• « Les Français sont des gens très orgueilleux, très courageux et gaillards. Dans le combat, ils ne font pas de quartier mais tranchent la gorge. Ils portent de grandes pantoufles aux pieds et fort larges, et leurs étriers sont fort longs. Ils ont des bottes qui montent jusqu’aux cuisses, de grands chapeaux sur la tête et des habits courts à larges manches. Ils sont enclins à la luxure et mangent et boivent volontiers. Bref, c’est une race fort déréglée. »

    Ce passage est extrait de « Histoire de la conquête de Naples par le roi Charles VIII » du chroniqueur vénitien Marino Sanudo (1466 – 1535).


    1 commentaire
  • Les ancêtres de Diane de Poitiers.

    La lignée féodale des Poitiers prend son essor dans l’ancien marquisat de Provence. Il provient de la possession d’un repaire fortifié dans la région de Mirabel au pays des Baronnies, le Castrum Pictavis, appelé Peytieu en langue locale et en français Poitiers. Quelques vestiges du château de Peytieu subsistent sur un éperon rocheux dominant Châteauneuf-de-Bordette, dans la Drôme, canton de Nyons.
    Au XIIe siècle, les Poitiers sont déjà comtes de Valentinois et de Diois. Guillaume de Poitiers est reconnu en 1163 par le comte de Toulouse, également marquis de Provence, comme comte de Valentinois. Cette dignité lui est attribuée également en 1178 par l’empereur Frédéric Ier Barberousse qui lui concède une partie de la perception des péages de Valence à Montélimar. Son fils Aymar Ier de Poitiers obtient en 1189 du comte de Toulouse le comté de Diois. Louis Ier est nommé lieutenant général du roi (Philippe de Valois) en Languedoc le 15 décembre 1340,  et il assiste comme témoin à la donation du Dauphiné à la France, consentie en 1343 par le dauphin Humbert II. Désormais, la maison de Poitiers est, pour ses comtés, directement vassale de l’héritier du trône de France. Pour le reste de ses domaines, elle dépend du roi ou encore du pape : en 1374, Louis II prête hommage en Avignon pour soixante-trois terres et six fiefs. L’apogée de la fortune semble atteint au début du XVe siècle : Louis II de Poitiers dispose alors de revenus substantiels, périodiquement accrus par des dons royaux. Mais l’accumulation de dettes l’oblige à proposer à la Couronne de lui acheter ses comtés de Valentinois et Diois, qui renferment alors onze forteresses, vingt-sept villes, deux cents fiefs. En 1404, le marché est conclu pour 100 000 écus. Louis II aura l’usufruit des comtés sa vie durant. N’ayant pas reçu la somme promise, il désigne cependant le dauphin Charles, futur Charles VII, comme héritier des deux comtés. A sa mort, en 1419, son cousin Charles Ier de Poitiers, de la branche cadette de Saint-Vallier tente de les récupérer. Il demande en vain la restitution des comtés mais il lui faut se contenter des titres de seigneur de Saint-Vallier, Clérieux, Chantemerle, Chalençon, Privas et Tournon. Son fils, Louis III, y ajoute celui de marquis de Crotone en Calabre, apporté dans la famille par Nicolas Ruffo, un seigneur exilé du royaume de Naples. Le fils de Louis III, Charles II, est contraint de ratifier la cession à la France des deux comtés en 1436. En 1467, son fils Aymar épouse Marie de France, la fille naturelle du roi Louis XI, née de sa liaison avec la dauphinoise Marguerite de Sassenage. La princesse bâtarde, richement dotée, porte dans son blason les lys royaux. Elle meurt prématurément. Aymar contracte un second mariage avec Jeanne de La Tour, en 1472, qui le fait parent des comtes d’Auvergne et de Boulogne-sur-Mer. Puis, en 1489, il marie son fils, Jean de Saint-Vallier, avec Jeanne de Batarnay.
    La fille aînée de Jean de Poitiers de Saint-Vallier, et de Jeanne, est Diane de Poitiers, née le 9 janvier 1500.
    Diane est connue surtout pour avoir été la favorite et la maîtresse du roi Henri II qui avait dix-neuf ans de moins qu’elle. Le roi lui ayant donné à vie le duché de Valentinois le 8 octobre 1548, elle prit le titre de duchesse de Valentinois.
    Mariée en 1515 au grand sénéchal de Normandie Louis de Brézé, dont elle eut deux filles, restée veuve à trente-deux ans, elle devint la maîtresse du duc d’Orléans, futur roi Henri II, vers 1536. C’est pour elle que fut construit, par Philibert Delorme, le beau château d’Anet, où elle se retira après la mort d’Henri II en 1559. Catherine de Médicis la força à échanger le château de Chenonceaux, que lui avait donné Henri II, contre le château de Chaumont.  Elle est morte le 26 avril 1566.

