• François Bonnaffé.

     

    François Bonnaffé, fils d'Estienne Bonnaffé et de Françoise Calmels, est né à Lacaune le 27 décembre 1723 et a été baptisé le 29 décembre 1723 à l'église de Lacaune.

     

    Arrivé à Bordeaux en 1740, simple commis négociant au salaire de 300 livres par an, il possède lors de son mariage avec Jeanne Boyer, le 1er juillet 1756, alors qu’il est devenu négociant et armateur, 200 000 livres de capital mobilier. Le 13 septembre 1775 il est reçu comme bourgeois de la ville de Bordeaux. Sa flotte sillonnait alors l’Atlantique, puisque de 1768 à 1777, il expédia trente-sept navires, soit presque six navires chaque année, et de 1783 à 1792, vingt-six quittèrent à nouveau le port de Bordeaux. Il s’était spécialisé dans l’exportation de vin et de farines de l’arrière-pays bordelais vers les Antilles, et dans l’importation de sucre, de café et d’indigo réexpédiés en France et dans toute l’Europe, ce qui lui assura une immense fortune. La réussite était le fruit d’un travail continu et acharné, elle nécessitait des talents et un peu de chance. François Bonnaffé eût beaucoup de chance, ce qui lui valut d’être surnommé « l’Heureux ».

     

    François Bonnaffé avait déjà acheté, le 29 octobre 1758, un bourdieu de campagne sur la paroisse du Bouscat, mais, vingt ans plus tard, il jette son dévolu sur des domaines d’une autre ampleur, situés dans la partie septentrionale de l’Entre-deux-Mers. Le domaine de Feuillas, à Saint-Louis-de-Montferrand, lui coûte, en 1774, 245 000 livres, somme qu’il versa à la vendeuse, Marguerite de Verteuil, veuve Rostéguy de Tastes. [Le Domaine Feuillas- Saint-Clément est une ancienne maison de maître située sur les rives de la Garonne, dont aujourd’hui il ne reste qu’une partie des murs qui entouraient le domaine et quelques bâtiments en ruines dont celui du corps de ferme]. Il écrit "Nous partons après demain pour aller faire vendange jusqu'à la my novembre" dans son grand bourdieu de Montferrand [23 septembre 1777].

     

    Puis en janvier 1782, le conseiller au Parlement Jean de Fauquier lui cédait pour 130 000 livres le bourdieu de Lacone situé de l’autre côté de la presqu’île, à Ambès. En ajoutant d’autres petits achats, c’est 425 000 livres que François Bonnaffé avait investi pour 175 journaux dans cette zone de la presqu’île qui produisait des vins forts et colorés, plus aptes à supporter le voyage vers les îles.

     

     

     

    En 1780, le richissime armateur bordelais avait acheté trois maisons contiguës situées place de la Comédie pour la somme de 111 000 livres (équivalent à 1,25 million d'euros). Il les fait détruire et confie à l’architecte bordelais Étienne Laclotte le soin de bâtir un hôtel digne de son immense fortune. Sa construction commence en 1783 et s’achève en 1785 (Photo actuelle).

     

    Le 23 septembre 1782, François Bonnaffé acheta à la famille de Talleyrand l'hôtel Richelieu et « les trois maisons attenantes pour la somme de 212.400 livres, il le fit restaurer en 1784 par l’architecte Laclotte ». En 1791, année de la mort de sa femme, sa fortune s’élevait à quinze millions de livres, sans compter plusieurs navires, les deux domaines d’Ambès et de Saint-Louis-de-Montferrand, vingt-trois maisons en ville et l’îlot Bonnaffé, la « Grande Maison » qui existe encore aujourd’hui.
    L’engagement des Bonnaffé dans le sauvetage de la maison Romberg, Bapst et Cie, intervenu en 1789, fut grave pour la suite de leurs affaires. En effet à la liquidation définitive, en 1807, de la société Romberg, Bapst et Cie, les pertes de la maison Bonnaffé montaient à près de 780 000 livres.

     

    Onze enfants étaient nés du mariage de François Bonnaffé et de Jeanne Boyer, dont sept parviendront à l'âge adulte (5 filles et 2 garçons).

