• A propos de Robespierre.

    Maximilien Marie Isidore de Robespierre.
    Né à Arras le 6 mai 1758 et mort à Paris le 28 juillet 1794.
    D’une famille de petite noblesse, mais ancienne qui remontait au moins au XVe siècle, et avait donné de nombreux hommes de loi, il était le fils d’un avocat au Conseil supérieur de l’Artois.
    Orphelin très jeune, il fut élevé par son grand-père maternel, un brasseur d’Arras, devint l’élève des oratoriens et, grâce à l’évêque, qui avait remarqué son intelligence, il obtint une bourse à Louis-le-Grand où il eut pour condisciples Danton et Camille Desmoulins.
    Elève calme, appliqué et travailleur, il devint en 1781 avocat au Conseil d’Artois et, l’année suivante, fut nommé également juge au tribunal épiscopal. Sa carrière fut banale ; en 1783, il se signala cependant en défendant l’introduction du paratonnerre de Franklin contre une accusation d’impiété. Tout en menant une vie terne et monotone d’avocat de province, le jeune Robespierre se nourrissait de la lecture de Rousseau, qui resta toujours son grand inspirateur. Il entra dans une société de jeunes gens, les Rosati, et fut reçu en 1783 à l’académie d’Arras, qui était alors un foyer de propagande philosophique. Sa sympathie pour les idées philosophiques et sa haine des privilèges cléricaux et nobiliaires trouvèrent l’occasion de se manifester dans son Mémoire pour François Deteuf, contre le grand prieur de l’abbaye d’Anchin (1784).
    Elu en 1789 député du tiers état de l’Artois aux Etats généraux, il ne brille guère à la Constituante, et son éloquence un peu criarde provoque même des rires dans l’Assemblée. Mais il a une grande force : il croit profondément à ce qu’il dit et, dès cette époque, il a un programme bien arrêté de démocratie intégrale, comportant notamment le suffrage universel et direct, l’instruction gratuite et obligatoire, l’établissement d’un impôt progressif sur le revenu, l’institution d’ateliers publics et d’une aide aux chômeurs.
    Homme de club avant tout, il exerce son influence aux Jacobins, dont il devient président en mars 1790. A l’Assemblée, il se fait remarquer par plusieurs interventions retentissantes : pour demander la libération des victimes de lettres de cachet (13 mars 1790) ; pour faire rejeter le projet de censure sur les théâtres (13 janvier 1791) ; pour proposer que les membres de la Constituante ne puissent être réélus à la Législative (15 mai 1791) ; pour exiger le licenciement des officiers de l’armée de l’Ancien Régime (juin 1791).
    Nommé accusateur public près du tribunal criminel de la Seine en juin 1791, il démissionne de ces fonctions dès avril 1792 ; en fait, toute sa vie se concentre dans le club des Jacobins, dans le service absolu de l’idée révolutionnaire, loin de tous les plaisirs et divertissements des autres hommes. Indifférent aussi bien à l’argent qu’aux femmes ou à la bonne chère, Robespierre mène une existence d’ascète rigide dans une modeste chambre de la maison du menuisier Duplay, rue Saint-Honoré. Il s’efface totalement lui-même, comme il effacera ses amitiés pour Danton ou Desmoulins, afin de n’être que la Révolution elle-même en action.
    Après l’insurrection du Champ-de-Mars (17 juillet 1791), où il a été un des principaux chefs de l’émeute, il est acclamé par le peuple comme « l’incorruptible défenseur du peuple ». Prudent en dépit de son fanatisme, il lutte au club des Jacobins contre la propagande guerrière des amis de Brissot, et il est le seul à s’opposer aux réquisitions militaires. Avec clairvoyance, il dénonce une politique qui mène à la guerre contre toute l’Europe et qui ne peut que ruiner les finances et aboutir, en cas de défaite, au triomphe de la contre-révolution, en cas de succès, à la dictature d’un général victorieux.
    Il avance du même pas que la Révolution elle-même, dont il incarne en quelque sorte les orthodoxies successives : lui qui se contentait encore, en 1791, après la fuite à Varennes, de demander le remplacement du roi par des moyens constitutionnels, voici qu’après l’émeute du 10 août 1792 il vient déposer à la Législative une pétition demandant la déchéance de Louis XVI, l’institution d’un tribunal révolutionnaire et la réunion d’une Convention nationale (16 août). Il ne prend aucune part aux massacres de Septembre, mais, élu en tête des députés parisiens à la Convention, il dirige avec Danton le procès de Louis XVI, pousse à la condamnation à mort et s’oppose à la proposition d’appel au peuple lancée par les Girondins.
    Après l’exécution du roi il s’appuie sur les sections pour ruiner la Gironde, dont la chute est consommée au 31 mai. Bien qu’il ait été l’un des plus ardents initiateurs de la création d’un Comité de salut public investi de pouvoirs exécutifs supérieurs à ceux de la Convention, il n’entre au Comité que le 27 juillet 1793 et tout de suite il devient l’âme de la dictature montagnarde, laissant aux autres les affaires pratiques, n’acceptant aucune mission en province, pour se consacrer uniquement à sauvegarder l’unité de la France révolutionnaire.
    Son caractère ombrageux et sombre, son délire de la persécution correspondent en fait à la réalité tragique de la situation : la France est menacée sur ses frontières et à l’intérieur, par le soulèvement de la Vendée ; la vie économique est désorganisée, la disette et le chômage sévissent, les caisses de l’Etat sont vides.
    A ces menaces Robespierre répond par le règne de la Terreur. Aux hébertistes  succèdent sur la guillotine les « indulgents », Danton et Desmoulins. Débarrassé de ses adversaires, il peut alors exercer une sorte de dictature. Il cherche l’appui du peuple et, par les décrets de Ventôse que fait voter Saint-Just, il tente de réaliser un commencement d’égalité sociale par une redistribution partielle des richesses. Il entend, avec Saint-Just, instituer la démocratie éthique, conforme aux rêves de Rousseau.
    Mais pour Robespierre le ressort de la démocratie « est à la fois la vertu et la terreur ; la vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante… », et il ajoute que la terreur « est moins un principe particulier qu’une conséquence du principe général de la démocratie, appliquée aux plus pressants besoins de la Patrie ».