    La généalogie de la maison de Poitiers est donnée dans la troisième édition de l’Histoire généalogique du Père Anselme, tome second, pages 186 à 207.


    votre commentaire
  • QUELQUES DEFINITIONS.

    PROTOHISTOIRE :
    La protohistoire est la science qui compile les connaissances acquises sur les peuples sans écriture, contemporains des premières civilisations historiques. Pour l’Europe, elle couvre les deux millénaires qui précèdent notre ère durant lesquels s’est développée la métallurgie du cuivre, du bronze et enfin du fer. Durant l’âge du Fer, de nombreux écrits en langue grecque ou latine éclairent l’histoire et la civilisation des Celtes et des Gaulois.

    ÂGE DU FER :
    Maîtrisée par les peuples d’Orient dès le IIe millénaire, la métallurgie du fer apparaît en Europe vers 800 avant notre ère. On parle alors d’âge du Fer (800-50 avant J.-C.). Cette période est divisée en deux grandes étapes. La première, dénommée civilisation de Hallstatt (800-450 av. J.-C.), doit son nom à une riche nécropole fouillée sur les rives d’un lac autrichien. La seconde, le second âge du Fer, est appelée période de La Tène (450-50 av. J.-C.), du nom d’un autre site lacustre fouillé en Suisse, qui a livré un mobilier très abondant. Ces deux périodes sont marquées par d’importants changements en matière de production artistique et artisanale, de mode vestimentaire, de pratique religieuse et d’organisation politique, mais ne distinguent pas forcément des populations d’origine différente.

    CELTES :
    Les Celtes correspondent à un ensemble de peuples très divers, tant sur le plan de la langue, de la culture que sur celui de la situation géographique. Ils ont vécu en Europe occidentale pendant « l’âge du Fer ». Ce temps de la protohistoire se caractérise par l’introduction et la maîtrise d’un nouveau métal : le fer. Les peuples celtes sont cités dès le VIe siècle avant notre ère par les premiers historiens grecs qui les désignent sous le terme keltoï (Celtes). Au cours de la période allant de 800 à 450 avant notre ère, dite « époque de Hallstatt », ils sont décrits et considérés comme des « barbares » vivant en marge du monde civilisé. A cette époque, il n’est pas encore question de Gaulois.

    GAULOIS :
    Les textes anciens commencent à parler des Gaulois à partir du IVe siècle avant notre ère. Leur évocation se précise donc au début du « second âge du Fer » ou période de « La Tène ». Sont qualifiés de « Gaulois » les peuples celtes qui, au terme de leurs migrations, se sont établis dans la France actuelle mais aussi dans la Belgique, la Suisse, ainsi que dans le nord de l’Italie d’aujourd’hui. Les auteurs latins les appellent Galli (Gaulois), tandis que les Grecs les dénomment Galatoï (Galates). Les Gaulois sont des Celtes mais tous les Celtes ne sont pas gaulois.

    LA GUERRE DES GAULES :
    La Guerre des Gaules (De bello gallico) est le compte rendu des campagnes militaires rédigé à l’automne 52 avant J.-C. par Jules César. Cet épisode guerrier a commencé en 58 avant J.-C. et s’est terminé en 52 avant J.-C. avec la défaite de Vercingétorix à Alésia. Chacun des sept livres de l’œuvre relate les événements d’une année de campagne pour soumettre la Gaule. Un huitième livre est ajouté l’année suivante. Rédigé par l’un des principaux lieutenants de César, Aulus Hirtius, il évoque une ultime bataille menée en 51 avant J.-C. devant Uxellodunum, en territoire cadurque. Ces rapports d’opérations militaires ont été rassemblés et publiés à Rome sous le titre Commentaires relatifs à la Guerre des Gaules et aux guerres civiles. Cet ouvrage à caractère politique, destiné à vanter les conquêtes de César, n’est pas dénué d’un certain parti pris. La plupart des chercheurs s’accordent aujourd’hui sur l’authenticité des faits qu’il relate, même si certains détails ont pu être « arrangés » à l’avantage de son auteur.