     

    La Révolution et la Terreur, l’insurrection de Saint-Domingue, se succédant tour à tour, anéantirent plus des trois quarts de son immense fortune. En 1793,le vieil armateur faillit trois fois monter sur l’échafaud et ne dut son salut qu’à l’énergie et à la présence d’esprit de son fils Jean de Lance.

     

    Il mourut le 13 août 1809, âgé de 85 ans, sur le balcon même de sa maison, face au Grand-Théâtre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Pey Berland.


    Pey Berland est un homme d'Église français des XIVe et XVe siècles. Il fut archevêque de Bordeaux de 1430 à 1456.

    Il naquit, vers 1375-1380, à Saint-Raphaël (sur la commune d'Avensan) dans le Médoc. Sa famille avait des terres, des prés, des bois dans les paroisses d’Avensan, Moulis, Castelnau. Son père était un cultivateur aisé.
    Raimond de Bruges, un notaire, lui enseigna dans sa jeunesse les rudiments du savoir.
    La mort de son père dispersa la famille : la mère regagna Moulis, son village natal ; le frère aîné, issu d’un premier mariage, prit l’exploitation en charge ; le jeune Pey (Pierre) fut placé à Bordeaux afin de recevoir l'enseignement nécessaire à la profession cléricale. Puis, il fut envoyé à l'université de Toulouse, dont il rapporta le grade de bachelier en droit canon.  L'archevêque Francesco Uguccione le prit à son service, lui procura une chapellenie dans l’église des Carmes, et, en 1410, le nomma chanoine de Saint-André. Le décès de son mentor, cardinal depuis 1405, laissa en 1412 Pey Berland à ses seules forces. D’Italie il partit pour la Terre Sainte.  Rentré à Bordeaux, il se fit confier par le chapitre la cure de Bouliac,  à laquelle étaient liées les paroisses de Quinsac et de Lormont.
    Puis, après avoir eu la responsabilité de secrétaire et de trésorier adjoint du chapitre, il fut élu le 13 août 1430 archevêque de Bordeaux, succédant à David de Montferrand.

    Cet archevêque marqua l'histoire de la ville de Bordeaux au Moyen Âge par son action sacerdotale intense.
    Pey Berland lutta pour rétablir l'image de l'Église dans son diocèse. C'est ainsi qu'il fit entreprendre la réfection de l'église paroissiale de Bouliac. Il tint également à faire placer des bas-reliefs dans l'église Saint-Pierre d'Avensan, mais le plus fameux monument qu'il fit élever reste la célèbre tour qui porte son nom, commencée le 6 octobre 1440, derrière l'abside de la cathédrale Saint-André à Bordeaux.
    La fondation de l’université de Bordeaux lui est due en grande partie. La bulle du 7 juin 1441, datée de Florence, concédait à Bordeaux un studium generale, qui comprendrait toutes les Facultés ; elle remettait à l’archevêque, nommé chancelier, et, après lui, à l’archidiacre du Médoc, qui hériterait de cette fonction, le soin de conférer le baccalauréat, la licence, le doctorat aux candidats qui en auraient été jugés dignes. Les privilèges des professeurs et des élèves, les conditions de la scolarité étaient les mêmes qu’à Toulouse.

    D’un  point de vue politique, membre de la Cour souveraine de Gascogne, il signa, au nom du roi d’Angleterre, deux trêves successives entre Charles VII et les Anglo-Gascons.  Ce fut encore lui qui traita de la première capitulation de Bordeaux, en 1451,  avec les lieutenants du roi de France, aux conditions les plus avantageuses pour ses diocésains. Il fut à nouveau leur médiateur en 1453, mais Charles VII se montra beaucoup plus intransigeant. Pey Berland ne joua plus aucun rôle politique, et se démit de son évêché en 1457. Il mourut le 17 janvier 1458. 




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  • Le château Sainte-Barbe à Ambès.


