• Maurice de Saxe.

    Tout vient de Dieu et de Maurice de Saxe.

     

     Belle réponse du roi Louis XV au maréchal de Saxe, l’après-midi du 11 mai 1745, à Fontenoy, après la victoire des Français sur le duc de Cumberland. La bataille de Fontenoy est aussi célèbre pour la phrase lancée par Charles Hay « Messieurs des gardes françaises, tirez », qui a donné le fameux mot historique : Messieurs les Français, tirez les premiers. Auquel fut répondu : à vous l’honneur !

     

    Maurice de Saxe commandait les troupes françaises, Louis XV était présent sur les lieux, les engagements durèrent un peu plus de cinq heures et firent des milliers de morts et de blessés dans les deux camps.
    La bataille de Fontenoy est représentée, par un tableau d’Horace Vernet, dans la Galerie des batailles du château de Versailles.

    Pour Maurice de Saxe, maréchal de France depuis le 26 mars 1744, ce n’est qu’une victoire de plus à son actif.
    Qui est ce célèbre homme de guerre ? Un bâtard diront certains, mais de grande naissance. Hermann-Moritz est né le 28 octobre 1696 à Goslar, en Basse-Saxe. Il est le fruit des amours adultérines de l’électeur Frédéric-Auguste de Saxe, roi de Pologne (Auguste II), et de la comtesse Marie-Aurore de Königsmarck. Son père est de la branche albertine des Wettin, qui détient l’électorat de Saxe depuis 1541. On prête à Frédéric-Auguste de nombreux enfants naturels.  Hermann-Maurice, reconnu par son père,  devient « comte de Saxe » en janvier 1711. Il est marié contre son gré, le 12 mars 1714, il n’a que dix-sept ans, à Jeanne-Victoire de Loeben. Ce mariage sera dissout le 26 mars 1721 et Maurice n’aura plus d’alliance légitime mais de nombreuses maîtresses.
    Il fait à douze ans ses premières armes devant Lille contre la France. Il combat ensuite successivement dans les armées de Pierre le Grand (qui soutient Auguste II) contre les Suédois, aux côtés de son père en Poméranie, en Hongrie contre les Turcs, puis à nouveau avec son père durant la guerre civile en Pologne. Il assista en 1717 à la prise de Belgrade, sous les ordres du prince Eugène de Savoie-Carignan, au service des Habsbourg.
    En mai 1720, il arrive à Paris et  est présenté au Régent qui lui propose de passer au service de la France. Le 6 août 1720 il reçoit le brevet de maréchal de camp et achète le régiment de Sparre, qui devient Saxe-Infanterie. Il a pour maîtresse la célèbre actrice Adrienne Lecouvreur. Sa participation brillante à la guerre de succession de Pologne lui vaut d’être nommé lieutenant général en 1734. La guerre de succession d’Autriche lui permet d’appliquer ses idées militaires et lui apporte une gloire incontestée. Durant la campagne de 1745, la victoire de Fontenoy fut suivie des capitulations de Tournai (23 mai), de Gand (14 juillet), de Bruges (18 juillet), de Dendermonde (13 août), d’Ostende (25 août) et enfin de celle de Nieuport le 5 septembre.
    Durant la campagne de 1746 il prit Bruxelles le 20 février et rentra triomphalement à Paris au mois de mars. Il y obtient les honneurs du Louvre et reçoit le château de Chambord. Il bat à nouveau les ennemis alliés à Raucoux le 11 octobre 1746, et le roi lui donne six des pièces d’artillerie prises à l’ennemi.
    Le 12 janvier 1747, il est fait maréchal général des camps et armées du roi, dignité accordée avant lui aux seuls maréchaux de Lesdiguières, de Turenne et de Villars. Il marche ensuite sur la Flandre hollandaise, prend l’Écluse et plusieurs forts, et remporte une nouvelle victoire à Lawfeld.  Promu commandant général des Pays-Bas conquis (1748), il prend encore Limbourg et Maëstricht avant que ne soit signée la paix d’Aix-la-Chapelle.
    Le même jour que le traité d’Aix, le 18 octobre 1748, nait Aurore, fille de Maurice de Saxe et de Marie Rinteau. Aurore, la seule postérité reconnue du maréchal, est la grand-mère de George Sand. 
    Le maréchal de Saxe se retire à Chambord où il rédige ses Mémoires. Le  comte fait installer à Chambord, en 1749, un monumental poêle en faïence de Meissen, splendide œuvre d’art décorée sur chacun de ses panneaux par des scènes de genre rappelant les cadres de la vie quotidienne en Saxe. On peut toujours voir ce calorifère à Chambord.
    Il meurt dans sa demeure de Chambord le 30 novembre 1750.