    Il imposa également ses convictions religieuses par la loi du 7 mai, créant le culte de l'Etre suprême. Dès lors, il parut à beaucoup comme un ambitieux voulant cumuler les pouvoirs civils et religieux.
    La terrible loi du 22 prairial (10 juin 1794), ouvre la période de la « Grande Terreur » : toutes les garanties fondamentales de la justice sont supprimées ; plus d’interrogatoires, plus de témoins, plus de défenseurs : une seule peine, la mort !
    Sentant qu’il ne domine plus les comités, Robespierre cesse de paraître pendant plus d’un mois, du 12 juin au 21 juillet. Ses ennemis du Comité de sûreté générale, pour le rendre odieux, multiplient les exécutions en masse. Contre lui se forme une coalition rassemblant d’anciens terroristes (Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Fouché, Tallien), des dantonistes (Legendre, Fréron), des techniciens comme le grand Carnot, effrayés de voir la Révolution sombrer dans la folie, craignant pour leur propre vie. Son sort est désormais scellé : le 9 thermidor (27 juillet) Robespierre est décrété d’accusation avec son frère Augustin, Saint-Just, Lebas et Couthon.
    Robespierre est emmené prisonnier, mais la Commune  se soulève en sa faveur et le ramène à l’Hôtel de Ville. Mais l’indécision de Robespierre sauve la Convention, qui proclame la mise hors la loi du tyran et de ses complices, débauche plusieurs comités révolutionnaires et trouve une auxiliaire imprévue dans une pluie diluvienne qui disperse les dernières troupes de la Commune. Le 10 thermidor (28 juillet 1794), l’Hôtel de Ville est cerné et envahi par des gardes nationaux sous la conduite de Barras : Robespierre se tire un coup de pistolet qui lui brise la mâchoire. L’après-midi du même jour il est guillotiné avec son frère, Couthon, Saint-Just et dix-sept autres de ses amis.
    Jean Jaurès a pu écrire « Robespierre portait en lui une seule idée : la nation est souveraine ; mais cette idée unique, il la suivait sans défaillance, sans restriction, jusqu’en ses conséquences extrêmes ».

    « A propos de la reine Marie-Antoinette.A propos de la soeur de Robespierre. »

  • Commentaires

    8
    Princess
    Lundi 28 Janvier 2013 à 16:52

    Eh bien, tu parles d'une famille !

    De plus en plus curieux, ces liens entre la famille Robespierre et le jeuen Bonaparte !!! 

