• Le premier royaume de l’heptarchie anglo-saxonne : le Kent.

    Il fut un temps où la Grande-Bretagne était  partie intégrante de l’Empire romain.  Jules César l’avait envahie en 55-54 avant J.-C.

     En témoignent les vestiges du mur d’Hadrien (commencé en 122) et ceux du mur d’Antonin (commencé vers  142).

    Ce  limes, avec ses deux murs situés dans l’actuelle Écosse et le nord de l’Angleterre, marquait la partie la plus septentrionale de l’Empire.

    Les peuples autochtones de cette région étaient certainement des tribus celtes : Brittoniques (Bretons), Pictes, Scots…  D’autres sont moins connus quant à leur classification, tels les Calédoniens qui sont mentionnés à la fin du IIe siècle. Il faut noter cependant que le nom de Calédonie a été donné par les Romains à toute la partie de la Grande-Bretagne située au nord du mur d’Antonin.

    Le siècle des Antonins, de 96 à 192, fut l’âge d’or de l’Empire romain.

    Les dernières troupes romaines quittèrent les îles britanniques en 407. Plusieurs royaumes se formèrent entre cette date et le début des invasions germaniques. On peut citer le royaume d’Alba et le Galloway  ( pictes), puis la Northumbrie, Lindsey, Galles (Bretons), et des États bretons assez rapidement disparus, sous la poussée des envahisseurs germaniques, tels Elmet, les royaumes d’Aurelius et de Constantin, la Domnonée.

    On situe vers 446 l’appel des frères Hengist et Horsa dans l’île de Bretagne.

    Les deux frères, venant du Jutland, auraient été appelés par le roi ou chef suprême (élu en 445) britto-romain Vortigern.

    En effet après le départ des légions romaines les Pictes et les Scots sont devenus plus hardis. Pour les combattre le chef breton Vortigern dut faire appel, vers 450, à des auxiliaires saxons. En échange de la protection de leurs épées il leur offrit des territoires. Hengist reçu la province de Kent. Mais les deux frères et leurs troupes se retournèrent contre leur employeur. Les envahisseurs devinrent de plus en plus nombreux. Le fils de Vortigern, Vortimer, reçut le commandement des troupes bretonnes mais fut défait et tué à une date inconnue. Vortigern mourut en 485, sans doute dans son château de Cambri , assiégé et incendié par ses propres sujets.

    Les Britto-romains durent s’exiler dans le Pays de Galles ou en Armorique, alors peu peuplée.

    Hengist est le fondateur du plus ancien royaume anglo-saxon connu : le Kent.

    Il fixa sa résidence à Cantorbéry et mourut vers 488. Son fils Oeric Oisc lui succéda à la tête du royaume de Kent de 488 à 512.

    Vers la même époque apparait le Sussex : le premier roi des South Saxons listé est Aelle, mort vers 491.

    La dernière victoire bretonne eut lieu en 500 au mont Badon.

    Des troupes d’Angles et de Saxons déferlèrent sur l’île par la suite.
    Les Angles conquirent les terres qui devinrent les royaumes de Deira et Bernicie, qui s’unirent pour former une seule entité : la Northumbrie.  A l’est se formèrent deux autres royaumes angles : la Mercie et l’East Anglia. Les envahisseurs saxons se taillèrent trois royaumes : Essex, Sussex et Wessex.

    Ceci est un résumé de la formation de l’heptarchie anglo-saxonne.

    Tout en luttant contre les Celtes de Galles et les Pictes d’Écosse, les royaumes anglo-saxons se livrent entre eux des luttes acharnées, l’hégémonie passe de l’un à l’autre, jusqu’à ce qu’au début du Xe siècle le Wessex s’assure définitivement la suprématie. Æthelstan est le premier à régner sur toute l’Angleterre en 927.

    Il fallut attendre 597 pour voir l’arrivée de missions romaines de christianisation, Augustin à Cantorbéry, la conversion du roi Æthelberht de Kent marié avec Berthe, fille de Caribert, le roi mérovingien de Paris. Avec ce mariage intervenu en 588 arrivent des missionnaires et un embryon de hiérarchie ecclésiastique. Par le mariage de la fille de Berthe et du roi Edwin, le christianisme gagne la Northumbrie.  Cantorbéry est le plus ancien évêché anglais et l’archevêque anglican de Canterbury porte toujours le titre de primat d’Angleterre.

    Un autre  royaume se forme peu à peu au nord de l’Angleterre : l’Écosse !

    En 843, le roi des Scots  Kenneth Ier Mac Alpin devenant aussi roi des Pictes du royaume d’Alba, la monarchie « écossaise » va unifier l’ensemble du pays, même s’il faut attendre Malcolm III Canmore (1058-1093, époux de sainte Marguerite, dernière descendante de la dynastie royale du Wessex) pour qu’une lignée royale soit bien établie.


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  • À propos des partages mérovingiens.

    On peut dire maintenant que les partages des royaumes mérovingiens avaient un caractère politique et rationnel. D’une part, les rois mérovingiens imitaient les empereurs de l’antiquité tardive tel Constantin qui avait partagé en trois son empire.

    D’autre part, en 511, Clovis Ier qui avait eu Thierry Ier d’une parente de Sigebert de Cologne, réserva à son fils aîné la « Francie rhénane » et l’Auvergne  qu’il avait conquises en 507. Il y ajouta la future Champagne avec Reims afin que la capitale de Thierry soit proche de la capitale des autres frères, Soissons, Orléans, Paris. Enfin, il est vraisemblable que l’on a cherché à ce que chaque frère ait des revenus fiscaux égaux. En dépit de ces partages, il y a un seul regnum Francorum mérovingien qui reste entre les mains d’une même famille de 511 à 751. Dans chaque royaume malgré les guerres civiles, les institutions sont les mêmes, ce qui favorise l’unification du regnum lorsqu’il n’y a qu’un seul héritier, Clotaire Ier, Clotaire II, Dagobert Ier ou lorsque les maires du palais au VIIIe siècle réunissent les mairies des trois parties du royaume : Neustrie, Austrasie, Bourgogne.

    Ce sont les travaux des historiens Eugen Ewig et Karl Ferdinand Werner qui ont montré la rationalité de ces partages.

    Car, avant eux, on s’était beaucoup moqué des partages des rois mérovingiens en disant que ces princes considéraient leurs terres comme une propriété familiale et n’avaient pas le sens de l’état.

    Pour les lecteurs français les livres d’Eugen Ewig  sont difficilement accessibles car écrits en allemand.
    Par contre je ne puis que recommander  « Les Origines » de Karl Ferdinand Werner, qui est le premier tome de l’Histoire de France, sous la direction de Jean Favier, paru chez Fayard en décembre 1984 ; et qui demeure à mes yeux une référence.
    Le chapitre XII de ce livre, page 311 à page 333, est très éclairant et pédagogique sur les mérovingiens.

     


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