     

    Son corps est transporté à Strasbourg et inhumé dans l’église Saint-Thomas de cette ville.
    Son mausolée terminé en 1776 est l’une des œuvres les plus célèbres de Pigalle.

    Les campagnes de Maurice de Saxe pour la succession de Courlande, la succession de Pologne, la succession d’Autriche, sont décrites assez exhaustivement dans sa biographie due à Jean-Pierre Bois (Fayard, 1992). Il mena une vie de jouisseur et eût de nombreuses aventures galantes, dont quelques unes mentionnées par Jean-Pierre Bois.

     

    Sa vie est assez atypique pour un maréchal de France. En effet il est étranger, mais ce n’est pas le premier. Les maréchaux Talbot, Van Borsselen, Caraccioli, Strozzi, Trivulce (l’oncle et le neveu) n’étaient pas Français.
    Fait exceptionnel Maurice de Saxe est de confession luthérienne, et il a choisi de servir le roi catholique Louis XV, sans abandonner sa religion. Il fut un grand soldat et porta les armées de la France à la victoire bien souvent. Le Roi le combla d’honneurs.

    L’Histoire généalogique et chronologique, dite du Père Anselme et continuée par Potier de Courcy mentionne :
    Hermann-Maurice, comte de Saxe, duc de Courlande & de Sémigalle, maréchal général des camps & armées du Roi.
    Armes : Burelé de sable & d’or de 10 pièces ; au crancelin de sinople, brochant en bande.
    (Histoire généalogique et chronologique des maréchaux de France, tome neuvième, deuxième partie, pages 606 et 607).

     

     


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  • Varus, rends-moi mes légions !

    Suétone prête cette incantation d’angoisse et de douleur à l’empereur Auguste, au souvenir du désastre de Teutoburg, en l’an 9 après J.-C., où le Germain Arminius put vaincre et massacrer trois légions romaines sous le commandement de Varus. Ce désastre, dit Suétone, « faillit entraîner l’effondrement de l’Empire » et força les Romains à se replier sur la frontière du Rhin. La consternation d’Auguste fut si grande qu’il resta des mois sans se faire tailler les cheveux ni raser la barbe et que souvent il allait cognant de la tête contre les portes, hurlant : « Quintilius Varus, rends-moi mes légions ! », et qu’il prit l’habitude d’observer l’anniversaire de la catastrophe comme jour de deuil et de lamentations.
    Six ans après le désastre, l’armée de Germanicus découvrit les ossements des trois légions et les ensevelit.

    Le général romain Publius Quentilius Varus fut Consul (en 12 avant J.-C.), légat en Syrie (6-4 avant J.-C.), et il continua sous l’Empire la tradition des gouverneurs rapaces de la République, et s’enrichit par des spoliations. En l’an 7 de notre ère, il fut chargé par Auguste d’organiser la Germanie déjà conquise par les Romains sur la rive droite du Rhin. Son administration persécutrice, sa prétention de substituer le droit romain au droit germanique exaspérèrent les populations. Une conspiration se forma sous la conduite d’Arminius. À l’automne de l’an 9, alors qu’ayant quitté les bords de la Weser il marchait en direction de ses quartiers du Rhin, Varus fut surpris au Teutoburger Wald, une région de marais et de bois ; les trois légions, soit 18000 hommes, qu’il avait avec lui furent détruites et lui-même se donna la mort.

    Arminius (Hermann), né vers 18 ou 16 avant J.-C., est un chef germain, de la tribu des Chérusques. Fils de Segimar, il servit d’abord, comme son frère Flavus, dans les auxiliaires germains employés par Rome et fut fait citoyen de rang équestre. Rentré dans son pays en l’an 7 après J.-C., il exploita la confiance aveugle que lui témoignait le gouverneur romain Varus pour former en secret une vaste coalition comprenant les Chérusques, les Bructères, les Marses et diverses tribus germaniques septentrionales. Il surprit avec son armée les légionnaires romains entre l’Ems et la Weser, au Teutoburger Wald, près de la ville actuelle de Detmold.
    Il lutta ensuite entre 14 et 16 contre Germanicus, mais sa femme, Thusnelda, fut emmenée captive à Rome, où elle donna naissance à un fils, et tous deux ornèrent le triomphe de Germanicus.
    Il battit ensuite le roi des Marcomans, Marbode, allié des Romains, mais périt peu après, empoisonné par des conspirateurs. Sa mort est située entre les années 19 et 21.

