• Maurice de Saxe.

    Tout vient de Dieu et de Maurice de Saxe.

     

     Belle réponse du roi Louis XV au maréchal de Saxe, l’après-midi du 11 mai 1745, à Fontenoy, après la victoire des Français sur le duc de Cumberland. La bataille de Fontenoy est aussi célèbre pour la phrase lancée par Charles Hay « Messieurs des gardes françaises, tirez », qui a donné le fameux mot historique : Messieurs les Français, tirez les premiers. Auquel fut répondu : à vous l’honneur !

     

    Maurice de Saxe commandait les troupes françaises, Louis XV était présent sur les lieux, les engagements durèrent un peu plus de cinq heures et firent des milliers de morts et de blessés dans les deux camps.
    La bataille de Fontenoy est représentée, par un tableau d’Horace Vernet, dans la Galerie des batailles du château de Versailles.

    Pour Maurice de Saxe, maréchal de France depuis le 26 mars 1744, ce n’est qu’une victoire de plus à son actif.
    Qui est ce célèbre homme de guerre ? Un bâtard diront certains, mais de grande naissance. Hermann-Moritz est né le 28 octobre 1696 à Goslar, en Basse-Saxe. Il est le fruit des amours adultérines de l’électeur Frédéric-Auguste de Saxe, roi de Pologne (Auguste II), et de la comtesse Marie-Aurore de Königsmarck. Son père est de la branche albertine des Wettin, qui détient l’électorat de Saxe depuis 1541. On prête à Frédéric-Auguste de nombreux enfants naturels.  Hermann-Maurice, reconnu par son père,  devient « comte de Saxe » en janvier 1711. Il est marié contre son gré, le 12 mars 1714, il n’a que dix-sept ans, à Jeanne-Victoire de Loeben. Ce mariage sera dissout le 26 mars 1721 et Maurice n’aura plus d’alliance légitime mais de nombreuses maîtresses.
    Il fait à douze ans ses premières armes devant Lille contre la France. Il combat ensuite successivement dans les armées de Pierre le Grand (qui soutient Auguste II) contre les Suédois, aux côtés de son père en Poméranie, en Hongrie contre les Turcs, puis à nouveau avec son père durant la guerre civile en Pologne. Il assista en 1717 à la prise de Belgrade, sous les ordres du prince Eugène de Savoie-Carignan, au service des Habsbourg.
    En mai 1720, il arrive à Paris et  est présenté au Régent qui lui propose de passer au service de la France. Le 6 août 1720 il reçoit le brevet de maréchal de camp et achète le régiment de Sparre, qui devient Saxe-Infanterie. Il a pour maîtresse la célèbre actrice Adrienne Lecouvreur. Sa participation brillante à la guerre de succession de Pologne lui vaut d’être nommé lieutenant général en 1734. La guerre de succession d’Autriche lui permet d’appliquer ses idées militaires et lui apporte une gloire incontestée. Durant la campagne de 1745, la victoire de Fontenoy fut suivie des capitulations de Tournai (23 mai), de Gand (14 juillet), de Bruges (18 juillet), de Dendermonde (13 août), d’Ostende (25 août) et enfin de celle de Nieuport le 5 septembre.
    Durant la campagne de 1746 il prit Bruxelles le 20 février et rentra triomphalement à Paris au mois de mars. Il y obtient les honneurs du Louvre et reçoit le château de Chambord. Il bat à nouveau les ennemis alliés à Raucoux le 11 octobre 1746, et le roi lui donne six des pièces d’artillerie prises à l’ennemi.
    Le 12 janvier 1747, il est fait maréchal général des camps et armées du roi, dignité accordée avant lui aux seuls maréchaux de Lesdiguières, de Turenne et de Villars. Il marche ensuite sur la Flandre hollandaise, prend l’Écluse et plusieurs forts, et remporte une nouvelle victoire à Lawfeld.  Promu commandant général des Pays-Bas conquis (1748), il prend encore Limbourg et Maëstricht avant que ne soit signée la paix d’Aix-la-Chapelle.
    Le même jour que le traité d’Aix, le 18 octobre 1748, nait Aurore, fille de Maurice de Saxe et de Marie Rinteau. Aurore, la seule postérité reconnue du maréchal, est la grand-mère de George Sand. 
    Le maréchal de Saxe se retire à Chambord où il rédige ses Mémoires. Le  comte fait installer à Chambord, en 1749, un monumental poêle en faïence de Meissen, splendide œuvre d’art décorée sur chacun de ses panneaux par des scènes de genre rappelant les cadres de la vie quotidienne en Saxe. On peut toujours voir ce calorifère à Chambord.
    Il meurt dans sa demeure de Chambord le 30 novembre 1750.

     

    Son corps est transporté à Strasbourg et inhumé dans l’église Saint-Thomas de cette ville.
    Son mausolée terminé en 1776 est l’une des œuvres les plus célèbres de Pigalle.

