• GUILLAUME le Pieux (ou le « Débonnaire »).

    Duc d’Aquitaine, né vers 850 et mort en 918. Comte d’Auvergne en 885, comte de Mâcon, abbé laïque de Saint-Julien de Brioude. L’abbaye de Brioude lui est donnée par le roi Eudes le 28 mai 893.
    Fils de Bernard Plantevelue et d’Ermingarde, il reconnut Charles III le Simple comme roi en 898. Il chercha à adoucir le sort de ses sujets par de sages règlements. Avec sa femme Engelberge il fonda l’abbaye de Cluny en donnant le 2 septembre 909 la villa de Cluny à Bernon, abbé de Baume, pour y fonder un monastère de douze moines. C’est en 909 également que le titre de Dux Aquitanorum est donné pour la première fois à Guillaume.
    Pendant plus de vingt-cinq ans il resta sinon le maître, du moins le seigneur le plus puissant en Aquitaine. Il semble aussi que ce soit l’avant-dernier, ou le dernier, à avoir porté le titre de comte de Bourges. Guillaume le Pieux a posé des bornes sévères au pouvoir royal d’Eudes : il le soutient mais lui interdit toute intrusion dans sa principauté.
    En 927 le titre de comte de Bourges a disparu laissant la place à des vicomtes vassaux de l’archevêque de Bourges.
    Son autorité s’étendait de la Bourgogne au Toulousain en passant par le Languedoc, le Berry, l’Auvergne, le Velay, le Mâconnais, l’Autunois, le Gévaudan et la région de Lyon en partie.
    Cette grande principauté connut son apogée sous Bernard Plantevelue, son père, à qui il succéda. 
    Il mourut en 918 sans enfant. Ses neveux, fils de sa sœur Adelinde et d’Acfred (de Carcassonne ?) lui succédèrent dans le duché aquitain. D’abord Guillaume II le Jeune de 918 à 926, puis Effroi (Acfred) en 926 – 927. 

    Guillaume avait une autre soeur, Ava, religieuse.

    La mort du duc Acfred pendant l’été 927 donne le duché d’Aquitaine au comte de Poitiers Ebles Manzer, qui reconnaît le roi Raoul.
    Il faut noter que l'ancêtre présumé des sires de Bourbon semble avoir été un familier de Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine, nommé Aimard. En 915, il abandonna au monastère de Cluny sa terre de Souvigny. L'avouerie du prieuré créé en ce lieu fut le premier fondement de la puissance des descendants d'Aimard.

    Mais qui était ce Guillaume ?
    Il appartenait à la famille des Wilhelmides, connue depuis le comte d’Autun Thierry époux d’une fille de Charles Martel (Aldane),  alliée aux Pépinides ainsi qu’aux Bosonides.

    Le père de Guillaume se nomme Bernard Plantevelue (né en 841 et mort en 886) et sa mère Ermengarde, fille de Bernard « le Vieux » comte d’Auvergne.

    Son grand-père paternel est Bernard de Septimanie dont l’épouse Dhuoda nous a laissé un curieux manuel (Liber manualis) rédigé entre 841 et 843 pour son fils Guillaume âgé de seize ans, manuel du parfait aristocrate et du parfait chrétien.
    Bernard de Septimanie était fils de Guillaume de Gellone et de Guibourg. Il fut installé en 826 en Septimanie par Louis le Pieux et libéra Barcelone en 827. Il fut l’ami et le conseiller de Louis le Pieux et de l’impératrice Judith. En 841, après la défaite de Pépin II d’Aquitaine à Fontenay-en-Puisaye, il se réconcilie avec Charles le Chauve. Mais de nouveau partisan de Pépin II, il se révolte et fut exécuté par Charles en 844 à Toulouse. Il eut de Dhuoda deux fils : Guillaume et Bernard Plantevelue.

    Guillaume de Gellone (755-812), fils et frère de comtes d’Autun, fut membre de l’entourage de Charlemagne, duc d’Aquitaine, se montra un excellent chevalier chrétien pendant la campagne contre les Sarrasins dans le Midi de la France. Il fut d'abord défait à l'Orbieu en 793 puis s'empara de Barcelone en 801. En 804, il fonda un monastère à Gellone, où il demanda des moines pour peupler sa fondation, où il se retira comme frère lai en 806.
    Après sa mort l’établissement prit le  nom de Saint-Guilhem-du-Désert. Guillaume fut canonisé en 1066.

    La femme de Guillaume le Pieux, Engelberge, était la fille de Boson roi de Provence-Viennois en 879, mort en 887, et beau-frère du Carolingien Charles le Chauve. Ermengarde, la femme de Boson et mère d’Engelberge, décédée en 896, descendait de l’empereur Lothaire Ier.
    Le frère d’Engelberge est Louis l’Aveugle roi de Provence en 890, roi d’Italie en 900, et enfin couronné empereur en 901. Mais son compétiteur Béranger le chasse et le fait aveugler. Il revient à Vienne laissant le gouvernement à Hugues d’Arles. Il épousa Anne, princesse byzantine dont il eut Charles-Constantin et mourut en 928.

    Guillaume le Pieux était donc d’une famille de grande noblesse dont les honneurs multiples provenaient de sa fidélité aux Carolingiens. Certains Wilhelmides – Bernard de Septimanie en est l’exemple - connurent cependant des difficultés liées aux péripéties dues à la fragmentation de l’empire de Charlemagne au IXe siècle. Guillaume le Pieux maintint sa souveraineté en Aquitaine par les armes et par la diplomatie, en particulier lors du règne du Robertien Eudes de 888 à 898. Ce sera plus difficile pour ses neveux face à Raoul de Bourgogne.
    Richer raconte qu’en Aquitaine le princeps Guillaume le Jeune « dédaignait de se soumettre à l’autorité du roi Raoul ».

    Le contexte.
    En 877, Louis le Bègue, roi d’Aquitaine, ayant succédé à son père Charles le Chauve, il n’y a plus de royaume au sud de la Loire. Bernard de Gothie, en révolte contre Louis, refuse de le reconnaître et, nous dit un chroniqueur, « se comporte véritablement en roi ». Mais sa tentative est trop précoce et l’autorité des Carolingiens encore effective. Ses « honneurs » sont distribués entre plusieurs familles dont celle de Bernard Plantevelue et celle de Bello de Conflent. Bernard Plantevelue possède des biens et des hommes dans le Berry, l’Auvergne, le Limousin, le Rouergue et même en Bourgogne. Moins audacieux que Bernard de Gothie ou que Boson, et sans doute rendu prudent par les tristes fins de son père et de son frère, il meurt en 886, fidèle au souverain légitime.
    Son fils Guillaume le Pieux conserve la plus grande partie de l’héritage sauf le Toulousain et la Gothie qui reviennent à la famille raymondine. Pendant vingt ans celui qu’on appelle le « duc des Aquitains » est le suzerain de la plupart des seigneurs d’Aquitaine. Un des seuls qui préfèrent se commander au roi est Géraud d’Aurillac, fils d’un grand seigneur d’Auvergne.
    Ramnulf II de Poitou, parent des Carolingiens et cousin de Guillaume, aurait pu être un rival sérieux mais il meurt en 890, laissant un enfant en bas âge, Ebles Mancer. Le frère de Ramnulf, Ebles, abbé de Saint-Germain qui s’est illustré pendant le siège de Paris, et Guillaume le Pieux, défendent les intérêts de l’héritier contre les interventions du roi Eudes.
    Guillaume n’ayant pas d’enfants laissa en 918 ses domaines à son neveu Guillaume le Jeune qui avait signé avec lui l’acte de fondation de Cluny.


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