    Le 20 septembre 1712, Isabeau Nouguès, femme de Pierre II Drouillard,  donne à son fils Pierre [III] Drouillard la maison noble de Sainte-Barbe. Isabeau de Nouguès, fille de Jacques de Nouguès et d’Isabeau Bernard, a épousé Pierre Drouillard le 21 septembre 1675. Jacques Nouguès, présenté comme faisant partie des « trois plus importants bourgeois et marchands de Bordeaux »,  s'est marié quatre fois, et a eu plusieurs enfants. Mais il n’a eu qu’une fille, Isabeau de Nouguès, de son troisième mariage avec
    Isabeau Bernard. Si le lieu de Sainte Barbe est mentionné dès le XIVe siècle, il semble que le château apparaît au XVIIe siècle dans les textes et au XVIIIe siècle les cartes mentionnent sa chapelle et son embarcadère.
    Vers 1765, un registre cite la maison noble de Fourmigley autrement dit Sainte Barbe, que Jean-Baptiste Lynch, maire de Bordeaux, aurait fait rebâtir à cette époque.
    On ne sait pas si le fief de Sainte-Barbe venait de la famille Nouguès ou de celle de Bernard. La famille Nouguès  avait fait beaucoup d’affaires au XVIIème siècle dans le commerce maritime [avec les îles et l’Amérique] sous l’impulsion de Colbert. Pierre III Drouillard
    (1681-1729), négociant, banquier, et jurat perpétuel de Bordeaux fut marié avec Marguerite Valtrin, dont il eut un fils, Pierre Jacques Drouillard marié avec Marie de Gombault, et une fille Élisabeth Drouillard,  épouse de Thomas Lynch, écuyer, seigneur de Fourmigley, négociant.
    [Thomas Michel Lynch, seigneur de Fourmigley (paroisse
     de Montferrand) meurt le 4 octobre 1783.]
    Leur fils, le célèbre comte Jean-Baptiste Lynch (1749-1835), épouse en 1779 Marie-Claire Leberthon.
    Le château actuel, demeure du XVIIIe siècle (1760-1770) représentative des édifices construits sur les bords de la Garonne par les notables bordelais, a été construit en 1760 par Victor Louis, célèbre architecte du Grand théâtre de Bordeaux, pour Thomas Lynch et Élisabeth Drouillard.
    Vers 1814, il aurait été acquis par Claude Blanchard, époux de Françoise Ouvrard  (née en 1772), sœur de Gabriel-Julien Ouvrard. On sait que, de 1798 à 1804, Ouvrard eut pour maîtresse Theresia Cabarrus qui lui donna plusieurs enfants.
    La famille Maingard, dont le blason est « D'or à une fasce de gueule, au chêne arraché de sinople, brochant sur le tout et fruité de deux glands pendants sur la fasce », et la devise « Ut rupes nostra », se serait implantée sur le domaine en 1844. La présence de la famille Maingard y fut constante pendant plus de 150 ans.

    Les grilles du portail principal sont ornées du monogramme M (Maingard).
    À la fin du  19e siècle, entre 1884 et 1886, un parc y fut créé, les dépendances agrandies, et la décoration intérieure revue.
    Le château Sainte Barbe, domaine viticole, est inscrit aux monuments historiques depuis le 23 septembre 1996.
    Monsieur le comte Alain Maingard fut élu maire d’Ambès en juillet 1910 et réélu le 30 novembre 1919.Il laissera sa place en mai 1925, où il ne se représente pas aux élections municipales.
    [La société Monsieur Guy Maingard a été fermée le 19 avril 2000.]

    Antoine et Lucy Touton rachètent le domaine en 1999, celui-ci était dans un état terrible, au point que les derniers millésimes n'avaient même pas été ramassés. Les propriétaires d'alors, de la famille Maingard, avaient un âge avancé et n'avaient plus l'énergie nécessaire pour un bon entretien. Dès que le domaine a été repris en avril 2000, les Touton se lancent alors dans une longue rénovation des bâtiments et des vingt-huit hectares de vignes en production de la propriété, d’une superficie totale d’une centaine d’hectares.

    Le Château Sainte-Barbe est devenu en 2013 la propriété de la famille de Gaye.
    Brice de Gaye en est le dirigeant actuel.


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  • Le château de Vertheuil est un des rares édifices à posséder des constructions du tout début du XIIe siècle, ou même de la fin du siècle précédent.