    Salué par Tacite du titre de « libérateur de la Germanie », Arminius est resté vénéré en Allemagne comme un héros national. Un monument lui a été élevé près de Detmold en 1875.

    Germanicus, en l’an 16, vit naître sa fille Agrippine à Ara Ubiorum. La ville prendra le nom de Colonia Agrippinensis, Cologne.
    Germanicus est mort le 10 octobre 19 près d’Antioche.

    Les biographies de Varus et d’Arminius, dont je me suis largement inspiré, sont celles de la « Biographie universelle ancienne et moderne » sous la direction de Louis-Gabriel Michaud.
    Le Suisse Philipp Albert Stapfer est l’auteur de la biographie d’Arminius, dans le tome 2, pages 236 à 239 ; et Pierre Charles Weiss est le rédacteur de celle de Varus, dans le tome 42, pages 665 à 666.


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  • Le maréchal Bugeaud.

     

    Thomas Robert Bugeaud de La Piconnerie.

    Né à Limoges le 15 octobre 1784, fils de Jean Ambroise Bugeaud, seigneur de la Piconnerie, et de Françoise de Sutton de Clonard.
    Son père était un gentilhomme du Périgord, originaire de Lanouaille.
    Sa mère appartenait à une famille noble d’Irlande, dont quelques membres s’expatrièrent avec Jacques II et se fixèrent en France.

    Il est enrôlé en 1804 comme simple grenadier vélite de la garde impériale et il fait ses premières campagnes sur les côtes de la Manche.
    En 1805, il combat au sein de la Grande Armée. Caporal à Austerlitz, sous-lieutenant l’année suivante, blessé à Pultusk le 26 décembre 1806, il sert ensuite en Espagne, comme capitaine sous les ordres du général Lamarque. Il est présent, en 1810-1811, aux sièges de Lérida, de Tortosa et de Tarragone. Il met en déroute à Ordal, en Catalogne, un régiment anglais, ce qui lui vaut le grade de lieutenant-colonel.
    Rentré en France, il est nommé colonel. En juin 1815, en Savoie, avec 1700 hommes et 40 chevaux, il bat une division autrichienne de 10000 hommes soutenue par 500 chevaux et 6 pièces de canon. Les Français restent maîtres du champ de bataille où périssent 2000 Autrichiens.
    Licencié de l’armée à la seconde Restauration, colonel en demi-solde, il se retire dans sa propriété de la Durantie, à Lanouaille près d’Excideuil, où il s’occupe d’améliorer l’exploitation de ses terres en introduisant d’utiles innovations comme le chaulage ou la culture de la betterave. En 1823 le gouvernement refuse sa réintégration dans l’armée. Adhérant à l’opposition libérale, il est candidat malheureux à une élection en Dordogne en 1829.
    La Monarchie de Juillet le rappelle à l’activité comme maréchal de camp. Elu député d’Excideuil en juillet 1831, il représente la Dordogne à la Chambre jusqu’à sa mort.
    Le gouvernement le charge de garder à la citadelle de Blaye la duchesse de Berry, et plus tard de l’accompagner à Palerme. Une allusion à ce rôle, faite à une séance de la Chambre par le député de l’Eure François Charles Dulong, donne lieu à un duel au cours duquel ce dernier est tué par Bugeaud, le 27 janvier 1834.
    En avril 1834, il reçoit la mission de commander une brigade face à des émeutiers. Certains de ses soldats se livrent à des massacres, notamment rue Transnonain, ce qui le rend, à jamais, fort impopulaire à Paris. Les républicains en font porter la responsabilité à Bugeaud, mais cet homme a la confiance du roi.
    Envoyé en Afrique du Nord, il marche d’Oran sur Tlemcen, après avoir forcé Abd el-Kader à la retraite. Puis il attaque ce dernier le 6 juillet 1836 sur la Sikkah avec 1000 cavaliers et 12000 fantassins. L’émir est vaincu et Bugeaud est élevé au grade de lieutenant général. Le Président du Conseil, Thiers, le nomme alors commandant de la nouvelle Légion étrangère, en août 1836. Mais Bugeaud n’a pas le temps de prendre son commandement avant la chute de Thiers.
    En décembre 1836, il remplace Clauzel à la tête des troupes en Algérie.
    Le 30 octobre 1837, il conclut avec Abd el-Kader le traité de la Tafna. Puis il est nommé gouverneur général de l’Algérie le 29 décembre 1840.
    En trois ans, il soumet le territoire arabe et kabyle depuis la frontière de Tunisie jusqu’à celle du Maroc. Il est fait maréchal de France en février 1843. C’est grâce à la campagne du Maroc qu’il établit sa renommée, après la bataille d’Isly où il défait l’armée marocaine avec des forces inférieures. Il reçoit en récompense le titre de duc d’Isly, par lettres patentes du 16 septembre 1844. Il traque ensuite Abd el-Kader, qui se rend en 1847. Au moment de la révolution de 1848, il reçoit de Barrot et Thiers, le 24 février 1848, le commandement de l’armée et de la garde nationale de Paris. Mais Louis-Philippe ne lui donne pas la possibilité de résister à l’émeute. Il offre ensuite ses services à la République, qui le laisse dans l’inactivité. Élu à la Constituante par une élection partielle à l’automne 1848, les conservateurs songent à lui pour une candidature à la présidence de la République. Mais il se désiste en faveur de Louis-Napoléon Bonaparte qui lui confie le commandement en chef de l’armée des Alpes.
    Il meurt du choléra à Paris, quai Voltaire, le 10 juin 1849.

