires de la guerre des Gaules, a livré d’importantes informations sur les Gaulois et leurs voisins du Nord.
Le Grec Strabon et les Romains Tite-Live et Pline l’Ancien ont également parlé des Germains, mais c’est l’œuvre de Tacite qui nous a révélé le plus de détails sur leur histoire, comme la révolte des Icènes, en [Grande] Bretagne, sous la conduite de leur reine Boadicée.
Outre les Annales, sa grande histoire de la Rome impériale, Tacite écrivit aussi Agricola, une vie de son beau-père, gouverneur de la Bretagne (Angleterre), et Germania, une longue étude sur les Germains. Ce dernier ouvrage, bien que sous-estimant selon toute vraisemblance le danger, fut peut-être rédigé pour mettre en garde les Romains contre la menace que représentaient les tribus germaniques, rassemblées en puissantes confédérations.
Tacite fournit une distribution géographique des divers peuples germaniques au premier siècle de notre ère.
En allant de l’ouest vers l’est, il y avait les Frisons (entre le Rhin et l’Ems), et les Chauques (entre l’Ems et la Weser) ; le Hanovre et l’Oldenbourg étaient occupés par les Chérusques et par deux autres tribus moins importantes, les Chasuaires et les Angrivariens ; les Lombards campaient sur la rive gauche de l’Elbe ; entre la Weser et le Rhin, la Westphalie et la Hesse étaient habitées par les Bructères, les Marses et les Chattes ; les Cimbres se trouvaient encore au Jutland et les Hérules dans les îles danoises ; au sud, sur les rivages baltiques, vivaient les Angles et les Saxons. Les Hermondures occupaient la plus grande partie se la Franconie et de la Thuringe. En Bohême se trouvaient les Marcomans ; les Bastarnes s’étaient peu à peu déplacés vers le Danube inférieur.
La première invasion connue des Germains fut celle des Bastarnes, qui menacèrent, au IIIe siècle avant J.-C., les cités grecques de la mer Noire. Au cours du siècle suivant, les Cimbres et les Teutons, sans doute venus du Jutland, envahirent la Belgique et la Rhénanie, en contraignant les Celtes du sud du Main à se replier sur la Suisse. Pendant le Ier siècle, d’autres Germains occupèrent des régions celtiques du Danube et de l’ouest du Rhin.
En 61 avant J.-C., conduits par Arioviste, les Suèves et les Séquanes tentèrent d’envahir la Gaule centrale, mais furent arrêtés par Jules César. Sous le règne d’Auguste, les Germains occupaient presque toute la région comprise entre le Rhin et la Weser, et continuaient de progresser en direction de l’est, s’avançant jusqu’à l’Elbe et la Vistule.
Jusqu’à la fin du IIe siècle après J.-C., les Germains avaient été plus ou moins contenus par les Romains sur le Rhin et le Danube. En 180, après une campagne de quelque vingt ans contre les Marcomans, l’empereur Commode dut leur accorder des avantages pour obtenir la paix. Au milieu du IIIe siècle, les Germains envahirent la Gaule et les Balkans, puis les Goths occupèrent la Dacie.
La politique de Rome, consistant à autoriser les tribus à s’installer à la périphérie de l’empire et à les payer pour protéger ses frontières, fut appliquée pour la première fois en 294, et, au cours du siècle suivant, de nombreux barbares s’établirent de cette manière sur des terres romaines.
À la fin du IIIe siècle apparurent trois nouveaux peuples ou confédérations de peuples : les Francs, sur le Rhin inférieur ; les Burgondes, dans la vallée du Main ; les Alamans dans le grand coude du Rhin supérieur (champs Décumates). Enfin les Goths, installés originellement sur la Vistule inférieure, se déplacèrent vers les rives de la mer Noire puis occupèrent la Dacie, d’où ils se répandirent vers la Thrace et la Grèce. Ce mouvement du nord vers le sud entraîna également les Gépides, installés au IIIe siècle en Transylvanie septentrionale, avec pour voisins occidentaux les Vandales. Au IVe siècle, la progression des Huns en direction de l’ouest déclencha la première vague des Grandes Invasions. En 406, la frontière du Rhin fut emportée, et, au cours du Ve siècle, les Wisigoths, les Vandales, les Ostrogoths, les Burgondes, les Francs constituèrent, par la conquête, des royaumes germaniques sur les ruines de l’empire d’Occident. Du fait de ces migrations, la Germanie, qui avait été momentanément submergée au milieu du Ve siècle par l’Empire hunnique d’Attila, fut occupée dans toute sa partie orientale, jusqu’à l’Elbe et la Saale, par des tribus slaves. Dans la Germanie occidentale, les principaux peuples qui subsistaient après les Grandes Invasions étaient les Saxons, les Thuringiens, descendants des Hermondures, les Alamans, et les Baiovarii.
Les peuples cités ci-dessous furent les principaux adversaires de l’empire romain à l’époque des grandes invasions.
- Wisigoths et Ostrogoths : descendants des Goths de l’Ukraine, ils fondèrent des royaumes en Italie, dans le sud de la Gaule et en Espagne.
La reconquête de l’Italie sur les Ostrogoths fut menée par les généraux byzantins Bélisaire et Narsès de 536 à 555.
Le dernier royaume wisigoth disparut suite à l’invasion arabo-berbère de 711 en Espagne.
- Vandales : bien qu’originaires de l’Europe de l’Est, ils fondèrent un État dans le sud de l’Espagne puis, en 428 ou 429, en Afrique du Nord. Ils disparurent de l’histoire après 534.
- Jutes, Angles et Saxons : venus de la péninsule du Jutland et du nord des Pays-Bas, ils envahirent le sud et l’est de la Bretagne [Angleterre], où ils s’établirent au Ve siècle.
Ils créèrent des royaumes qui formèrent par la suite l’Angleterre. Ils devaient être vaincus en 1066 et sortirent alors de l’histoire.
- Burgondes : parents des Goths, ils occupèrent, vers 400, la région du Rhin au Main et créèrent plus tard un royaume dans le nord-est de la Gaule. Attaqué par les descendants de Clovis, le royaume burgonde fut annexé à l’empire franc après la défaite et la mort de Godomar III en 534.
- Francs : venus de la rive droite du Rhin, ils s’établirent en Gaule, où ils fondèrent la dynastie des Mérovingiens.
Les Francs ont laissé leur nom à deux régions : la Franconie et, bien sûr, la France.
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