    Le premier seigneur connu de Vertheuil est Girald de Vertheuil qui confirme des donations en 1081. Au début du XIIe siècle, la seigneurie est aux mains de la famille de Bourg. Ainsi en 1108, Guitard de Bourg, seigneur de Vertheuil, est témoin de la fondation du prieuré de Mansirot, près de Lesparre. Au début du XIIIe siècle, Jean de Bourg en est le seigneur, et son fils Guitard, fils de Jean et de Rose de Verteuil, en hérite en 1254. Marié avec Thomasse de Gombaud de Vayres, il fut un personnage important, et eut un rôle majeur dans la vie politique de l’époque, puisque de 1254 à 1287, il fut maire de Bordeaux (du 3 mai 1277 au 30 mai 1278), prévôt de Bayonne, lieutenant du Sénéchal en Bordelais et Bazadais, puis dans les Landes et enfin sénéchal de Saintonge. Mort le 6 janvier 1287, il eut une fille qui épousa en premières noces Ayquem Guilhem IV de Lesparre. Veuve en 1286, elle épouse en secondes noces le 15 janvier 1288, Amanieu VII d’Albret, à qui elle apporte ses possessions dont Vertheuil. Amanieu VII d’Albret est un personnage renommé, fidèle à la cause anglaise, il va plusieurs fois en Angleterre de 1282 à 1303, puis en 1307 comme représentant du pape Clément V. Cependant Vertheuil est délaissé, car la résidence préférée des époux devient en ce début du XIVe siècle le château de Castelnau de Cernès. Vertheuil est transmis en premier à Guitard puis à son décès à son frère Bérard Ier. Les Albret, suivant leur position en faveur de tel ou tel parti, se virent confisquer certains de leurs biens. Ainsi Vertheuil fut attribué à des seigneurs fidèles serviteurs de la couronne d’Angleterre. Le sire d’Albret ne recouvre sa seigneurie de Vertheuil qu’après 1453. Ni Charles, ni Alain d'Albret ne semblent avoir été très présents à Verteuil, ces grands seigneurs se faisaient représenter par un procureur, comme, par exemple, Pierre du Chesne, écuyer et capitaine du château en 1455. En 1486 (1487 ?), Alain d’Albret la vend pour 8 000 francs bordelais à Pierre de Bosco, vicaire général de l’archevêché de Bordeaux. Le 20 octobre 1489, il la lègue en totalité au chapitre cathédral de Bordeaux qui en restera le maître jusqu’à la Révolution.

    Le 6 août 1490 les chanoines donnèrent procuration à l'un des leurs, Jean Dubosc, archidiacre de Blaye, pour administrer la seigneurie de Verteuil. Vers 1550, le château a été intérieurement saccagé. Durant la Seconde guerre mondiale, il a été occupé par les Allemands et le maquis.

    D'après :

    1-Jean-Luc Harribey (dans l’album Léo Drouyn en Médoc, 2003).

    2-Fançoise Bériac, article "Seigneurs et tenanciers des alentours de Vertheuil vers 1490-1500" (Soulac et les pays médocains, Bordeaux 1989).


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  • Le château de Thouars à Talence.

     


    Le château et le domaine de Thouars occupent en partie  l’emplacement de l’ancienne bastide de Baâ, fondée à la fin du  XIIIe siècle dans la forêt royale par l’évêque de Bath. Elle était un des symboles de la puissance anglaise en Guyenne sous Edouard III d’ Angleterre. Le domaine était alors la propriété de Robert Burnell, nommé évêque de Bath en 1275. En  1286, Édouard Ier  (1239-1307), roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, décide de créer une bastide dans la forêt royale de Talence.

    La construction dure du 10 février 1287 au mois de juin 1288. Pour diverses raisons, cette bastide, nommée Baâ, périclite rapidement. Au XIVe et XVe siècle, un pavillon de chasse servant de rendez-vous de chasse aux rois d’Angleterre fut édifié.
    Anoblie et fortifiée, deux tours subsistent des quatre de la construction primitive, la demeure devint seigneurie  au XVIe siècle.
    Selon une tradition rapportée par des historiens de la fin du 18e et du 19e siècle (Baurein et Guillon principalement), le château de Thouars ou castellum Toarcis était le lieu où les rois d’Angleterre allaient prendre le plaisir de la chasse du temps où la Guyenne appartenait aux Plantagenêts. Un château a pu être édifié à proximité de la bastide de Baâ qui ne connut qu’une brève existence aux XIIIe et XIVe siècles.