    Marié à Elisabeth Jouffre de Lafaye, le 30 mars 1818, il laisse quatre fils et deux filles.

    Au plan politique, il est maire de Lanouaille en 1825, conseiller général en 1830, député de la Dordogne de juillet 1831 à février 1848, vice-président de la Chambre des députés en 1847. En 1848, il est élu député de la Charente-Inférieure. Bugeaud était  Franc-maçon, aussi la loge Bélisaire d’Alger fit-elle battre une batterie de deuil en sa mémoire l’année de sa mort en le traitant de « Vénérable honoraire de la loge d’Oran ».

    Armoiries : Au 1 d’azur au chevron d’or accompagné en pointe d’une étoile du même, au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d’or ; au 2 coupé, d’or à l’épée haute de sable au soc de charrue d’azur posé en bande.

    Le recueil de ses écrits militaires fut publié en 1883.


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  • John Talbot.

    TALBOT.



    John Talbot, Lord Furnival, comte de Shrewsbury.

    Né à Blechmore, dans le Shropshire, vers 1384, deuxième fils de Richard, cinquième baron Talbot et d’Ankaret Strange, il descend de Richard Talbot (fin du XIIe siècle).
    L’origine des Talbot remonterait, au tout début du XIe siècle, aux barons de Cleuville au pays de Caux, du même nom. Des Talbot participèrent au débarquement de 1066, avec Guillaume "le Conquérant".

    Ses ancêtres, postés aux frontières du Pays de Galles, ont contracté d’excellentes alliances.
    Il se marie, le 12 mars 1407, avec Maud Neville, héritière des barons Furnival, dont il prend le nom ; il la représente en 1410 à une séance du Parlement anglais.
    De 1404 à 1413, il se bat contre les Gallois. Puis il est nommé lord-lieutenant d’Irlande, pays où ses activités sont également militaires. Il y réside jusqu’en 1419.
    Il commande ensuite en France à Rouen, à partir de 1419, et, sauf pour un bref séjour dans son château, y reste jusqu’en 1424. Une nouvelle campagne l’y conduit en 1427. Avec le comte de Suffolk, il se rend maître de Pontoise et prend Alençon en 1428. L’année suivante, il ne peut pas empêcher Jeanne d’Arc de délivrer Orléans. Il fortifie alors Melun et prend Laval. Nommé commandant en chef des troupes anglaises après la bataille de Jargeau où Suffolk est fait prisonnier, il perd celle de Patay, où Xaintrailles le capture le 18 juin 1429. Captif pendant quatre ans, il revient en 1434, est au siège de Saint-Denis en 1435, contribue presque à lui seul au maintien de la présence anglaise en Normandie, réduit le pays de Caux qui s’est soulevé. Il reprend Ivry, Pontoise et Le Crotoy en 1437.

