• La croix et la manière.

    La croix et la manière.

     

    Les chrétiens mirent longtemps à adopter la croix comme symbole. On la trouve au IIe siècle sous plusieurs formes : la lettre X, dite croix de Saint André, ou la lettre T, dite croix de Saint Antoine (en Syrie notamment), la croix grecque (les branches sont de même longueur et se croisent en leur milieu) ou la croix latine, celle que nous connaissons. En tout cas, jusqu’au IVe siècle, elle n’apparaît que très rarement, le poisson est plus souvent utilisé comme symbole. Il faudra attendre la « paix » établie par l’empereur Constantin au IVe siècle pour qu’elle se développe en tant que symbole chrétien généralisé.

     

    La croix à double traverse, d’origine orientale, fut introduite en Europe occidentale au XIIIe siècle. En effet on trouve toujours la représentation de cette croix appelée aussi la « Vraie Croix » sur et dans  les églises orthodoxes de plusieurs patriarcats (Constantinople, Moscou, Hongrie, etc…). Cette croix est dénommée croix patriarcale, épiscopale ou archiépiscopale. Rapporté d’Orient en 1241 par un croisé, Jean d’Alluye, un reliquaire de la « Vraie Croix », en forme de croix à double traverse, fut conservé à l’abbaye cistercienne de la Boissière, puis à l’hospice de Baugé, en Anjou. Cette relique devint particulièrement chère à la dynastie angevine, et la croix à double traverse devint la « croix d’Anjou ». Sous son invocation, Louis Ier d’Anjou, mort en 1384, fonda l’ordre de la Croix d’Anjou. René Ier d’Anjou, comte de Provence, roi titulaire de Naples et de Jérusalem, mais également duc de Lorraine (de 1431 à 1453), introduisit en Lorraine la croix d’Anjou, qui devint, à la fin du XVe siècle, la « croix de Lorraine », lorsqu’elle fut arborée par René II de Lorraine dans ses guerres contre le duc de Bourgogne Charles le Téméraire.

     

    Deux biographies résumées de ducs de Lorraine :

    -         René Ier d’Anjou « le Bon » né à Angers le 16 janvier 1409, et mort à Aix-en-Provence le 10 juillet 1480. Il fut d’abord duc de Bar (de 1430 à 1480), puis duc de Lorraine de 1431 à 1453, duc d’Anjou et comte de Provence de 1434 à 1480. Il était aussi roi titulaire de Naples. Il était le deuxième fils de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon. Par sa femme Isabelle, fille et héritière de Charles II de Lorraine, il devint en 1431 duc de Lorraine, avec l’appui du roi de France Charles VII. Mais ses droits furent contestés par l’héritier mâle, Antoine de Vaudémont, qui avait le soutien du duc de Bourgogne. En 1434, suite au décès de son frère aîné Louis III d’Anjou, il devint duc d’Anjou et comte de Provence. À la mort de sa femme Isabelle, il dut abandonner le duché de Lorraine à son fils, le duc de Calabre.

    -         René II de Lorraine-Vaudémont né le 2 mai 1451 et mort à Fains le 10 décembre 1508.

    Duc de Lorraine de 1473 à 1508. Fils de Ferry II de Vaudémont et petit-fils du précédent par sa mère, Yolande d’Anjou, il succéda en Lorraine à son cousin Nicolas d’Anjou en 1473. Dépouillé par Charles le Téméraire en 1475, il obtint l’aide des Suisses, se rétablit à Nancy en 1476 et soutint dans cette ville un siège où le Téméraire trouva la mort en janvier 1477. Frustré de l’héritage de la Provence par le testament de son grand-père, René Ier, il se replia sur le gouvernement exclusif de la Lorraine et du duché de Bar. C’est lui qui définitivement fit de la « croix d’Anjou »  la croix de Lorraine.

     

    René II de Lorraine est l'ancêtre dynastique par ordre de primogéniture mâle de l'actuelle maison de Habsbourg-Lorraine, par le mariage en 1736 de son descendant à la 9e génération François III Etienne, duc de Lorraine et de Bar, grand-duc de Toscane, empereur germanique, avec l'archiduchesse Marie-Thérèse, reine de Hongrie et de Bohême. Il est également l'ancêtre de la même maison par son fils Claude par les branches secondaires.

     

    À l’époque contemporaine l’image de la croix de Lorraine est passée en 1940 d’une lointaine origine chrétienne et régionale au symbole de la France libre combattante.

    La croix de Lorraine fut choisie car elle rappelait un nom de pays, la Lorraine, évocateur de Jeanne d’Arc, Raymond Poincaré, le maréchal Ney ou même le Phalsbourg d’Erckmann et Chatrian. Elle deviendra très vite le symbole général de la Résistance. C’est une gigantesque croix de Lorraine qui orne la façade de l’édifice du Mont-Valérien. Puis, après la guerre, elle fut mobilisée en politique et symbolisa le gaullisme.

    Une gigantesque croix de Lorraine fut érigée, dès 1972, à Colombey-les-Deux-Ēglises, le village où vécut et repose le général De Gaulle.

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