    Les campagnes de Maurice de Saxe pour la succession de Courlande, la succession de Pologne, la succession d’Autriche, sont décrites assez exhaustivement dans sa biographie due à Jean-Pierre Bois (Fayard, 1992). Il mena une vie de jouisseur et eût de nombreuses aventures galantes, dont quelques unes mentionnées par Jean-Pierre Bois.

     

    Sa vie est assez atypique pour un maréchal de France. En effet il est étranger, mais ce n’est pas le premier. Les maréchaux Talbot, Van Borsselen, Caraccioli, Strozzi, Trivulce (l’oncle et le neveu) n’étaient pas Français.
    Fait exceptionnel Maurice de Saxe est de confession luthérienne, et il a choisi de servir le roi catholique Louis XV, sans abandonner sa religion. Il fut un grand soldat et porta les armées de la France à la victoire bien souvent. Le Roi le combla d’honneurs.

    L’Histoire généalogique et chronologique, dite du Père Anselme et continuée par Potier de Courcy mentionne :
    Hermann-Maurice, comte de Saxe, duc de Courlande & de Sémigalle, maréchal général des camps & armées du Roi.
    Armes : Burelé de sable & d’or de 10 pièces ; au crancelin de sinople, brochant en bande.
    (Histoire généalogique et chronologique des maréchaux de France, tome neuvième, deuxième partie, pages 606 et 607).

     

     


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  • Varus, rends-moi mes légions !

    Suétone prête cette incantation d’angoisse et de douleur à l’empereur Auguste, au souvenir du désastre de Teutoburg, en l’an 9 après J.-C., où le Germain Arminius put vaincre et massacrer trois légions romaines sous le commandement de Varus. Ce désastre, dit Suétone, « faillit entraîner l’effondrement de l’Empire » et força les Romains à se replier sur la frontière du Rhin. La consternation d’Auguste fut si grande qu’il resta des mois sans se faire tailler les cheveux ni raser la barbe et que souvent il allait cognant de la tête contre les portes, hurlant : « Quintilius Varus, rends-moi mes légions ! », et qu’il prit l’habitude d’observer l’anniversaire de la catastrophe comme jour de deuil et de lamentations.
    Six ans après le désastre, l’armée de Germanicus découvrit les ossements des trois légions et les ensevelit.

    Le général romain Publius Quentilius Varus fut Consul (en 12 avant J.-C.), légat en Syrie (6-4 avant J.-C.), et il continua sous l’Empire la tradition des gouverneurs rapaces de la République, et s’enrichit par des spoliations. En l’an 7 de notre ère, il fut chargé par Auguste d’organiser la Germanie déjà conquise par les Romains sur la rive droite du Rhin. Son administration persécutrice, sa prétention de substituer le droit romain au droit germanique exaspérèrent les populations. Une conspiration se forma sous la conduite d’Arminius. À l’automne de l’an 9, alors qu’ayant quitté les bords de la Weser il marchait en direction de ses quartiers du Rhin, Varus fut surpris au Teutoburger Wald, une région de marais et de bois ; les trois légions, soit 18000 hommes, qu’il avait avec lui furent détruites et lui-même se donna la mort.

    Arminius (Hermann), né vers 18 ou 16 avant J.-C., est un chef germain, de la tribu des Chérusques. Fils de Segimar, il servit d’abord, comme son frère Flavus, dans les auxiliaires germains employés par Rome et fut fait citoyen de rang équestre. Rentré dans son pays en l’an 7 après J.-C., il exploita la confiance aveugle que lui témoignait le gouverneur romain Varus pour former en secret une vaste coalition comprenant les Chérusques, les Bructères, les Marses et diverses tribus germaniques septentrionales. Il surprit avec son armée les légionnaires romains entre l’Ems et la Weser, au Teutoburger Wald, près de la ville actuelle de Detmold.
    Il lutta ensuite entre 14 et 16 contre Germanicus, mais sa femme, Thusnelda, fut emmenée captive à Rome, où elle donna naissance à un fils, et tous deux ornèrent le triomphe de Germanicus.
    Il battit ensuite le roi des Marcomans, Marbode, allié des Romains, mais périt peu après, empoisonné par des conspirateurs. Sa mort est située entre les années 19 et 21.

    Salué par Tacite du titre de « libérateur de la Germanie », Arminius est resté vénéré en Allemagne comme un héros national. Un monument lui a été élevé près de Detmold en 1875.

    Germanicus, en l’an 16, vit naître sa fille Agrippine à Ara Ubiorum. La ville prendra le nom de Colonia Agrippinensis, Cologne.
    Germanicus est mort le 10 octobre 19 près d’Antioche.

    Les biographies de Varus et d’Arminius, dont je me suis largement inspiré, sont celles de la « Biographie universelle ancienne et moderne » sous la direction de Louis-Gabriel Michaud.
    Le Suisse Philipp Albert Stapfer est l’auteur de la biographie d’Arminius, dans le tome 2, pages 236 à 239 ; et Pierre Charles Weiss est le rédacteur de celle de Varus, dans le tome 42, pages 665 à 666.


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