    Il est fait maréchal de France en 1438 (avant le 10 novembre) par le roi Henry VI  [d’Angleterre] pour sa victoire du Crotoy l’année précédente. Il est également nommé capitaine de Rouen. Il surprend Harfleur en 1440, et est fait comte de Shrewsbury le 20 mai 1442 (pairie d’Angleterre) puis comte de Waterford le 17 juillet 1446 (pairie d’Irlande). Durant l’hiver 1442-1443 il met le siège devant Dieppe. Là, il se serait entendu si mal avec ses soldats « que plus ne voulurent le supporter », dit la Chronique de Londres. Contraint par ces circonstances à rompre le siège, il retourne commander en Irlande où il se conduit de façon « telle que jamais vu depuis les temps du roi Hérode », toujours d’après la même Chronique de Londres. Puis il est chargé de négocier la paix avec la France en 1443. Fait prisonnier par les Français au moment de la prise de Rouen en 1449, il est remis en liberté en échange de la reddition de Falaise en 1450.
    Plus tard, l’emprise française se faisant de plus en plus forte en Guyenne, après la visite en Angleterre d’une délégation bordelaise venue s’en plaindre, le dernier compagnon survivant d’Henry V est envoyé dans cette province en 1452, avec les titres de gouverneur et lieutenant général. Il débarqua le 21 octobre 1452, à Soulac, et fit son entrée dans Bordeaux le 23 octobre où il fut accueilli triomphalement.
    Les petites garnisons françaises de Libourne, Cadillac, Castillon, Rions, La Réole tombèrent peu après sans résistance. En revanche Bourg et Blaye tinrent bon. Joachim Rouhault se maintint avec une compagnie de 600 lances à Fronsac. Talbot se trouva rapidement dans sa conquête en position d’assiégé. Durant l’hiver 1452-1453, chacun se prépara donc à l’affrontement. Henry VI expédia 3000 à 4000 hommes de renfort conduits par le comte de Lisle et Talbot s’empara de Fronsac. De son côté Charles VII décida de conduire en personne la campagne de reconquête et mit en œuvre des moyens considérables. Pressé par les Bordelais, Talbot se décida à affronter les Français devant la petite place de Castillon. Ce fut la dernière grande bataille, le 17 juillet 1453, de la guerre de Cent Ans. John Talbot et deux de ses fils y furent tués. La victoire des Français leur assurait la reprise définitive de Bordeaux ainsi que la maîtrise de la Guyenne. Le corps de Talbot fut transporté en Angleterre et inhumé à Salop.

    La bataille de Castillon est fort bien racontée dans la Revue historique des Armées (Numéro 3 -1976) par Michel  de Lombarès.

    Un tableau de la célèbre galerie des batailles, à Versailles, commémore la scène.


    John Talbot, chevalier de la Jarretière, comte de Shrewsbury comme de Waterford, était baron Talbot et Strange depuis la mort de sa nièce en 1421.
    De sa seconde femme, Margaret, fille de Richard Beauchamp, comte de Warwick, il laisse une descendance encore représentée par les comtes de Shrewsbury & Waterford, les plus anciens d’Angleterre à ne porter que le titre de comte, mais issus des Norfolk, le patronyme Talbot s’étant éteint en 1856.
    Parmi ses descendants, le plus célèbre est Charles, seul duc de Shrewsbury (1660-1718). Filleul de Charles II, converti à l’anglicanisme, un des premiers à appeler Guillaume d’Orange à régner sur l’Angleterre, il est nommé par le nouveau roi deux fois secrétaire d’Etat, régent du royaume par intérim, et fait duc. Après sept ans d’exil à Rome, il revient en Angleterre et est l’un des principaux artisans de l’avènement pacifique de l’électeur de Hanovre au trône d’Angleterre sous le nom de George Ier. Mort sans enfants le 12 juillet 1718, le titre de duc de Shrewsbury disparut avec lui.

    La généalogie de Talbot et de sa descendance se trouve dans le tome VII, pages 86 à 92, de l’Histoire Généalogique & Chronologique… dite du Père Anselme, où il apparait dans la chronologie des Maréchaux de France, bien qu’ayant été nommé par le roi Henri VI d’Angleterre, qui avait été, aussi, sacré roi de France en 1431.

     


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  • Jean de Brosse, maréchal de France.
    Il portait d'azur, à trois brosses d'or liées de gueules.



    Jean Ier de Brosse, appelé aussi le maréchal de Boussac.
    Né vers 1375 au château d’Huriel, décédé en juin 1433 au château de Boussac.
    Il est un descendant des anciens vicomtes de Limoges par Géraud, vicomte de Brosse signalé en 1136.