    Au XVe siècle les propriétaires connus furent Bernard de Lesparre, son fils Lanselot, puis le noble François Vacquier.
    C’est alors qu’apparaît la famille d’Agès, connue à Bordeaux depuis le tout début du XVe siècle. Elle est du parti anglo-gascon. Bertrand d’Agès a participé à la « male jornade » du 1er novembre 1450, puis à la bataille de Castillon, le 17 juillet 1453. Fait prisonnier, il mourut peu après en captivité à La Rochelle. Les biens de la famille furent confisqués et remis à Jehan Bureau, trésorier de France, qui les céda à Louis XI. Celui-ci les restitua à la famille d’Agès en 1462, mais un long procès, qui les opposait aux Albret, dura 32 ans avant qu’ils puissent jouir à nouveau de leurs biens.
    Le 24 juillet 1505, anoblissement de la maison de « La Mothe de Thouars »  qui se transforme en maison forte. Pierre II d’Agès (écrit Dagès), seigneur de Saint-Magne, panetier ordinaire du roi en 1501, devient seigneur de la maison de Thouars. Il est sous-maire de Bordeaux.
    Marié à Demoiselle Philippa de Saint-Gelais, il est vassal des « seigneurs jurats » de Bordeaux, auxquels il rend hommage.
    A partir de 1502, la famille va connaître une rapide ascension en la personne de Pierre II. Panetier ordinaire du roi en 1501, il est admis à la Cour puis assume, à partir de 1525, des ambassades importantes. Le 18 juin 1530 Louise de Savoie, la mère du roi François Ier, dut s'arrêter à Thouars où la maladie l'immobilisa.
    Le 11 juillet 1530, c’est Thibaud d’Agès qui reçoit la reine Éléonore de Habsbourg, dite d’Autriche (1498-1558), seconde épouse de François 1er et les deux enfants du roi qui reviennent d’Espagne. La reine est la sœur aînée de Charles Quint. Pierre II d'Agès reçoit en effet à Bordeaux la reine Eléonore d’Autriche, épouse de François Ier, et ses fils. Il est sous-maire à Bordeaux à plusieurs reprises. En 1544, des documents conservés aux Archives départementales de la Gironde révèlent qu’il fit entreprendre l’édification de divers bâtiments sur ses terres de Thouars. Il confie les travaux à deux maçons Guillon de Brey et Jacques Ardoyn moyennant 9 sols tournois par brasse de muraille, une pipe de froment, une barrique de vin, un pourceau, des fagots et du bois, le logis et un demi-boisseau de fèves. Le chantier occupa alors 12 ouvriers.
    En 1556, le fils du propriétaire de la maison noble de Thouars est poursuivi pour crime d’hérésie.