    3 commentaires
  • Simone Weil.
    Née le 3 février 1909 à Paris, dans une famille de la riche bourgeoisie israélite, Simone Weil, agrégée de philosophie en 1931, fut professeur, mais aussi militante, pratiquant la pauvreté volontaire et faisant l’expérience de la vie ouvrière dans une usine, travaillant chez Renault en 1934-1935. Anarchiste, engagée en 1936 dans la guerre d’Espagne, elle combat aux côtés des républicains. Mais cette agnostique fut saisie par la grâce de la foi chrétienne en 1937 à Assise. Néanmoins Simone Weil se tint toujours à l’écart de l’Eglise et du dogme. Elle écrivait : « Le Christ lui-même est descendu et m’a prise » » ou encore : « Les diverses traditions religieuses authentiques sont des reflets différents de la même vérité, et peut-être également précieux. Mais on ne s’en rend pas compte, parce que chacun vit une seule de ces traditions et aperçoit les autres du dehors ». Au printemps de 1942, S. Weil réussit à s’embarquer pour les Etats-Unis, puis passa en Angleterre. Elle débarque à Liverpool le 25 novembre 1942, en provenance de New York, avec une seule idée en tête : se voir attribuer sur le territoire français la mission la plus exposée possible. Informé de sa requête, le Général de Gaulle aurait répondu : « Mais elle est folle ! ». Simone Weil se replie alors à Hill Street, au siège du commissariat à l’Intérieur, où elle est affectée comme rédactrice. Elle écrit jour et nuit, ne mange que le strict minimum en signe de solidarité avec la population française soumise au rationnement. Elle se refuse ensuite à cautionner quelque gouvernement que ce soit à l’heure où De Gaulle s’apprête à prendre le pouvoir à Alger. Elle démissionne de son poste en juin 1943, mais les privations qu’elle s’était imposées avaient ruiné sa santé. Elle meurt en solitaire, le 24 août 1943, au sanatorium d’Ashford, dans le comté du Kent.


    Toute son œuvre est posthume. On lui doit : La pesanteur et la grâce (1947), la Connaissance surnaturelle (1949), L’Enracinement (1950), la Condition ouvrière (1951), les Ecrits de Londres (1957), etc.


    A son propos Albert Camus a écrit : « Il me paraît impossible d’imaginer pour l’Europe une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a définies. »
    Simone Weil semble avoir inauguré un nouveau type de mystique, convenant à notre époque. Une mystique libérée de tout aspect dévotionnel, de toute répétition. Son œuvre est une recherche passionnée de justice sociale et de salut individuel. La rigueur de sa réflexion et la pureté de son style donnent une indéniable grande force à ses écrits.


    1 commentaire
  • Le sel au temps des Gaulois.

    Le sel est une denrée indispensable à la conservation de nombreux aliments.
    La principale source d’approvisionnement est le sel d’origine marine. En faisant évaporer l’eau salée, on récupère de grandes quantités de sel sous forme de blocs. Les traces archéologiques sont nombreuses le long du littoral de la Charente-Maritime, au nord des Landes ainsi que sur les rives de l’estuaire de la Gironde.
    La seconde origine, beaucoup plus restreinte, provient des sources salées dont le plus bel exemple est Salies-de-Béarn dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle est exploitée depuis l’âge du Bronze et jusqu’à aujourd’hui. Quant aux mines de sel gemme comme celle de Dax dans les Landes, elles ne sont exploitées avec certitude qu’à partir de la fin du Ier siècle de notre ère.
    La technique de fabrication des blocs de sel est simple.
    A partir d’argile on fabrique des moules appelés augets. Ces moules  sont ensuite calés avec des boudins d’argile, ou pilettes, au-dessus d’un foyer. Ils sont régulièrement réalimentés en eau salée. Quand l’auget est plein de sel et que toute l’humidité a disparu, on le brise pour récupérer ce sel. Leur forme diffère selon les zones géographiques : barquette au nord de l’estuaire de la Charente, petit gobelet cylindrique au sud ; cette limite semble correspondre à la frontière entre les peuples picton au nord et santon au sud.
    Les sites de production de sel se caractérisent par un très grand nombre de fragments d’augets associés à des fragments de pilettes, à des zones de terre brûlées et de charbons de bois.
    Ce sel est ensuite exporté dans toute l’Aquitaine. Les indices archéologiques sont les petits fragments d’augets en terre cuite qui ont voyagé par accident, collés au sel.
    On en retrouve sur de nombreux sites comme Lacoste à Mouliets-et-Villemartin, ou l’Isle-Saint-Georges en Gironde, mais aussi à l’oppidum de l’Ermitage près d’Agen ou à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).


    4 commentaires