    7
    JPL33 Profil de JPL33
    Lundi 28 Janvier 2013 à 14:58
    Augustin-Bon-Joseph Robespierre (21 janvier1763-28 juillet 1794). Avocat à Arras, il avait dû à l’influence de son frère aîné Maximilien d’être élu de Paris à la Convention. Envoyé en mission dans le Midi, il y remarqua Bonaparte, « tant pour son zèle jacobin que pour ses conceptions stratégiques ». Il lui fit donner en 1794 le commandement de l’artillerie de l’armée d’Italie et soutint le jeune officier lorsqu’il affirmait qu’il fallait s’appuyer sur la république de Gênes contre le roi de Sardaigne. Lors d’une dénonciation contre la commission d’artillerie de Marseille, à la suite d’un projet de fortification de l’arsenal qui fut présenté comme « une bastille contre les patriotes », Robespierre jeune évita à Napoléon Bonaparte une comparution devant la Convention. Pensait-il confier à Bonaparte le commandement de la garde nationale de Paris ? Jean Tulard a écrit : « On imagine la tournure prise par le 9 thermidor si Bonaparte avait occupé la place de Hanriot » (François Henriot, commandant la garde nationale de Paris). Ce même 9 thermidor, Augustin Robespierre demanda à partager le sort de son frère et fut guillotiné, déjà mourant car il s’était jeté par une des croisées de la salle du conseil, le 10.
    6
    Princess
    Vendredi 11 Janvier 2013 à 15:24

    J'oubliais : se revendiquer des idées de Rousseau pour en arriver ! Pauvre Jean-Jacques, il a dû se retourner dans sa tombe... 

    5
    LULU.
    Vendredi 11 Janvier 2013 à 11:50

    Moi , je pense qu'on a bien fait d'étèter ce diable d'homme  !!!Que ce serait-il donc passé, s'il avait pu continuer son ouvrage ? 

    4
    Princess
    Vendredi 11 Janvier 2013 à 11:42

    Mais Max Gallo s'est mis à écrire pas mal de livres d'Histoire. Je crois même qu'il a plus ou moins laissé tomber les romans... 

    Je crois que tu as raison, la pureté peut mener au fanatisme. En arriver à faire guillotiner ses propres amis !

    Bonaparte, je le citais comme ça. Ma Maman a toujours dit qu'elle aimait l'époque du Consulat. Quand on bascule dans l'Empire, on bascule aussi dans une forme de fanatisme et de "folie des grandeurs" qui conduira à sa perte.

    Bises.  

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    3
    JPL33 Profil de JPL33
    Vendredi 11 Janvier 2013 à 11:17

    Je ne cherche pas à le rendre sympathique, j'essaie de rester factuel.

    Max Gallo je ne le connais que de nom. Tu sais depuis longtemps que je ne suis pas un "littéraire". Mais il est certain que Robespierre était un ascète, un "pur", la pureté en question pouvant mener à la paranoïa et au fanatisme? Ce peut en être un exemple.

    Effectivement lors du mariage de Camille Desmoulins et Lucile Duplessis les témoins furent Pétion, Sillery, Mercier et Robespierre. C'est Maximilien et Mercier qui tinrent le poêle au-dessus de la tête des mariés. Lucile sera exécutée, elle aussi, huit jours après Camille.

    Quant à Napoléon Bonaparte il réussira à restaurer une certaine paix civile, mais en ayant cependant contre lui les royalistes et les républicains, et en portant la guerre à l'extérieur, dévastant l'Europe, brisant le SERG, l'Espagne, etc.

    2
    Princess
    Vendredi 11 Janvier 2013 à 10:33

    Bonjour JP,

    Très intéressant, comme toujours. Tu arriverais presque à le rendre sympathique... jusqu'à la Terreur. Max Gallo dans sa biographie, insiste beaucoup sur le fait que tout son comportement est dicté par la mort de sa mère. L'absence de femmes dans sa vie, son action politique, etc.

    Moi, j'appelle ça un fou. Ou quelqu'un qui a dérivé vers la folie. Quand tu te mets à exécuter tes propres amis, il y a quelque chose qui cloche. Par exemple, pour Camille Desmoulins, il avait été témoin de son mariage, je crois bien. 

    On ne s'étonne pas après ça que celui qui n'était encore que Bonaparte, et qui parvint à rétablir la paix civile, ait eu autant de succès. Les gens en avaient marre. Tu n'aimais pas ton voisin, tu le dénonçais, et guillotine ! 

    Bises. 

    1
    LULU.
    Jeudi 10 Janvier 2013 à 19:53

    WOUHAOUUUU  LE MEC ..... Le genre un peu secoué le gars  !!!! La terreur pour le bien du peuple  !!!!  Le peuple , quand même que des bargeots les types !!! Plus tu leur en met dans la tronche , plus y sont contents  !!! Z'aiment bien les mecs a poignes .... On pourrait le comparer a Marinne et son papa  !!! NON ?

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