    En 1551 et 1554 : Pierre d’Agès est qualifié seigneur de Saint-Magne, Thouars et La Motte Saint-Sulpice (actuelle commune de Saint-Sulpice-et-Cameyrac).
    En 1557, René d’Agès succède à Pierre II. René d’Agès est mentionné « seigneur de Touars et de la Motte-Saint-Sulpice » dans un acte de juin 1561.Toujours en grande faveur à la Cour, il reçoit entre le 3 et le 9 avril 1565, Charles IX et le futur Henri IV. Mais René d’Agès est inquiété un certain temps en raison de l’aide qu’il apporta aux Protestants. Toutefois ses relations étouffèrent rapidement cette disgrâce. Au XVIIe siècle, l’histoire de la maison noble de Thouars est complexe.
    En 1587, Henri IV, roi de France, aurait séjourné au château.
    En 1623, la seigneurie est cédée par « adjudication judiciellement faicte aux Requestes du Pallais du Parlement à Bordeaux » à dame Anne d’Olive. Cet acte marqua le début d’interminables procès. Thouars resta aux héritiers de François d’Agès qui continuèrent à se disputer le domaine. En 1629 « les sieurs d’Ages avaient fait une assemblée dans la maison de Thouars de 25 à 30 gentilhommes et de 50 à 60 soldats armés de pistolets, arquebuses et mousquets… ». En 1637, un acte décida que le domaine restait indivis. Puis on recommença à plaider pendant près de 50 ans. En 1684, Eleonor d’Agès gagna ce long procès et rendit hommage pour la baronnie de Thouars. En 1692, la seigneurie fut acquise par Jacques Demons « conseiller du roi en la Cour de Parlement de Bordeaux et commissaire aux requêtes du Palais ». Il meurt en 1720 « dans sa maison, sur les fossés du Chapeau Rouge ». Du vendredi 17 mai 1720 : Mme la présidente de Gourgue [Marie de Mons, épouse de Michel-Jean de Gourgue] a accouché à midi dans sa maison de campagne de Thouars d'une fille [Marie], très heureusement (Mémorial de Labat de Savignac). Pendant une cinquantaine d’années, les documents font défaut. C’est cependant au cours de cette période que l’on peut situer d’une part des projets d’aménagement du parc : création de boulingrin dont les dessins sont conservés aux Archives municipales de Bordeaux et décoration d’une fontaine par une statue de Vénus debout sur une coquille et d’autre part, l’édification de la façade nord, plaquée sur une courtine beaucoup plus ancienne. En 1771, messire Michel-Joseph de Gourgues, président au Parlement de Bordeaux achète Thouars par contrat.
    Le domaine est acquis en 1771 par le président Lalanne qui meurt en 1774. Ce qui voudrait dire que M.-J. de Gourgues l’aurait acquis puis s’en serait dessaisi immédiatement ( ?). L’exécuteur testamentaire du président Lalanne est le chevalier Le Comte, captal de La Tresne. M. Ferrus décrit la cérémonie d’hommage que le captal rendit aux jurats bordelais, le 12 juillet 1777. « Il reconnaît tenir Thouars et ses dépendances, s’étendant sur les paroisses de Talence, Gradignan et Villenave dans les juridictions et comté d’Ornon, sous la redevance d’un épervier volant d’hommage tous les 29 ans. N’ayant pu se procurer l’épervier, il prie les seigneurs d’accepter, au lieu et place de l’oiseau, une paire de gants brodés. » Après la mort du marquis de La Tresne en 1782, son héritier « chevalier de Malthe » conserve quelques années le château puis il le cède à M. de Galatheau. Celui-ci le vend en 1788 pour 50 000 livres tournois à Mr Jean Tarteiron de Saint Remi, membre d’une famille protestante, originaire du Languedoc, qui avait bâti au XVIIIe siècle une grande fortune dans l’armement. Cette vente entre une famille de parlementaires et une famille de négociants illustre bien l’appropriation des grands domaines par le négoce avant la Révolution. Le début de la Révolution fut marqué par un événement typique de cette période : les paysans envahirent le château, s’y livrèrent au pillage et firent un autodafé du lit où Charles IX avait couché. En 1795 est percée à travers le bois de Thouars la première route joignant Talence à Villenave-d’Ornon. En 1822, Jean Tarteiron est inhumé dans sa propriété de Thouars. Jean Tarteiron laisse à sa mort en 1822 une succession de 364.458 F. Elle comprend 50.458 F de biens mobiliers, deux maisons et une écurie à Bordeaux (89.000 F), son domaine de Thouars (80.000 F) et un domaine à Saint-Estèphe (145.000 F). En 1835, Mme Tarteiron fit relever les tours du château. Celui-ci devint ensuite la propriété de Charles Balguerie en 1859. Les Balguerie firent appel à l’architecte Pierre-Charles Durand. Les travaux de restauration en firent un château « mi-gothique, mi-moderne, ce qui constitue un amalgame bizarre » (Aurélien de Sarrau). Puis la marquise du Vivier (Madeleine Lawton ?), mentionnée en 1913 lors de la description d’une stèle grecque découverte dans le parc du château, et Théodore d’Ornellas furent les propriétaires suivants. Durant la Grande Guerre, le domaine a été réquisitionné par les Anglais qui l’ont transformé en hôpital de campagne. Durant la seconde guerre mondiale, les Allemands l’ont réquisitionné à leur tour. En 1957, la ville de Talence se porte acquéreur du domaine de 70 hectares et du château pour la somme de 70 millions d’anciens francs. En 1958, elle accorde trois hectares et demi au Comité du logement des Anciens Combattants et Victimes de Guerre qui y édifie 87 maisons abritant 350 personnes. Talence compta ainsi un nouveau quartier : celui de Thouars.
    Jusqu’en 1981 le château abrite un hospice de vieillards.
    La bâtisse a été rénovée en 1999.
    Le château abrite aujourd’hui une pépinière d’entreprises ainsi qu’un lieu d’accueil parents-enfants.


     


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