    Il est  le fils de Pierre II de Brosse et  de Marguerite de Malleval.
    Il a épousé à Sainte-Sévère, le 20  août 1419,  Jeanne de Naillac, fille de Guillaume de Naillac, vicomte de Bridiers, seigneur de Naillac, du Blanc en Berry et de Châteaubrun.

    Seigneur de Boussac, de Sainte-Sévère -sur-Indre et d’Huriel. Il vit d’abord de longues années dans sa résidence de Sainte-Sévère.
      

    Capitaine de 40 hommes d’armes, le 26 mai 1423, il est reconduit dans la même fonction avec 100 hommes d’armes le 17 juillet 1426. Ce même jour, il est placé avec sa compagnie dans la garde du roi (lettres données à Mehun-sur-Yèvre).
    En juin 1427, Jean de Brosse tue à Poitiers Le Camus de Beaulieu, favori du roi, un crime qui reste impuni. Il est peu après nommé maréchal de France, à la suite de l’assassinat par Bernard d’Armagnac, comte de Pardiac, du maréchal Amaury de Séverac, lui succédant même dans ses fonctions de lieutenant général en Mâconnais, Lyonnais et Charolais. Cette nomination se fait sous l’influence du connétable de Richemont.
    Dès lors, Brosse rend de grands services à l’État et au roi. Il affranchit ses serfs de Boussac, puis se rend à Orléans, où il rentre en octobre 1428, repoussant les Anglais les 1er et 2 janvier 1429. Le mois suivant, il rejoint à Janville le comte de Clermont et subit avec lui l’échec de la journée des Harengs, à Rouvray-Saint-Denis, le 12 février. Son beau-frère Jean de Naillac est tué lors de cette journée.
    Il décide alors de rentrer à Orléans en traversant les lignes ennemies. Le 28 avril, il accompagne Jeanne d’Arc  de Blois à Orléans, avec 10 000 hommes, reconduit l’escorte dans Blois le 4 mai, et rejoint enfin Orléans, où il emporte avec Jeanne d’Arc la bastille des Augustins, le 6 mai. Les Anglais lèvent le siège deux jours plus tard.
    Le 18 juin, il charge les Anglais à Patay avec le connétable de Richemont et le duc d’Alençon. Talbot y est fait prisonnier.
    Le 17 juillet, Jean de Brosse assiste au sacre de Charles VII à Reims. Il est présent  au siège de La Charité-sur-Loire  en décembre 1429.
    En mai 1430, il met en déroute, avec le comte de Vendôme, les Anglais venus assiéger Compiègne. Ils n’ont pu empêcher la capture de  Jeanne d’Arc devant Compiègne le mardi 23 mai. Nommé lieutenant général des régions situées au-delà de la Seine, de la Somme et de la Marne (11 septembre 1430), il bat les Anglo-Bourguignons à Germigny à la fin de l’année 1430, avec l’aide du comte de Vendôme. Le 24 octobre 1430, un assaut décisif est donné par le maréchal de Boussac  en vue de libérer Compiègne. Le 28 octobre Compiègne est définitivement libérée et Jean de Luxembourg doit se replier au château de Beaurevoir.  En août 1431, Jean de Brosse se fait battre devant Beauvais. De là, il se dirige vers Rouen pour tenter de s’emparer du roi d’Angleterre, mais ses soldats, trop intéressés par le butin qu’ils vont rafler, ne lui obéissent pas.
     En 1432, les Anglais étant dans Lagny, il simule avec Dunois une attaque de la ville. Bedford accourt et un combat sanglant s’ensuit. Dunois et Brosse, se retirant vers l’Ile -de-France, font croire à Bedford qu’ils se dirigent vers Paris, encore occupé. Bedford dégarnit Lagny de ses troupes, et la ville est ainsi sauvée. Jean de Brosse meurt l’année suivante criblé de dettes, à un point tel que ses créanciers parlent de faire excommunier son cadavre.

    Jeanne d’Arc mentionne dans son procès  le maréchal de Brosse comme étant l’un de ceux présents à « l’entrevue du signe »,  la première rencontre entre le roi Charles VII et Jeanne, au début du mois de mars 1429, à Chinon.

    Jean de Brosse eut de sa femme Jeanne de Naillac une postérité connue sous le nom de Brosse, dite de Bretagne. En effet son fils Jean II de Brosse épousa Nicole de Blois-Châtillon, héritière du comté de Penthièvre.
    Cette descendance s’est éteinte en 1564 avec  Jean IV, premier duc d’Etampes, dont l’épouse Anne de Pisseleu fut la maîtresse du roi François Ier.


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