• Du Guesclin était campé près de Cocherel, sur la gauche de l'Eure, et il manquait de vivres.
    Le captal lui envoya un héraut pour lui offrir du vin et des provisions de bouche. « Gentil héraut, répondit l'intrépide Breton, vous savez très bien prescher ; aussi pour votre discours je vous donne un coursier de cent florins. Mais dites au captal que je veux combattre, et que s'il ne vient pas à moi, je marcherai à lui. Avant la fin du jour, je mangerai un quartier du captal. » Par ces derniers mots, du Guesclin voulait faire entendre qu'il ferait le captal prisonnier, et qu'il aurait le quart de la valeur de ses biens pour sa rançon. II lui envoya donc un héraut pour lui proposer de descendre dans la plaine et d'accepter la bataille ; mais voyant ce héraut revenir sans réponse, il s'avise d'un stratagème, fait sonner la retraite et feint de décamper. Les Navarrais veulent soudain s'élancer à la poursuite des Français. Vainement le captal cherche à les retenir en s'écriant : « Je" n'ai pas ouï dire que du Guesclin ait jamais daigné décamper ; c'est une ruse de guerre. »
    Sa voix se perd dans le tumulte, et lui-même est entraîné avec les siens. Aussitôt que Du Guesclin les voit dans la plaine : « J'espère, dit-il, donner le captal au roi, pour étrenne de sa noble royauté, » II arrête et change le mouvement de sa troupe : « Pour Dieu, amis, s'écrie- t-il, souvenez-vous que nous avons un nouveau roi de France (Charles V, qui fut couronné trois jours après cette bataille] ; que sa couronne soit aujourd'hui étrennée par vous ! » Les deux
    armées font des prodiges ; la victoire est longtemps disputée. Mais trente chevaliers gascons, qui ont formé le hardi projet d'enlever le captal, marchent étroitement serrés les uns contre les autres, pénètrent dans le bataillon où combat ce guerrier, ne cherchent que lui, le joignent, l'enlèvent malgré tous les efforts faits pour le délivrer, et les Navarrais sont vaincus. Le captal fut confié à la garde de Roland Bodin, simple écuyer, qui le remit à Charles V ; et ce prince
    l'envoya au marché de Meaux, pour y demeurer prisonnier sur sa parole.


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  • LE CAPTAL DE BUCH

    Jean III de Grailly, connu sous le nom de Captal de Buch, est né vers 1331 et décédé le 7 septembre 1376 dans sa prison du Temple à Paris, et quasiment contemporain du Prince Noir.


    Il est le fils de Jean II de Grailly et de Blanche de Foix-Béarn, et donc cousin de Gaston Fébus.
    Il fut célébré par Froissart comme un modèle des vertus de chevalerie. A l’exemple de ses ancêtres, il servit fidèlement les Plantagenêts, et particulièrement le Prince Noir qui avait sensiblement le même âge que lui, durant la guerre de Cent Ans.
    Comte de Bigorre par donation du roi Edouard III, il hérita de toutes les possessions de son père à la mort de son frère Gaston de Grailly en 1362.
    Ses titres étaient vicomte de Bénauges et Castillon, captal de Buch, seigneur de Puy-Paulin (dans Bordeaux), Castelnau, Langon, Latresne, Cadillac, Pommiers, Podensac, Grailly et Rolle (en Savoie), Meille (en Espagne) etc. Il fut fait en outre chevalier de l’ordre de la Jarretière. Lieutenant du Prince Noir, il fut, avec Chandos, le principal artisan de la victoire anglaise de Poitiers en 1356. C’est en effet lui qui captura le roi Jean II le Bon.
    L’année suivante il participa avec son cousin Gaston Fébus à une croisade en Prusse orientale.
    Au retour il participe à l’écrasement d’une Jacquerie à Meaux (1358).
    En 1363 il commandait les Navarrais du roi Charles le Mauvais en Normandie mais il fut vaincu et fait prisonnier en 1364 par Du Guesclin à Cocherel.
    Le roi Charles V, qui voulait retenir ce vaillant capitaine à son service, lui donna la seigneurie de Nemours.
    En 1365 le Captal assista, pour le roi de Navarre, au traité de paix qui fut signé à Saint-Denis.
    Jean III combattit aussi en Castille  dans la guerre qui opposa pour le trône Pierre le Cruel à Henri de Trastamare.
    En 1371, revenu en Aquitaine, il fit de nouveau allégeance à la Couronne anglaise et le roi Edouard III le nomma connétable d’Aquitaine. Il renvoya la donation de la seigneurie de Nemours au roi de France. Repris par les Français en 1372 à Soubise, refusant obstinément de servir Charles V, Il mourut enfermé au Temple. En effet Charles V voulait le libérer contre la promesse de ne plus porter les armes contre la France, ce qu’il refusa toujours.
    Il avait épousé en 1350 Rose d’Albret, fille de Bernard Ez V et de Mathe d’Armagnac, dont il n’eut pas de postérité.
    Son oncle Archambaud de Grailly recueillit son héritage. Archambaud, marié à Isabelle de Foix vers 1360, devint comte de Foix et seigneur souverain de Béarn en 1398.
    Le captalat de Buch est mentionné dès le XIIIe siècle. Ce titre – captalat – est unique en France et rare : on ne connaît qu’un autre titre de captal à l’époque de Charles V, celui de Trente. Le pays de Buch appartenait anciennement à la famille « de Bordeaux » et le titre de captal semble avoir été créé pour  elle et/ou par elle. Les Grailly l’acquirent par mariage avec la dernière héritière, Assalide de Bordeaux, au début du XIVe siècle.
    Le captalat de Buch englobait tout le pourtour du Bassin d’Arcachon appelé à l’époque mer d’Ignac ou mer de Buch. Cette seigneurie féodale ne disparut qu’en 1791. Il y eut donc une suite ininterrompue de « captaux » de Buch pendant des siècles mais le plus célèbre, et connu sous ce nom, fut bien Jean III de Grailly.

    Ceci n’est qu’un résumé bien sûr.


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